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"La quatrième voie": un Indien en quête de tranquillité dans un pays troublé

Le film de Gurvinder Singh, présenté dans la sélection Un certain regard à Cannes en 2015, revient sur les troubles en Inde dans les années 80 avec la montée du mouvement militant Sikh sous la présidence d'Indira Gandhi. Mais le réalisateur prend à contre-pied les spectateurs en délivrant un film intimiste avec un père de famille reclus dans la campagne dans un quotidien un peu morne.
Article rédigé par franceinfo
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  (Epicentre Films)

Le cinéma de Gurvinder Singh, est un cinéma d'ambiance où il n'est pas nécessaire pour le spectateur de savoir à quelle époque il se trouve, du moment qu'il s'imprègne de l'atmosphère paranoïaque, de peur et de tension qui règne dans l'Inde des années 80 suite au conflit entre les communautés hindoues et sikhs. Le gouvernement d'Indira Gandhi refuse catégoriquement que les Sikhs, qui représentent moins de 2% de la population indienne, deviennent une communauté souveraine et indépendante. Mais pas question d'expliquer le contexte politique de cette histoire. Le réalisateur veut montrer comment ce conflit est vécu par une personne lambda : Joginder, un agriculteur qui vit avec femme, enfants, parents et cousins dans la campagne, loin de la ville.


Il en découle un film intimiste où Gurvinder Singh suit, comme dans un documentaire, le lent quotidien d'un homme ordinaire. Il se lève le matin, travaille dans son champ, se balade avec son chien, mange avec sa famille et écoute la radio, seul écho d'une période trouble dans son pays. Le jeu minimaliste des acteurs, pour beaucoup des non-professionnels choisis pour donner une touche d'authenticité, ne permet pas au spectateur de créer un lien avec les personnages. Ils parlent peu, tout se joue dans les longs silences et les non-dits et seul l'acteur principal, Joginder interprété par Suvinder Vikky, arrive à sortir son épingle du jeu.

Un homme ordinaire tiraillé entre la violence des militaires et des militants

Un des thèmes fort du film repose sur le choix de vie que la famille décide de prendre et comment à certains moments elle est obligée de se livrer à certains actes contre leur gré. Le père de famille va très vite se retrouver pris à partie par les militaires et les militants séparatistes Sikhs. La colère qui monte en Joginder est un des rares moments où le spectateur va éprouver de l'empathie. Mais cela ne dure qu'un court instant et très vite le film replonge dans son mutisme et perd à nouveau le spectateur.
  (Epicentre Films)

La mise en scène est l'un des points positif du film, les scènes villageoises sont des tableaux vivants. Le réalisateur Indien donne l'impression de tourner à la fois un documentaire et une pièce de théâtre. Telle une troupe sur scène, les acteurs sont disséminés aux quatre coins de l'écran, chacun à son rôle, tour à tour ils sont mis en valeur par un léger faisceau lumineux. Au contraire lorsque les personnages sortent de leur maison, le réalisateur prend plaisir à faire découvrir son pays à travers de vastes paysages, et une nature préservée malgré les troubles qui secouent le pays. C'est beau, mais on reste toujours à distance. On aurait aimé être davantage plongé dans cette période agitée de l'histoire indienne qui mènera à la mort d'Indira Gandhi, assassinée par ses deux gardes du corps sikhs, le 31 octobre 1984.

  (Kaléo Films)

LA FICHE

Drame de Gurvinder Singh (Inde) - Avec : Suvinder Vikky, Rajbir Kaur et Gurpreet Kaur Bhangu - Durée : 1h55 - Sortie : 8 juin 2016
Synopsis : 1984, Pendjab, Inde : le mouvement militant séparatiste Sikh fait rage. Deux amis Hindous tentent à tout prix d’atteindre Amritsar. Désespérés, ils montent de force dans un train vide en direction de la ville. Sur le chemin, l’un d’eux se remémore une nuit où ayant perdu son chemin en se rendant au village de sa femme, il rencontre une famille Sikh qui l’aida à retrouver sa route.

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