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Le machisme de la rue filmé en caméra cachée

Une étudiante belge a réalisé son film de fin d'études sur les insultes sexistes qui lui sont adressées quotidiennement dans son quartier de Bruxelles. 

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Excédée d'être insultée par des passants, Sofie Peeters a réalisé un film en caméra cachée à Bruxelles (Begique)pour dénoncer le sexisme au quotidien. (IAN SANDERSON / TAXI / GETTY IMAGES)

"Chienne", "salope" : alors qu'elle vient de s'installer dans le quartier populaire d'Anneessens à Bruxelles (Belgique), Sofie Peeters remarque avec stupeur que des passants l'insultent au quotidien. L'étudiante s'est d'abord interrogée sur sa tenue, puis a très vite compris qu'elle n'était pas la seule à subir ce harcèlement.  

Elle a donc décidé de réaliser un film, en caméra cachée, pour dénoncer le sexisme dont elle est victime. Dans Femme de la rue, elle marche dans la capitale belge, essuyant régulièrement des "si tu donnes envie, c'est normal, non ?"  ou  "belles petites fe-fesses". Le documentaire, diffusé récemment sur la chaîne flamande Canvas, fera le tour des festivals de cinéma cet été, rapporte la RTBF.

Un début de polémique

En Belgique, la diffusion du film n'est pas passée inaperçue. Elle a d'abord provoqué un large débat sur le harcèlement. La ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, s'est fendue d'une déclaration, expliquant qu'elle "déposera, comme déjà annoncé, à la rentrée parlementaire, un projet de loi dans le but de définir légalement le concept de sexisme et, surtout, de défendre les victimes", selon l'hebdomadaire belge Le Vif.

La police a annoncé que les auteurs de harcèlement écoperaient d'une amende administrative de 250 euros, affirme L'Express.be. La porte-parole de la police, Ilse Van der Keeren, a invité les femmes victimes de harcèlement sexuel et d’insultes à porter plainte.

Un film qui stigmatise les étrangers ?

Mais, selon certains, le débat s'est teinté de racisme. L'Express.be écrit que "la jeune femme explique que dans la plupart des cas, c'étaient des gens allochtones et que cette tendance n'est pas représentative de Bruxelles mais plutôt des quartiers les plus pauvres où les hommes machos sont plus nombreux. Pour Sofie Peeters, c’est aux sociologues qu'il revient de trouver une solution, dénoncer la situation est déjà une première étape."

Du coup, les écologistes belges, qui avaient déjà déposé une proposition de loi tendant à réprimer certains actes inspirés par le sexisme, selon Le Vif, ont tenu à souligner que le sexisme "est loin d'être l'apanage du 'garçon arabe'" et regretté "les raccourcis de certains, prompts à culturaliser ce comportement". Ils ont cité les récents sifflets à l'Assemblée nationale lors d'une intervention de Cécile Duflot.

Le blog du Monde.fr Big Browser relève que sur la VRT, une chaîne flamande, la réalisatrice a répondu à ces critiques : "C'était l'une de mes grandes craintes, comment traiter cette thématique sans tourner un film raciste ? Car c'est une réalité : quand on se promène à Bruxelles, neuf fois sur dix, ces insultes sont proférées par un allochtone." Elle souligne toutefois que les personnes sexistes ne sont "pas représentatives de toute la communauté".

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