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"Il n'avait pas son pareil pour mêler l'intime et l'histoire" : le directeur de la Cinémathèque française rend hommage à Bernardo Bertolucci

Frédéric Bonnaud a réagi lundi sur franceinfo à la disparition du réalisateur italien.

Article rédigé par franceinfo
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Le réalisateur Bernardo Bertolucci lors du Estoril Film Festival le 15 novembre 2008. (FRANCISCO LEONG / AFP)

Le  Bernardo Bertolucci, auteur notamment du Dernier tango à Paris, est mort à Rome lundi 26 novembre à l'âge de 77 ans. Considéré comme l'un des derniers géants du cinéma, il avait notamment remporté l'Oscar du meilleur réalisateur en 1988 pour Le Dernier empereur. "Bernardo Bertolucci n'avait pas son pareil pour mêler l'intime et l'histoire", a souligné sur franceinfo le directeur de la Cinémathèque française Frédéric Bonnaud. Le réalisateur italien était aussi "un expérimentateur" qui "a pris des risques et qui en a fait prendre à ses comédiens", explique-t-il, notamment dans Le dernier tango à Paris, qui avait fait scandale à sa sortie. Le réalisateur avait admis avoir planifié et imposé une scène de viol sans en avertir l'actrice principale. La comédienne Maria Schneider, 19 ans à l'époque, ne s'en était jamais remise

franceinfo : Bernardo Bertolucci était l'un des derniers géants du cinéma italien ?

Frédéric BonnaudOui, même s'il reste encore Marco Bellocchio qui est de la même génération que lui. Ce sont des gens qui ont commencé à faire du cinéma au début des années 1960 dans un cinéma italien qui sentait venir la crise mais qui était encore très puissant. Et on peut dire que Bertolucci, par bien des côtés, a repris les choses là où Visconti les avait laissées. C'est dire si son horizon d'ambition était élevé ! Et par exemple avec un film comme 1900, il a à peu près repris les choses là où Visconti les avait laissées avec Le Guépard, avec Gérard Depardieu, Robert De Niro, une distribution absolument éblouissante, qui montrait toute la puissance du cinéma italien de l'époque, mais qui permettait surtout à Bertolucci de continuer ce qu'il considérait comme son ambition la plus haute : mêler l'intime et l'histoire.

C'est d'ailleurs ce qu'il a fait avec Le dernier empereur ?

C'est exactement ça. Quand on se souvient du Dernier empereur, on se souvient finalement du petit Puyi quand il perd sa nounou. On se souvient aussi du vieil empereur quand il revient dans la Cité interdite et qu'il retrouve les jouets qu'il avait cachés sous son trône... Bernardo Bertolucci n'avait pas son pareil pour mêler très bien l'intime et l'histoire.

On ne peut pas parler de Bernardo Bertolucci évidemment sans évoquer le scandale provoqué par Le dernier tango à Paris (1972) avec sa scène de viol...

Oui, un scandale dont il s'est expliqué à la Cinémathèque française il y a quelques années d'ailleurs… Bernardo Bertolucci était un expérimentateur et c'était quelqu'un qui considérait que le cinéma était là aussi pour représenter la sexualité humaine et qu'il ne pouvait pas s'arrêter à la porte de la chambre à coucher. Donc c'est quelqu'un qui a pris des risques, et qui en a fait prendre à ses comédiens. Et évidemment, quand on essaie, comme cela, d'excéder les possibilités du cinéma, il y a toujours un retour de bâton. Le dernier tango à Paris avait fait scandale à l'époque et on a pu s'apercevoir il y a quelque temps qu'il était encore capable de faire scandale aujourd'hui.

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