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Suspense autour du sort de 32 films français menacés

La faillite de six sociétés de post-production compromet les sorties, prévues en 2012, de plusieurs longs métrages. Parmi eux, le dernier "Astérix", "La Vérité si je mens 3 "  et "La vie d'une autre", avec Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz. 

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les acteurs Gérard Depardieu et Edouard Baer incarnent respectivement Obélix et Astérix sur le tournage du film "Astérix au service de sa Majesté", dont la sortie est prévue à l'automne 2012. (WILD BUNCH PRODUCTION)

Le dernier opus de Jean Dujardin, le troisième volet de La Vérité si je mens ou encore Juliette Binoche qui donne la réplique à Mathieu Kassovitz : l'agenda cinéma est déjà bien rempli pour l'année 2012. Il pourrait pourtant se vider. Les sorties sur grand écran d'une trentaine de films français sont en effet menacées par la faillite de six sociétés de post-production. Elles appartiennent au groupe Quinta Industries, placé en liquidation judiciaire jeudi 15 décembre. Problème : la décision de justice est  intervenue avant que l'ensemble des travaux en cours aient été sauvegardés. FTVi fait le point sur la situation de ces films en danger.

• Quels sont les films concernés ?

La Vérité si je mens 3, Les Infidèles, le film de Jean Dujardin et Gilles Lellouche, Holly Motors, le prochain Leos Carax, Thérèse Desqueyroux de Claude Miller, La Vie d'une autre avec Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz, ou encore Sport de Filles de Patricia Mazuy avec Josiane Balasko, Marina Hands et Bruno Ganz, dont la sortie est prévue le 25 janvier, font partie des 32 œuvres en péril, selon la Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia (Ficam). De nombreux films à plus petit budget, donc plus fragiles, figurent aussi sur la liste.

Astérix au service de sa Majesté (4e opus de la série) était aussi concerné. Mais lundi 19 décembre, les producteurs du film, Marc Missonnier et Olivier Delbosc, ont finalement assuré avoir "les moyens de faire face" aux difficultés techniques. "Nous examinons à l'heure actuelle les différentes solutions qui s'offrent à nous, dont la reprise de l'ensemble des effets spéciaux par des sociétés tierces. Cette reprise va s'accompagner de surcoûts importants (...) mais qui sont gérables dans le cadre d'une production comme Astérix", ont-ils précisé.

• Qu'est-ce qui empêcherait leur sortie ?

La réalisation de ces films est stoppée à divers stades de leur finalisation : pour certains, il manque seulement les effets spéciaux, pour d'autres le montage n'est pas terminé, et quelques tournages n'ont pas encore été dérushés. Tous ces fichiers se trouvent dans les ordinateurs des sociétés de post-production.

"Les entreprises étant mises en liquidation, il va de soi que les créanciers vont récupérer l'ensemble des éléments", a expliqué mardi 20 décembre le président de la Ficam, Thierry de Segonzac, à France 2. "Toutes saisies et déplacements des serveurs informatiques entraîneraient la perte irrévocable des éléments", avait-il précisé la veille dans une lettre au président de la République. Autrement dit, les images stockées dans les disques durs seront perdues.

"On a quelques petites semaines pour procéder aux sauvegardes de tous ces films et pouvoir orienter l'ensemble de ces sauvegardes vers d'autres prestataires techniques qui seront en mesure de prendre le relais", a ajouté Thierry de Segonzac à France 2.

Thierry de Segonzac, président de la Fédération des industries du cinéma (Marie-Hélène Bonnot et Benjamin Poulain, France 2)

La sortie des films peut aussi être compromise par la grève des 115 salariés du laboratoire cinématographique LTC, filiale à 100 % de Quinta Industries. Ils protestent contre la fermeture de leur société et empêchent la livraison de copies des films dans les cinémas. C'est ce qui s'est passé pour le dernier film de Martin Scorsese, Hugo Cabret. Le distributeur avait finalement déployé des mesures alternatives pour que le film sorte normalement. 

• Quelles sont les solutions ?

D'abord l'arrêt du mouvement social. Selon Le Point.fr, le conflit a trouvé une issue et les salariés ont négocié des indemnités. "Les 115 salariés ont accepté de débloquer les négatifs à la suite d'un accord avec l'actionnaire des laboratoires, Tarak Ben Ammar. (...) 'Ils seront traités par les laboratoires Eclair,' assure l'homme d'affaires, qui possède, du reste, 43 % d'Eclair, désormais le seul laboratoire de la place", indique le site internet de l'hebdomadaire. Toutefois, des banderoles de protestation se trouvaient toujours à l'entrée du laboratoire mardi matin.

Effective ou pas, la fin de la grève ne signifie pas pour autant que les films sortiront. Il faut qu'au moins une des deux conditions suivantes soit réunie :

L'arrivée d'un repreneur. Le tribunal de commerce de Nanterre devait examiner une offre de reprise de Film Funds, une société californienne mardi, d'après Europe 1. "L’offre de reprise 'portera sur la bonne fin des travaux qui sont en cours'", indique la société américaine.

L'élaboration d'un plan détaillé. C'est ce qu'a suggéré la Ficam lundi. Ce plan d'action contient trois grandes solutions au problème. Il propose notamment d'accompagner les producteurs des films dont la sortie est menacée, de créer un comité d'experts pour le suivi de cet accompagnement et d'instaurer un fonds de soutien avec le Centre national du cinéma (CNC). Celui-ci a convoqué "toutes les parties concernées" à une réunion qui se tiendra jeudi pour mettre en place les mesures nécessaires et assurer la sortie des 32 films en péril.

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