Le public au rendez-vous de "Malgré-elles", hier soir sur France 3
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Une histoire méconnue
Si on connaît l'histoire des "Malgré-nous", ces 130 000 Alsaciens ou Mosellans incorporés de force dans la Wermarcht, on est en revanche beaucoup plus discret sur le sort de plus de 10 000 femmes des mêmes régions, âgées de 17 à 20 ans qui, de 1942 à 1945, furent envoyées en Allemagne pour remplacer les hommes à l'usine, dans les champs ou dans la défense antiaérienne. Payées une misère, vivant dans des conditions parfois très dures et soumises à un endoctrinement féroce, elles n'ont jamais pu parler de leur souffrance qui après la guerre, semblait tellement moindre que celle des survivants des camps ou celle des hommes partis se battre sur le front.
Nina Barbier, fille d'une"Malgré-elle"
C'est en fouillant dans les affaires de sa famille que Nina Barbier a découvert une photo de sa mère, Cécile, en uniforme, devant le drapeau nazi. Elle avait été enrôlée en 1943 pour partir en Bavière. Un choc que la scénariste a surmonté en cherchant à connaître l'histoire des "Malgré-elles", injustement oubliées. Suivront un livre éponyme et un documentaire en 2001.
Le téléfilm de Denis Malleval s'inspire directement de ce travail, même s'il prend quelques libertés avec la réalité historique. Il est aussi romancé, avec une histoire d'amour entre une des deux jeunes Alsaciennes et un officier Allemand marqué par la guerre. Le casting réunit Flore Buanaventura (Alice), Louise Herrero (Lisette) et Macha Méril, qui incarne une Lisette âgée, narratrice de cette histoire. Quant à Denis Malleval, il etst l'auteur de nombreux téléfilms autour de sujets historiques, comme "Le Lien" (2007) qui se déroulait durant la Seconde Guerre mondiale.
Une reconnaissance tardive
Il faut souligner que ce téléfilm arrive quatre ans après que les "Malgré-Elles" aient été reconnues et indemnisées. Pendant des décennies, elles ont vécu dans l'oubli et le déni. En 1981, 260 millions de marks ont été versés en guise de dédommagement aux incorporés de force d'Alsace et Moselle qui ont refusé de partager cette somme avec les femmes concernées, mettant en avant le fait que travailler dans un champ de betteraves et combattre au front n'était pas comparable. En 2008, après des années de polémique, les 5800 survivantes de cette époque ont reçu 800 euros d'indemnisation contre 1387 pour les hommes. Une reconnaissance tardive, partielle. Il fallait bien un documentaire, un livre et un téléfilm pour sur le destin de ces Malgré-elles pour combler enfin ces années de silence.
"Les Malgré-elles" de Nina Barbier aux Editions La Nuée Bleue, 2001, 112 pages, 22 euros
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