L'actrice Emmanuelle Riva, César de la meilleure actrice pour son rôle dans "Amour", est morte à l'âge de 89 ans
La comédienne est connue notamment pour ses rôles dans "Hiroshima mon amour", d'Alain Resnais, et "Amour", de Michael Haneke, pour lequel elle avait reçu un César en 2013.
Une voix inoubliable s'est tue : l'actrice française Emmanuelle Riva, célèbre pour ses rôles dans Hiroshima mon amour d'Alain Resnais et Amour de Michael Haneke, s'est éteinte vendredi 27 janvier à l'âge de 89 ans après un long combat contre le cancer. La comédienne est morte à Paris "des suites d'une longue maladie", indique samedi son entourage, confirmant une information du Monde.
"Jusqu'au bout, elle a été active", a dit à l'AFP son agent, Anne Alvares Correa. L'automne dernier, l'actrice avait ainsi donné une lecture à la Villa Médicis à Rome. Emmanuelle Riva avait aussi tourné assez récemment dans un film, Paris pieds nus, de Dominique Abel et Fiona Gordon, qui doit sortir en mars sur les écrans. Elle avait aussi participé à un film islandais qui n'est pas encore sorti.
"Emmanuelle Riva a profondément marqué le cinéma français, qu'il s'agisse, avec Hiroshima mon amour (...) d'invoquer une mémoire blessée ou, avec Amour (...) d'évoquer la fin de la vie", a réagi le président François Hollande dans un communiqué. "Au cinéma comme au théâtre, sa carrière est attachée à la naissance de nouvelles écritures, dont celles de Marguerite Duras et de Jean-Pierre Melville. Elle créait une émotion intense dans tous les rôles qu'elle interprétait", a relevé François Hollande.
Une voix et une diction "inoubliables"
"Femme libre et discrète, Emmanuelle Riva a incarné de façon singulière tous les visages de l'amour, tout au long d'une vie dédiée aux plus grands auteurs", a souligné de son côté la ministre de la Culture, Audrey Azoulay. "Comédienne empreinte d'élégance et de fragilité, au cinéma comme au théâtre, elle jouait avec passion et exigence encore récemment dans Savannah Bay de Marguerite Duras", dans une mise en scène de Didier Bezace (2014), a relevé la ministre.
Visage harmonieux, silhouette élancée, Emmanuelle Riva captivait par sa voix et sa diction. C'était "une femme bouleversante, une artiste à l'exigence rare. C'est une voix inoubliable qui s'en va. Une voix habitée par l'amour des mots et de la poésie", a souligné Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Dans Hiroshima mon amour (1959) où elle interprète une actrice française éprise d'un architecte japonais après la seconde guerre mondiale, "sa voix s'emparait du texte de Marguerite Duras", déclare à l'AFP Gilles Jacob, ancien président du festival de Cannes. "Elle en faisait une chose unique, comme une espèce de cantate religieuse". "La voix d'Emmanuelle Riva disant 'tu me tues, tu me fais du bien' dans ce film est inoubliable", ajoute-t-il.
"J'ai eu une dizaine de demandes en mariage, que j'ai toutes refusées"
Née le 24 février 1927, Emmanuelle – qui s'appelle encore Paulette – grandit dans les Vosges, dans une famille ouvrière. Son père est un immigré italien. Elle ne se résout pas à devenir couturière et réussit le concours d'entrée à l'Ecole de la rue Blanche en 1953. Elle a 26 ans.
"Si je n'avais pas réussi, j'en serais morte. Je n'avais plus une seconde à perdre. J'ai eu une dizaine de demandes en mariage, toutes refusées. Pourquoi me serais-je ligotée avec un mari et des enfants", avait-elle confié en 2012 à Libération. Elle débute sur les planches. C'est après l'avoir vue au théâtre que le réalisateur Alain Resnais lui confie le premier rôle de son film Hiroshima mon amour.
En 1962, elle remporte le prix d'interprétation de la Mostra de Venise pour son rôle de Thérèse Desqueyroux, l'empoisonneuse du roman de François Mauriac, dans l'adaptation réalisée par Georges Franju. Exigeante et sélective, elle travaille ensuite pour le théâtre, la télévision et le cinéma dans une certaine discrétion. Amour, de l'Autrichien Michael Haneke, permet sa redécouverte par le grand public. Le film lui vaut de recevoir en 2013 le César de la meilleure actrice. "Une grande et sublime actrice nous a quittés", a estimé Alain Terzian, président de l'Académie des César.
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