"Les Innocentes" : les bénédictines polonaises crient à la manipulation
"Les religieuses portent dans le film des habits ressemblant à ceux des bénédictines cloitrées", relèvent la mère Weronika Sowulewska, présidente de la Conférence des ordres religieux féminins contemplatifs et la porte-parole de la Conférence des supérieures des ordres religieux féminins, la soeur Jolanta Olech, dans un communiqué sur "la manipulation dans le film 'Les Innocentes'".
"Il n'existe pas de documents historiques ou de souvenirs rapportés selon lesquels les bénédictines cloitrées en Pologne auraient vécu la tragédie évoquée dans le film", écrivent-elles.
Réagissant à ce communiqué, la réalisatrice Anne Fontaine a déclaré que son "film n'était en aucun cas un documentaire historique qui fait référence à quelque congrégation religieuse que ce soit, mais une fiction inspirée par des faits historiques". Cependant, ajoute la réalisatrice française, venue à Varsovie pour la présentation de son film, selon certains historiens, les viols "n'ont pas épargné les bénédictines".
Accueil favorable du clergé
En France, où le film a fait 500.000 entrées en à peine quatre semaines, les sœurs bénédictines et des représentants de l'Eglise catholique lui ont réservé un accueil très favorable, a-t-elle souligné. Au Vatican, où il a été montré, "Les Innocentes" a été "qualifié de film important pour l'Eglise parce que thérapeutique", a ajouté Mme Fontaine. "Mais je comprends que la sensibilité en Pologne peut être différente", a-t-elle ajouté.Le communiqué des supérieures polonaises laisse entendre que des agressions de ce genre, touchant tant des religieuses que des laïques, avaient été subies notamment par les soeurs de couvents silésiens de la congrégation de Sainte Elisabeth, "assassinées bestialement par des soldats de l'Armée Rouge". "Pour dix d'entre elles, le procès de béatification est en cours", indique le communiqué. "Bien entendu, celles qui ont subi un tel sort étaient beaucoup plus nombreuses", a précisé la soeur Olech à l'AFP.
Le film d'Anne Fontaine, coproduction franco-polonaise, est tiré de faits réels et traite du dilemme des religieuses enceintes après avoir été violées, un sujet resté tabou pendant des décennies.
Reconnaissant ne l'avoir pas vu, soeur Olech s'interroge aussi sur l'image négative de la mère supérieure qui prive une de ses subordonnées de son enfant. "On ne connaît pas un tel cas, mais si c'était vrai il faudrait le dire", commente-t-elle, avant de regretter que les religieuses historiennes polonaises n'aient pas étudié les crimes ayant frappé leurs consoeurs. "Nous l'avons raté et maintenant il est trop tard, il n'y a plus de témoins".
Le film, lancé il y a un mois en France et montré pour la première fois en Pologne à des invités mardi soir, sortira vendredi dans les salles.
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