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Jean Rochefort à Dinard : mes meilleurs souvenirs
A 85 ans, Jean Rochefort préside pour la première fois de sa carrière le jury d'un festival de cinéma, celui du 26e Festival du film britannique de Dinard. L'acteur revient, entre deux sourires charmeurs, sur ses grands souvenirs, entre "Crabe Tambour" et inattendue rencontre avec la reine Elizabeth.
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Temps de lecture : 3min
Dans toute votre carrière, quel est votre meilleur souvenir de tournage ?
Il y en a tellement, je vais faire des malheureux. Quand même, quelque chose qui est toujours dans ma tête, c'est le film de (Pierre) Schoendoerffer, "Le Crabe tambour" (1977). Deux mois dans l'Atlantique nord sur un bateau de guerre, à devenir petit à petit le commandant de ce navire qui fait sa dernière croisière. Un temps effroyable tout le temps. Les marins dans les coursives se mettaient au garde à vous devant moi. Je leur disais : " Mais non, moi je suis le clown !"
Vous allez devoir trancher entre six films en compétition pour le "Hitchcock d'or". Quelle vision avez-vous de cette livraison 2015 du cinéma britannique?
J'ai découvert dans le jeune cinéma britannique une rudesse que nous, Latins, nous avons peut-être un peu moins. Je pense qu'ils vont gagner la coupe du monde de rugby, parce qu'il y a quelque chose de très fort, tout ce qui est sexuel, affectif, est très très violent. J'ai vu des choses phénoménales pour moi et les gens de ma génération (...). Moi-même, j'ai été victime de ça en tant qu'acteur, quand c'était à la mode de voir le coït de l'homo sapiens, mais maintenant, j'en ai réellement marre. C'est peut-être ma libido qui ne s'intéresse plus à ça…
Vous avez rencontré la reine d'Angleterre lors d'un dîner à l'Elysée sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing sans savoir que la souveraine était invitée ?
Nous étions sept personnes, je l'ignorais, je croyais qu'on serait 400, 500 artistes, comme ça se fait souvent. J'arrive, j'attends, j'attends, je ne vois personne et je dis au majordome : "Qu'est-ce qui se passe ?"
- Sa majesté et le président arrivent dans 10 minutes, vous lui baisez pas la main.
- Quelle majesté ?
- Ben, la reine d'Angleterre.
- Ah bon très bien.
En fait, Giscard voulait parler avec des dirigeants étrangers et il s'est dit : "La reine est passionnée de chevaux, on va mettre Rochefort, il va parler de chevaux", et c'est ce qui s'est passé, j'ai discuté avec Elizabeth avec beaucoup d'enthousiasme et de passion pour les chevaux. J'ai commencé : "Majesté, j'ai vu votre fille gagner les championnats d'Europe il y a un an sous la pluie au Haras du pin."
(Je ne savais pas qu'elle était invitée à l'Elysée) sinon je n'y serais pas allé, j'aurais été totalement terrorisé. J'ai un anglais, comme ma génération, on apprenait l'allemand, c'était l'occupation… Un peu sauvage ; mais à l'Elysée il faut parler français, ça m'a soulagé.
Elle parle très bien français mais elle ne me connaissait pas en tant qu'acteur. Il n'y a pas beaucoup d'échanges de cinéma entre les Anglais et les Français. A Londres, je suis dans un anonymat TOTAL !"
Il y en a tellement, je vais faire des malheureux. Quand même, quelque chose qui est toujours dans ma tête, c'est le film de (Pierre) Schoendoerffer, "Le Crabe tambour" (1977). Deux mois dans l'Atlantique nord sur un bateau de guerre, à devenir petit à petit le commandant de ce navire qui fait sa dernière croisière. Un temps effroyable tout le temps. Les marins dans les coursives se mettaient au garde à vous devant moi. Je leur disais : " Mais non, moi je suis le clown !"
Vous allez devoir trancher entre six films en compétition pour le "Hitchcock d'or". Quelle vision avez-vous de cette livraison 2015 du cinéma britannique?
J'ai découvert dans le jeune cinéma britannique une rudesse que nous, Latins, nous avons peut-être un peu moins. Je pense qu'ils vont gagner la coupe du monde de rugby, parce qu'il y a quelque chose de très fort, tout ce qui est sexuel, affectif, est très très violent. J'ai vu des choses phénoménales pour moi et les gens de ma génération (...). Moi-même, j'ai été victime de ça en tant qu'acteur, quand c'était à la mode de voir le coït de l'homo sapiens, mais maintenant, j'en ai réellement marre. C'est peut-être ma libido qui ne s'intéresse plus à ça…
Vous avez rencontré la reine d'Angleterre lors d'un dîner à l'Elysée sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing sans savoir que la souveraine était invitée ?
Nous étions sept personnes, je l'ignorais, je croyais qu'on serait 400, 500 artistes, comme ça se fait souvent. J'arrive, j'attends, j'attends, je ne vois personne et je dis au majordome : "Qu'est-ce qui se passe ?"
- Sa majesté et le président arrivent dans 10 minutes, vous lui baisez pas la main.
- Quelle majesté ?
- Ben, la reine d'Angleterre.
- Ah bon très bien.
En fait, Giscard voulait parler avec des dirigeants étrangers et il s'est dit : "La reine est passionnée de chevaux, on va mettre Rochefort, il va parler de chevaux", et c'est ce qui s'est passé, j'ai discuté avec Elizabeth avec beaucoup d'enthousiasme et de passion pour les chevaux. J'ai commencé : "Majesté, j'ai vu votre fille gagner les championnats d'Europe il y a un an sous la pluie au Haras du pin."
(Je ne savais pas qu'elle était invitée à l'Elysée) sinon je n'y serais pas allé, j'aurais été totalement terrorisé. J'ai un anglais, comme ma génération, on apprenait l'allemand, c'était l'occupation… Un peu sauvage ; mais à l'Elysée il faut parler français, ça m'a soulagé.
Elle parle très bien français mais elle ne me connaissait pas en tant qu'acteur. Il n'y a pas beaucoup d'échanges de cinéma entre les Anglais et les Français. A Londres, je suis dans un anonymat TOTAL !"
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