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Le festival de Cannes vu par un membre du Jury Révélation : Où va la critique de film ?

Rencontre avec la ministre de la Culture Française, Aurélie Filippeti, autour de la situation de la critique en France en compagnie de Thiago Stivaletti, Mia Hansen-Løve et Charles Tesson.
Article rédigé par franceinfo - Simon Pellegry
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Aurélie Filippetti et Simon Pellegry (au centre)
 (DR)

Que reste-t-il de la critique en France ou bien de la critique française ? À l’heure d’internet et de la vélocité des échanges digitaux, nous reste-t-il le temps de penser les films ?

Thiago Stivalitti rappelle chez les journalistes cette absurde course effrénée dont la seule finalité consiste à être le premier. Premier à avoir vu, premier à avoir écrit sur, premier à faire... À force de comptabiliser les premières fois, on en oublie les dernières voies.

La presse française est en situation de crise mais ne se remet pas toujours en cause, ou, plutôt elle ne se remet, toujours, pas en cause. La qualité d’une critique ce devrait être avant tout d’être un bon texte, de donner manière à penser ou bien matière à faire. Elle doit exprimer un rapport fort au cinéma mais aussi être capable de mettre en relation des éléments disparates.

La critique est-elle une autoroute, une route de campagne ou une voie de garage ? Qui lit encore les critiques ou s’intéresse aux courants cinématographiques telle qu’une cinéphilie avancée essaye de les théoriser ? Aurélie Filippeti nous interroge sur la possibilité que ce ne soit qu’une question d’initiés partagée par une poignée de passionnés.

Le critique n’est pas un prêcheur, il ou elle ne détient pas la bonne parole ; la seule pensée détenue et partagée pour le peuple. Simple maitre d’école qui distribuerait bon point ou mauvais point aux films comme une évaluation dénuée de sens ou une sanction arbitraire. Charles Tesson aime à rappeler qu’il écrit une critique comme il aimerait parler aux cinéastes.

Au mieux le critique ne peut-il être qu’un passeur, une passerelle, une plume sous qui l’honnêteté du gout rivalise avec la capacité de comprendre et penser en mot des émotions et des récits mis en son en images. La mise en scène ne doit pas être instrumentalisée ou réduite à des artifices d'écriture mais comprises et mises en relation par le critique.

L’horizon indépassable de la génération des critiques de la nouvelle vague devenues cinéastes marque encore une fois de son sceau inaliénable l’impossibilité d’une jeune critique à se déployer librement de toute référence. 

 
Simon Pellegry est Membre du Jury Révélation France 4. Il est notamment l'auteur de "Ne pas déranger, nous sommes en séance". Il collabore à Spectres du Cinéma. On peut aussi le retrouver sur son blog Siperabe.

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