L'exploitant britannique Cineworld, deuxième chaîne de cinémas au monde, au bord de la faillite
Avec une lourde dette, l'exploitant jugé trop gourmand dans ses investissements et qui ne s'est toujours pas totalement remis de la crise du Covid, envisage un "placement volontaire en dépôt de bilan".
La chaîne de cinémas britannique Cineworld a confirmé qu'elle envisageait un dépôt de bilan parmi plusieurs "options stratégiques" possibles pour "trouver de nouvelles liquidités et potentiellement restructurer son bilan" face à une crise des salles obscures.
Pas "d'impact significatif" sur les employés
Tout en précisant que les salles "Cineworld et Regal dans le monde fonctionnent normalement", la deuxième chaîne de cinémas au monde après l'américain AMC note lundi 22 août dans un communiqué que "les options stratégiques" envisagées "comprennent le placement volontaire en dépôt de bilan" aux États-Unis et des procédures "associées" dans d'autres juridictions.
Cineworld ajoute être en "discussions avec beaucoup de parties prenantes y compris ses créanciers de dette garantie". Un dépôt de bilan "permettrait au groupe d'accéder à des liquidités de court-terme et soutiendrait la mise en place ordonnée d'un allègement de dette", ajoute le communiqué. D'après la chaîne, elle maintiendrait ses opérations lors d'une telle éventualité, qui n'aurait "pas d'impact significatif sur les employés". En revanche, cela se traduirait par une "dilution très importante des investissements en actions dans Cineworld".
Montagne de dettes
Plus que d'un "déclin du cinéma", "les problèmes de Cineworld viennent d'une stratégie de croissance trop agressive qui s'est appuyée sur des montagnes de dette pour payer l'achat de la chaine américaine Regal", juge Russ Mould, analyste au sein de la société d'investissement AJ Bell. Le groupe gère plus de 9 000 écrans sur 751 sites dans 10 pays, notamment sous les marques Cineworld et Picturehouse au Royaume-Uni et en Irlande ou encore Regal Cinemas aux États-Unis.
La semaine dernière, le groupe avait déploré une reprise de la demande plus lente que prévue depuis la réouverture des salles post-confinement, ce que Cineworld attribue à un manque de "blockbusters", des films à grosses entrées. La chaîne de cinémas avait divisé par cinq l'an dernier sa perte massive de 2,7 milliards de dollars enregistrée en 2020, au plus fort de la pandémie, quand il avait dû fermer toutes ses salles.
Fin 2021, il avait vu son activité se redresser notamment grâce au succès de Spider-Man, sans revenir aux niveaux pré-Covid. Mais la dette du groupe a enflé. En 2018, Cineworld a racheté la chaine américaine Regal Entertainment pour quelque 5,8 milliards de dollars (4,9 milliards d'euros). Dès l’année suivante et malgré une dette déjà importante, le groupe avait tenté de mettre la main sur la chaine canadienne Cineplex. Mais la fusion est ensuite tombée à l'eau et le groupe s'est vu infliger une lourde amende par un tribunal canadien qui lui a ordonné de payer près d’1,3 milliard de dollars canadiens (environ 1,7 milliard d'euros) de dommages et intérêts. Cineworld a fait appel.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.