« Harakiri » : chef d’œuvre de Masaki Kobayashi en DVD
L’histoire : Au XVIIe siècle, le Japon n'est plus en guerre et le pays est dirigé avec fermeté. Hanshirô Tsugumo, un rônin (samouraï errant) sans travail parmi tant d'autres, décide de frapper à la porte du puissant clan des Ii. Reçu par Kageyu Saitô, l'intendant du clan, il lui demande la permission d'accomplir le suicide par harakiri dans la résidence. Tentant de l'en dissuader, Saitô commence alors à lui raconter l'histoire de Motome Chijiwa, un ancien rônin qui souhaitait accomplir, lui aussi, le même rituel.
"Hrakiri" : la bande-annonce
Le film : Venant chronologiquement après « Rashomon » (1950) et « Les Sept samouraïs » (1954) d’Akira Kurosawa, « Harakiri » a été, comme ces deux grands classiques, écrit par Shinobu Hashimoto, dont tout l’art du récit éclate dans le film de Masaki Kobayashi. A l’encontre de ses prédécesseurs, qui se déroulent au XIXe siècle, qui marque le déclin de l’élite guerrière des samouraïs, « Harakiri » se tient au XVIIe siècle, une époque de paix entre les clans qui eût pour résultante de mettre sur le pavé plus d’un samouraï, faute de guerre.
D’où cette prolifération de « rônins », samouraïs sans emploi, obligés de se convertir comme artisans ou mercenaires. C’est l’histoire de l’un d’eux, Hanshiro Tsugumo, que met en scène « Harakiri », aculé à frapper à la porte d’un puissant seigneur de la guerre pour effectuer le rituel suicidaire, afin de sauver son honneur, selon le code samouraï. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, Tsugumo expliquant son geste par le récit complexe qui l’a mené jusqu’au sanctuaire.
Trois récits passionnants s’imbriquent les uns aux autres avec une parfaite harmonie, dans un climat de tension extrême jusqu’à un climax savamment orchestré. La maîtrise de l’image par Kobayashi est époustouflante dans sa rigueur tout en vertical/horizontal résultant de l’architecture nippone et des aménagements intérieurs, évoquant des toiles de Mondrian. La beauté du scope noir et blanc et du cadre renvoie à l’exigence d’un Stanley Kubrick pour faire de « Harakiri » un des plus grands films de samouraïs, à la fois film d’action et d’une profondeur historique et morale sans égal.
Les bonus : Le court documentaire de 7 minutes « De l’art de bien mourir » met à plat la société japonaise du XVIIe siècle, en explicitant une féodalité arrivée à son extrême despotisme. Enfin un entretien passionnant de 30 minutes avec Christophe Gans, réalisateur (« Crying Freeman », « Le Pacte des loups »…) et spécialiste du cinéma asiatique revient sur la place que tient « Harakiri » dans le cinéma nippon, le rôle qu’y tient Masaki Kobayashi, et les enjeux tant esthétiques qu’historiques du film. D’une argumentation implacable, didactique et lumineuse, réalisé dans le magnifique décor du cinéma La Pagode, à Paris, cet entretien, est un bijou d’érudition sur le sujet.
Harakiri (1963)
De Masaki Kobayashi, avec : Tatsuya Nakadai, Shima Iwashita, Akira Ishihama – 2h15
DVD : 14,99 euros
Blu-Ray : 19,99 euros
Editions : Carlotta Carlotta Films
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