Festival de Cannes 2024. “My Sunshine” : le jeune réalisateur japonais Hiroshi Okuyama saisit le goût de l'enfance dans un second film très réussi

Hiroshi Okuyama confirme avec ce second long-métrage une écriture cinématographique originale et sensible.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
"My Sunshine", de Hiroshi Okuyama, sélection Un certain regard, Festival de Cannes 2024, sortie en France le 25 décembre 2024. (PRODUCTION COMMITTEE & COMME DES CINEMAS)

Présenté le 19 mai en sélection Un certain regard au festival de Cannes 2024, My Sunshine est le second film d'Hiroshi Okuyama, le jeune réalisateur japonais qui s'était fait remarquer en 2019 avec Jésus, une histoire d'amitié entre un enfant de 10 ans et le Christ. Le film sortira dans les salles en France le 25 décembre.

Le réalisateur continue à sonder l'enfance en nous racontant cette fois l'histoire d'un garçon rêveur, timide et bègue. Takuya vit sur l'île d'Hokkaido. L'hiver, pendant que ses copains hockeyeurs animés par l’esprit de compétition s’élancent sans hésiter sur la glace, Takuya, les bras ballants, la crosse traînante, se laisse absorber par les mouvements gracieux de Sakura, une jeune patineuse, qui effectue inlassablement ses enchaînements sous l’œil distrait de son coach, Arakawa. Ce dernier, touché par les tentatives maladroites de Takuya pour imiter Sakura, décide de prendre le jeune garçon sous son aile.

Il lui propose, à lui et à son élève officielle, de préparer un concours en duo. Les deux enfants se prennent au jeu. Takuya progresse rapidement et s’épanouit au fil de ces entraînements qui se déroulent dans la joie et la bonne humeur, jusqu’au jour où Sakura découvre une facette de la vie privée de son entraîneur qui va bouleverser la suite de l’aventure...

Récit initiatique 

Avec ce nouveau long-métrage, Hiroshi Okuyama continue à explorer le monde de l'enfance. Écouter ses propres désirs, trouver sa voie, faire fi du regard des autres, voilà ce que Takuya expérimente, parfois dans la douleur, mais surtout dans la joie, pendant cette parenthèse enchantée. Une fois encore Hiroshi Okuyama met en avant les vertus de l'amitié, ici celle qui lie le garçon et son entraîneur, mais aussi celle qui se tisse entre les deux enfants, teintée d'amours naissantes. Des sentiments qui ne s'expriment pas par les mots, mais par des regards, des silences, des gestes que la caméra capte de manière très organique.

My Sunshine accompagne le mouvement du temps. L'intrigue se déploie au fil d'un hiver, quelque chose prend vie puis s'éteint en même temps que disparaît la neige, pour mieux renaître à l'apparition des premiers signes du printemps. Quelque chose de l'enfance est mort, mais d'autres choses, précieuses, vont éclore, acquises pour la vie.

Ce jeu sur le temps des saisons figure à merveille ce passage délicat de l'enfance à l'adolescence, et le chemin vers la maturité sur lequel il est si important de croiser des adultes capables de poser des balises pour accompagner le chemin vers soi-même. L'acceptation de la différence dans la société japonaise y est évoquée en arrière-plan, avec une touche de mélancolie, sans être appuyée, laissant au spectateur la liberté de se forger son opinion.

Les paysages de l'enfance

Le travail très soigné du son et de la lumière imprime au film un éclat particulier, presque onirique, qui colle parfaitement à cet âge marqué par la confusion des sentiments, le doute, mais l'âge, aussi, de tous les possibles.

Le réalisateur joue avec un format, avec un grain, avec une texture de l'image, qui traduisent les paysages de l'enfance. Il travaille les contrastes, jongle avec les changements de focale, avec la lumière, qui envahit parfois l'écran jusqu'à brûler une partie de l'image. Il dessine ainsi l'univers intérieur, les sentiments et les sensations d'un enfant à part, Takuya enfermé dans son monde, qui peu à peu s'ouvre à la vie en patinant avec grâce, en symbiose avec sa partenaire, en confiance sous l'œil bienveillant de son entraîneur.

Le jeune réalisateur Japonais (il n'a pas trente ans), en plus de confirmer son talent pour dénicher et diriger des enfants comédiens – ici avec un duo de jeunes acteurs d'une grande justesse - affirme une écriture cinématographique singulière et pleine de promesses.

Affiche du film "My Sunshine", de Hiroshi Okuyama, sélection Un certain regard, Festival de Cannes 2024, sortie en France le 25 décembre 2024. (ART HOUSE)

La Fiche : 

Genre :  Drame 
Réalisateur : Hiroshi Okuyama 
Acteurs :
Sosuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi 
Pays : France, Japon 
Durée : 1h 30min  
Sortie : 
25 décembre 2024 
Distributeur : 
Art House 
Synopsis : Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable.

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