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Festival de Cannes 2021 : pourquoi "OSS 117", c'est culte

"OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire", le dernier film de la saga avec Jean Dujardin, viendra clore la soirée du palmarès du 74e Festival de Cannes ce samedi 17 juillet. L'occasion de revenir sur les origines de ce "héros" grotesque, devenu culte !

Article rédigé par franceinfo Culture - Leela Badrinath
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Jean Dujardin dans une scène du film "OSS 117 : Rio ne répond plus" de Michel Hazanavicius. (NANA PRODUCTIONS/SIPA)

Nicolas Bedos présente après la cérémonie de clôture du Festival de Cannes ce samedi 17 juillet, OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, de quoi faire frémir d'impatience les fans de l'espion le plus bête de France. Il s'agit de la suite des deux films réalisés en 2006 et 2009 par Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin dans le rôle principal.

On oublie souvent, cependant, qu'avant d'être le personnage hilarant de Dujardin, OSS 117 avait déjà été populaire auprès des Français dans les années 1950 à 1970, connu comme le héros brillant de la saga de romans d'espionnage qui portent son nom. 

Un héros qui précède James Bond

Le personnage d'Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117 est né sous la plume de Jean Bruce en 1949. Cet homme aux mille vies (il fût, entre autres, employé pour Interpol, acteur dans une troupe ambulante, joallier et secrétaire d'un maharadjah) était un ancien résistant qui rencontra lors la libération de la ville de Lyon, un agent américain de l'Organization of Secret Services (OSS) qui portait le matricule 117... 

À l'origine, Hubert Bonisseur de la Bath est donc un espion américain (son nom à connotations francophones étant lié à des ancêtres qui auraient fui la France pour la Louisiane) inspiré par cette brève rencontre de l'auteur avec le véritable OSS 177. Jean Bruce le dépeint comme l’espion parfait : assuré, séducteur, intelligent et triomphant.

Un roman de gare adapté au cinéma

Ces romans d'espionnage sont parmi les premiers du genre à paraître en France, voire en Europe, car Ian Flemming n’inventera James bond qu’en 1963. Dans le contexte de la Guerre Froide, la grande appétence du public pour ce genre de récits fait d'OSS 117 le parfait roman de gare. Très vite, la série connait un véritable succès, si bien qu'à la mort de Bruce, sa femme, puis sa fille et son beau-fils reprendront successivement son œuvre. Au total, 265 tomes des aventures d’OSS 117 ont été publiés entre 1949 et 1992 avec des traductions dans 17 langues et 75 millions d'exemplaires vendus à travers le monde.

Les romans de Jean Bruce étaient très populaires dans les gares (CAPTURE ECRAN / 20H30 LE SAMEDI / FRANCE 2)

Les films d’Hazanavicius ne sont pas les premières adaptations au cinéma du héros de Jean Bruce. Huit films et téléfilms ont été réalisés avant, mettant en scène les aventures de cet espion exceptionnel. Parmi eux notamment, les cinq longs-métrages d’André Hunebelle réalisés entre 1963 et 1968, dans lesquels OSS a été interprêté par les acteurs américains Kerwin Mathews et John Gavin et l'acteur autrichien Frederick Stafford. 

"Un peu de Sean et beaucoup de conneries", selon Dujardin

Les films de Hazanavicius rompent avec l'image du héros sans faille, s'inspirant très librement de l'œuvre de Jean Bruce. On rentre dans de la comédie culte avec ce personnage grotesque porté par les mimiques et le rire iconique de Dujardin. Raciste, misogyne, ignare, cet OSS 117 incarne toutes les dérives franchouillardes, trouvant tout de même le moyen d'être attendrissant. Lors d’une interview pour le JT de France 2, durant le tournage du premier film, OSS 117 : Le Caire nid d’espions, Jean Dujardin confiait sa recette : "un peu de Sean, et beaucoup de conneries".

En effet, ces films ont tous les éléments d’un James Bond : des retournements de vestes, de belles femmes, des scènes de combat… La seule différence ? La bêtise du personnage, subtilement tourné en parodie par le scénariste Jean-François Halin, avec un humour à prendre au 26e degré. Ce dernier a également participé à l’écriture du dernier film, contrairement à Michel Hazanavicius qui avait des doutes quant à la réalisation de cette suite. Estimant que ce genre d'humour ne passerait plus en 2021, il a ainsi laissé sa place à Nicolas Bedos.

Cinématographie rétro et références détournées

Outre les répliques culte servies à la pelle, les films d’Hazanavicius rendent aussi hommage aux codes du cinéma des années cinquante, avec des effets qui aujourd’hui font kitsch, comme les scènes en voiture où l’on voit clairement que le décor défile sur un écran derrière les acteurs. Le couplage entre cette cinématographie rétro et la référence, tournée en dérision, aux mentalités de la Guerre Froide donne ce décalage comique qui plait tant. On notera la fameuse réplique d'Hubert, patriote et convaincu : "Enfin Armand, le Général de Gaulle n'a-t-il pas dit que toute la France avait été résistante ?" dans OSS 117 : Rio ne répond plus.

L’accueil de la critique de ces deux premiers opus avait été unanime, ils sont entrés dans le palmarès des films culte à citer sans modération au même titre que La Cité de la peur écrit par Les Nuls ou Astérix et Obélix mission Cléopâtre d'Alain Chabat. Plus récemment, de nombreux internautes se sont amusés à trouver des similarités entre OSS 117 et Emmanuel Macron avec une série de memes mettant en parallèle les répliques de l'espion avec celles du Président de la République.

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