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Hommage à Manoel de Oliveira : un film inédit sur sa vie enfin projeté

La Cinémathèque portugaise projettera en première mondiale, en avril, un film inédit du cinéaste Manoel de Oliveira, qui s'est éteint le 2 avril à l'âge de 106 ans et avait programmé sa diffusion posthume. L'hommage au cinéaste portugais se poursuit en France où le festival de Cannes notamment salue un artiste "phare de la culture européenne et mondiale".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Manoel De Oliveira en 2008 au Festival de Cannes au moment de recevoir sa Palme d'or en hommage à sa carrière.
 (Francois Mori/AP/SIPA)

"La Visite ou Mémoires et confessions", un long-métrage autobiographique, "sera montré pour la première fois au public en avril à la Cinémathèque portugaise" à Lisbonne. "Il nous avait été remis sous scellés juste après son tournage" en 1982, a précisé une porte parole de l'organisation, sans dévoiler la date exacte de la projection. "C'est un regard sur sa propre vie, sur son propre cinéma", a-t-elle ajouté. Manoel de Oliveira lui-même en parlait comme un film de "confessions".

Emotion au Portugal et dans le monde

Le décès du réalisateur, doyen mondial des cinéastes, a suscité une vague d'émotion au Portugal, qui a décrété deux jours de deuil national. Manoel de Oliveira sera inhumé ce vendredi 3 avril dans l'après-midi dans sa ville natale de Porto (nord).

Né le 11 décembre 1908 à Porto, fils d'un industriel passionné de cinéma, il avait commencé comme figurant, à 20 ans, dans le cinéma muet, avant de se tourner vers la réalisation en 1931. Après plus de 80 ans de carrière, il laisse derrière lui une cinquantaine de films et documentaires, dont il a tourné la majorité après 60 ans. 

Manoel de Oliveira est applaudi lors de la première de son film "O Velho Do Restelo" ("Le Vieux du Restelo") à Porto le 11 décembre 2014.
 (HENRIQUES DA CUNHA / AFP)
Fin 2014, pour fêter son 106e anniversaire, le cinéaste avait tenu à  rencontrer encore une fois son public lors de la sortie au Portugal de son dernier film, "Le Vieux du Restelo", un court-métrage qu'il avait réalisé quelques mois auparavant malgré sa santé fragile.

Le festival de Cannes salue un artiste  "phare de la culture européenne et mondiale".

Le Festival de Cannes à son tour a rendu hommage au réalisateur portugais, saluant "un  cinéaste exceptionnel" et "un artiste complet". "Manoel de Oliveira était un cinéaste aussi exceptionnel qu'il fût un homme rare. Un artiste complet qui ne cessait jamais d'entretenir avec la vie un rapport fait d'humour et de gourmandise", a souligné dans un communiqué le Festival de Cannes. Le cinéaste avait été récompensé par une Palme d'Or à Cannes, en hommage à  sa carrière, en 2008, année de ses cent ans.
Cannes, 1990 : Bernardo Bertolucci, président du jury cette année là, s'amuse d'un discours de Manoel de Oliveira.
 (JACQUES DEMARTHON / AFP)
"Il venait du cinéma muet et connaissait la valeur de la langue et occupait la même place pour le cinéma portugais que Bergman pour la Suède, Kurosawa pour le Japon ou Fellini pour l'Italie", poursuit le texte. "Plus encore qu'un cinéaste, Manoel de Oliveira était un exemple. Nous avons perdu un phare de la culture européenne et mondiale."

Hommages, de la Cinémathèque française au ministère de la culture

La Cinémathèque française a tenu de son côté à saluer "un très grand cinéaste", un "infatigable conteur d'histoires". "Manoel de Oliveira était un paradoxe vivant, à la fois cinéaste des  origines, des émotions premières, et cinéaste cultivé, raffiné, inspiré par la grande littérature (Claudel, Flaubert, Dostoïevski, Madame de La Fayette,  Agustina Bessa-Luis...), auteur de grands films romanesques", a souligné dans  un communiqué le directeur de la Cinémathèque, Serge Toubiana.
Manoel de Oliveira lors du tournage en 2012 de "O Gebo e a Sombra" ("Gebo et l'ombre") avec Claudia Cardinale.
 (O Som e a Furia / Archives du 7eme Art / Photo12)
La ministre de la Culture Fleur Pellerin a salué de son côté dans un communiqué les adaptations de chefs d'oeuvres de la littérature française faites par le cinéaste. "Si son oeuvre est profondément marquée par la littérature et le théâtre de son pays, Manoel de Oliveira nous a offert aussi une magnifique adaptation, véritable tour de force, du chef-d'oeuvre de Claudel, Le Soulier de satin.  C'est encore une adaptation d'un autre grand texte français, Madame Bovary, qui lui vaudra de s'imposer au-delà de son Portugal natal, et c'est avec La Lettre,  inspirée de La princesse de Clèves, qu'il décroche le Prix du jury au Festival  de Cannes en 1999".

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