Hommage à Manoel de Oliveira : un film inédit sur sa vie enfin projeté
"La Visite ou Mémoires et confessions", un long-métrage autobiographique, "sera montré pour la première fois au public en avril à la Cinémathèque portugaise" à Lisbonne. "Il nous avait été remis sous scellés juste après son tournage" en 1982, a précisé une porte parole de l'organisation, sans dévoiler la date exacte de la projection. "C'est un regard sur sa propre vie, sur son propre cinéma", a-t-elle ajouté. Manoel de Oliveira lui-même en parlait comme un film de "confessions".
Emotion au Portugal et dans le monde
Le décès du réalisateur, doyen mondial des cinéastes, a suscité une vague d'émotion au Portugal, qui a décrété deux jours de deuil national. Manoel de Oliveira sera inhumé ce vendredi 3 avril dans l'après-midi dans sa ville natale de Porto (nord).
Né le 11 décembre 1908 à Porto, fils d'un industriel passionné de cinéma, il avait commencé comme figurant, à 20 ans, dans le cinéma muet, avant de se tourner vers la réalisation en 1931. Après plus de 80 ans de carrière, il laisse derrière lui une cinquantaine de films et documentaires, dont il a tourné la majorité après 60 ans.
Fin 2014, pour fêter son 106e anniversaire, le cinéaste avait tenu à rencontrer encore une fois son public lors de la sortie au Portugal de son dernier film, "Le Vieux du Restelo", un court-métrage qu'il avait réalisé quelques mois auparavant malgré sa santé fragile.
Le festival de Cannes salue un artiste "phare de la culture européenne et mondiale".
Le Festival de Cannes à son tour a rendu hommage au réalisateur portugais, saluant "un cinéaste exceptionnel" et "un artiste complet". "Manoel de Oliveira était un cinéaste aussi exceptionnel qu'il fût un homme rare. Un artiste complet qui ne cessait jamais d'entretenir avec la vie un rapport fait d'humour et de gourmandise", a souligné dans un communiqué le Festival de Cannes. Le cinéaste avait été récompensé par une Palme d'Or à Cannes, en hommage à sa carrière, en 2008, année de ses cent ans.
"Il venait du cinéma muet et connaissait la valeur de la langue et occupait la même place pour le cinéma portugais que Bergman pour la Suède, Kurosawa pour le Japon ou Fellini pour l'Italie", poursuit le texte. "Plus encore qu'un cinéaste, Manoel de Oliveira était un exemple. Nous avons perdu un phare de la culture européenne et mondiale."
Hommages, de la Cinémathèque française au ministère de la culture
La Cinémathèque française a tenu de son côté à saluer "un très grand cinéaste", un "infatigable conteur d'histoires". "Manoel de Oliveira était un paradoxe vivant, à la fois cinéaste des origines, des émotions premières, et cinéaste cultivé, raffiné, inspiré par la grande littérature (Claudel, Flaubert, Dostoïevski, Madame de La Fayette, Agustina Bessa-Luis...), auteur de grands films romanesques", a souligné dans un communiqué le directeur de la Cinémathèque, Serge Toubiana.
La ministre de la Culture Fleur Pellerin a salué de son côté dans un communiqué les adaptations de chefs d'oeuvres de la littérature française faites par le cinéaste. "Si son oeuvre est profondément marquée par la littérature et le théâtre de son pays, Manoel de Oliveira nous a offert aussi une magnifique adaptation, véritable tour de force, du chef-d'oeuvre de Claudel, Le Soulier de satin. C'est encore une adaptation d'un autre grand texte français, Madame Bovary, qui lui vaudra de s'imposer au-delà de son Portugal natal, et c'est avec La Lettre, inspirée de La princesse de Clèves, qu'il décroche le Prix du jury au Festival de Cannes en 1999".
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