Le prix Lumière 2013 : Emotion et sincérité autour de Tarantino
Reportage : J. Sauvadon; L. Crozat; L. Cortial Cette famille, elle se composait ce soir, autour de lui de ses comédiens : Uma Thurman venue tout spécialement à Lyon quelques heures pour l'évènement, Harvey Keitel qui en profitait pour revoir son vieil ami Bertrand Tavernier, Tim Roth qui présentait au festival son film "The War Zone", Mélanie Laurent pour sa première sortie publique après son accouchement il y a trois semaines. Etaient aussi au plus près de Mr T, ses deux producteurs, Harvey Wenstein et Lawrence Bender. La famille comptait ce soir deux autres membres : Bertrand Tavernier lui-même, le passionnant président de l'Institut Lumière "Mon frère d'une autre mère" précisera Tarantino, et enfin le maître de cérémonie, Thierry Frémeaux, organisateur du festival Lumière et programmateur de celui de Cannes, Monsieur Cinéma aujourd'hui en France. La remise du prix Lumière 2013 à Quentin Tarantino a été à Lyon l'occasion d'un miracle : malgré la présence de trois mille personnes, du ministre de la Culture, des responsables politiques, on a eu l'impression de vivre un évènement privé, au cours duquel on ne cachait pas l'émotion de se trouver là, entre soi, pour fêter un membre de la famille. Chacun a dit ce qu'il pensait de son ami Quentin. Et personne n'a donné l'impression d'inventer, ou de trouver des mots de circonstance. Harvey Keitel, M. White de "Reservoir Dogs" a pris le temps de dire combien comptent pour lui les deux réalisateurs présents avec qui il a tourné, Bertrand Tavernier si ému que les larmes ont coulé, et Quentin Tarantino. Auparavant, Tim Roth alias Mr Orange, avait lui aussi dit ce que représente à ses yeux sa relation avec Quentin Tarantino. Un moment de retenue et de rire aussi, une autre tranche de vie, par celui qui a passé tout le tournage de "Reservoir Dogs" dans une mare de sang. Les deux producteurs de Quentin Tarantino, Lawrence Bender et Harvey Weinstein se sont succédés pour expliquer comment Quentin Tarantino a changé leur vie. Et même avec ces deux hommes, il n'a jamais été question ce soir des millions nécessaires au tournage d'un film, il n'y avait que le cinéma, cette magie à nulle autre pareille dont Tarantino est en ces années 10 du XXIe siècle le roi incontesté. Mélanie Laurent, l'héroïne de "Inglorious Basterds" n'a pas évoqué de souvenirs, elle n'a pas confié d'anecdotes, elle a chanté. En duo avec la chanteuse et guitariste Irma, elle a repris "Bang Bang", tirée de la bande originale de "Kill Bill". Une très belle interprétaiton qui mériterait d'être rendue publique. Uma Thurman, torride et distante, est venue dire le respect et l'attachement qu'elle porte à un cinéaste qui l'a fait tourner trois fois : dans "Pulp Fiction", "Kill Bill I et II". Elle aussi a su trouver des mots pour illustrer sa gratitude à celui qui recevait ce soir selon elle "le Nobel du cinéma"... Rappelant au passage en clin d'oeil à la violence "tarantinienne" qu'Alfred Nobel est aussi l'inventeur de la dynamite. Un discours qui se terminait sur un mot : Amour. Et comme c'est désormais la tradition au festival Lumière, le président de l'Institut, le cinéaste Bertrand Tavernier est venu, avec beaucoup de chaleur, d'humour et d'humilité dire à cet Américain de cinquante ans, lui qui en a soixante-douze, qu'il n'avait qu'un avantage sur lui, celui d'avoir pu rencontrer en 1962 un cinéaste que les deux réalisateurs admirent et que personne ne connaissait dans la salle !
C'est donc Uma Thurman qui a remis à Quentin Tarantino le trophée qui lui revient cette année. Il vient récompenser la carrière du cinéaste prodige. Trop tôt ? Sans doute pas, a précisé Thierry Frémaux : forte de sept longs métrages, la filmographie de Quentin Tarentino ne s'enrichira plus beaucoup. Encore trois ou quatre films, dit le cinéaste philosophe qui refuse de faire le film de trop.
Ce grand bonhomme est humble, sans affectation, sa proximité toute la semaine avec le public et son assiduité aux projections ont démontré qu'il est bien ce qu'il paraît. Et en guise de remerciement pour la distinction qui lui est faite, il a simplement dit : " Je prends cela comme un encouragement à faire mieux".
Le festival Lumière n'est pas terminé, il continue dans toutes les salles du Grand Lyon et à l'Institut Lumière jusqu'à dimanche 20 octobre.
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