Festival de Cannes 2023 : qui sont les membres du très select "Club des 9", détenteurs de deux Palmes d'or ?
Si le cinéaste britannique Ken Loach remporte la Palme d'or de la 76e édition du Festival de Cannes, il rentrera dans l'histoire du Festival de Cannes en devenant l'unique détenteur de trois récompenses suprêmes. Pour l'heure, avec le Suédois Ruben Östlund qui présidera le jury, ils appartiennent au "Club des 9" décrété par le Festival de Cannes lui-même. "Si c'est le meilleur film", a promis Ruben Östlund en évoquant le dernier long métrage de Ken Loach dans un entretien accordé à l'AFP, "je vais certainement travailler très dur pour dépasser mes propres objectifs égoïstes d'être le premier réalisateur à avoir trois Palmes d'or".
Ken Loach
"Ma source d'inspiration, ce sont les histoires de la vie ordinaire (...) les luttes des gens", confiait Ken Loach à France 3. Le cinéma social du réalisateur britannique a conquis par deux fois la Croisette d'où il est reparti avec la récompense suprême pour Le vent se lève en 2006 et, dix ans plus tard, pour Moi, Daniel Blake. Pour la 76e édition du Festival de Cannes où il présente The Old Oak en compétition, Ken Loach s'intéresse au sort de réfugiés syriens dont l'arrivée est source de tensions dans une petite localité du nord de l'Angleterre. Ils sont notamment accueillis au Old Oak, un pub qui ouvre ses portes aux personnes désœuvrées. Son analyse de la question migratoire en Europe lui vaudra-t-elle une troisième Palme d'or ? Verdict le 27 mai.
Michael Haneke
En 2017, Michael Haneke se trouvait dans la même position que Ken Loach : "Haneke fait partie des cinéastes en activité qui peuvent briguer une troisième palme d'or, ce qui n'est jamais arrivé", affirmait Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes alors que son film, Happy End, était en compétition pour la Palme d'or. De fait, le cinéaste autrichien avait déjà raflé deux Palmes d'or en l'espace de trois ans, en 2009 et 2012 respectivement pour Le Ruban blanc et Amour.
Ruben Östlund
Le réalisateur suédois Ruben Östlund, qui préside le jury de l'édition 2023 du Festival de Cannes, réalise une performance similaire à celle de l'Autrichien Michael Haneke. Cinq ans séparent la Palme d'or obtenue pour The Square (2017) et Sans filtre (2022), tous deux des satires – sur la vacuité qui peut parfois régner dans le monde l'art contemporain pour le premier, sur les influenceurs et la construction des rapports de pouvoir dans un monde où le capitalisme est roi, pour le deuxième. Le cinéaste suédois est le dernier à avoir rejoint le fameux "Club des 9".
Francis Ford Coppola
Le premier membre de ce prestigieux club n'est autre que l'Américain Francis Ford Coppola. Quand, en 1979, Apocalypse Now et Le Tambour de Volker Schlöndorff remportent la Palme d'or, le cinéaste "devient à 40 ans le premier réalisateur à recevoir pour la seconde fois la plus haute distinction du Festival", rappelle-t-on sur le site de l'évènement. Francis Ford Coppola avait déjà obtenu le Grand Prix, l'ancêtre de la Palme d'or, en 1974 pour Conversation Secrète.
Emir Kusturica
Le réalisateur franco-serbe Emir Kusturica a juste un an de plus que Coppola quand il décroche sa deuxième Palme d'or pour Underground en 1995 (une copie restaurée du film est à découvrir au Cinéma de la plage pendant le festival). L'instant est mémorable : le prix est annoncé par la comédienne française Jeanne Moreau, présidente du jury de cette 48e édition, et Emir Kusturica reçoit sa récompense des mains de l'actrice américaine Sharon Stone, en présence de la comédienne française Carole Bouquet. Les dieux du cinéma ont offert à Emir Kusturica la joie de savourer le moment. Dix ans plus tôt, il n'avait pas pu recevoir lui-même la distinction décrochée pour Papa est en voyage d’affaires . "Jamais il n'a cru pouvoir remporter cette Palme d'or, raconte Thierry Frémaux à Franceinfo en 2017, et surtout on l'avait prévenu trop tard, il n'avait pas pu et n'avait pas les moyens de revenir". Pour le délégué général du festival, Kusturica a été le porte-voix d'un pays, la Yougoslavie, qui n'existe plus, une thématique au cœur "du cinéma (de ses) premières années".
Bille August
"C'est trop. Je ne comprends pas parce que j'en ai déjà un à la maison", lance le cinéaste danois Bille August quand il reçoit sa deuxième Palme d'or, en 1992, pour Les Meilleures Intentions. Un film dont le scénario est signé par le réalisateur suédois Ingmar Bergman que le Danois considère comme "le plus grand cinéaste du monde" et qu'il remercie pour le sublime scénario qu'il lui a écrit et confié. L'autre Palme d'or de Bille August est celle remportée en 1988 pour Pelle le conquérant, Oscar du meilleur film étranger l'année suivante.
Jean-Pierre et Luc Dardenne
C'est un incontournable duo artistique qui fait l'unanimité sur la Croisette pour le réalisme qui caractérise ses films. Les cinéastes belges Jean-Pierre et Luc Dardenne ont obtenu en 2022 le Prix du 75e Festival de Cannes pour Tori et Lokita, un autre drame social construit autour du thème de l'immigration clandestine, présenté en compétition lors de cette édition anniversaire. Une récompense supplémentaire pour saluer le travail d'une fratrie de cinéastes qui détient à son palmarès deux Palmes d'or, pour Rosetta en 1999, et L'Enfant en 2005.
Shohei Imamura
La Palme d'or de l'édition 1983 du Festival de Cannes revient au Japonais Shohei Imamura pour La Ballade de Narayama, film qui critique les rites traditionnels entourant la mort au Japon. C'est "la consécration" pour "l'ancien poil à gratter des studios (qui) devient désormais le digne représentant du cinéma japonais aux yeux du public international", écrit Clément Rauger, chargé de cinéma pour la Maison de la culture du Japon à Paris sur le site de la Cinémathèque française. Son regard sur la société japonaise est "anthropologique", souligne encore Clément Rauger. En 1997, cette figure majeure de la nouvelle vague japonaise décroche sa seconde Palme d’or pour L’Anguille, une récompense qu'il partage avec l’Iranien Abbas Kiarostami pour Le Goût de la cerise. Aucune des Palmes gagnées n'a jamais eté remise en mains propres à Shohei Imamura.
En remontant aux premières éditions du Festival de Cannes, le "Club des 9" se transforme en un "Club des 10" avec les deux Grand prix (ancienne version de la Palme d'or) obtenus par le cinéaste suédois Alf Sjöberg pour Hets, en 1946, et Mademoiselle Julie en 1951.
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