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Festival de Cannes 2023 : qui sont les membres du très select "Club des 9", détenteurs de deux Palmes d'or ?

Neuf réalisateurs peuvent se vanter d'avoir été honorés déjà deux fois de la récompense suprême à Cannes. Un seul, parmi eux, peut en décrocher une troisième en cette 76 édition...
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 7min
Le trophée de la Palme d'or photographié à la Maison de la joaillerie Chopard le 10 mai 2022 à Meyrin, près de Genève (Suisse), avant le 75e Festival de Cannes qui s'est déroulé du 17 au 28 mai 2022. (PIERRE ALBOUY / AFP)

Si le cinéaste britannique Ken Loach remporte la Palme d'or de la 76e édition du Festival de Cannes, il rentrera dans l'histoire du Festival de Cannes en devenant l'unique détenteur de trois récompenses suprêmes. Pour l'heure, avec le Suédois Ruben Östlund qui présidera le jury, ils appartiennent au "Club des 9" décrété par le Festival de Cannes lui-même. "Si c'est le meilleur film", a promis Ruben Östlund en évoquant le dernier long métrage de Ken Loach dans un entretien accordé à l'AFP, "je vais certainement travailler très dur pour dépasser mes propres objectifs égoïstes d'être le premier réalisateur à avoir trois Palmes d'or".

  

Ken Loach

"Ma source d'inspiration, ce sont les histoires de la vie ordinaire (...) les luttes des gens", confiait Ken Loach à France 3. Le cinéma social du réalisateur britannique a conquis par deux fois la Croisette d'où il est reparti avec la récompense suprême pour Le vent se lève en 2006 et, dix ans plus tard, pour Moi, Daniel Blake. Pour la 76e édition du Festival de Cannes où il présente The Old Oak en compétition, Ken Loach s'intéresse au sort de réfugiés syriens dont l'arrivée est source de tensions dans une petite localité du nord de l'Angleterre. Ils sont notamment accueillis au Old Oak, un pub qui ouvre ses portes aux personnes désœuvrées. Son analyse de la question migratoire en Europe lui vaudra-t-elle une troisième Palme d'or ? Verdict le 27 mai. 

Ken Loach et sa Palme d'or pour "Moi, Daniel Blake", le 22 mai 2016 lors de la 69 édition du Festival de Cannes. (LOIC VENANCE / AFP)

Michael Haneke

En 2017, Michael Haneke se trouvait dans la même position que Ken Loach : "Haneke fait partie des cinéastes en activité qui peuvent briguer une troisième palme d'or, ce qui n'est jamais arrivé", affirmait Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes alors que son film, Happy End, était en compétition pour la Palme d'or. De fait, le cinéaste autrichien avait déjà raflé deux Palmes d'or en l'espace de trois ans, en 2009 et 2012 respectivement pour Le Ruban blanc et Amour.

Le réalisateur autrichien Michael Haneke, entouré des comédiens français Emmanuelle Riva (à gauche) et Jean-Louis Trintignant (à droite) posent lors d'un photocall après avoir reçu la Palme d'or pour le film "Amour" lors du 65e 
Festival de Cannes le 27 mai 2012 à Cannes. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Ruben Östlund 

Le réalisateur suédois Ruben Östlund, qui préside le jury de l'édition 2023 du Festival de Cannes, réalise une performance similaire à celle de l'Autrichien Michael Haneke. Cinq ans séparent la Palme d'or obtenue pour The Square (2017) et Sans filtre (2022), tous deux des satires – sur la vacuité qui peut parfois régner dans le monde l'art contemporain pour le premier, sur les influenceurs et la construction des rapports de pouvoir dans un monde où le capitalisme est roi, pour le deuxième. Le cinéaste suédois est le dernier à avoir rejoint le fameux "Club des 9".   

Le réalisateur suédois Ruben Östlund exprime sa joie après avoir remporté le prix de la Palme d'or pour le film The Square lors de la 70e édition du Festival de Cannes à Cannes, en France, le 28 mai 2017. (PHILIP ROCK / ANADOLU AGENCY)

Francis Ford Coppola

Le premier membre de ce prestigieux club n'est autre que l'Américain Francis Ford Coppola. Quand, en 1979, Apocalypse Now et Le Tambour de Volker Schlöndorff remportent la Palme d'or, le cinéaste "devient  à 40 ans le premier réalisateur à recevoir pour la seconde fois la plus haute distinction du Festival", rappelle-t-on sur le site de l'évènement. Francis Ford Coppola avait déjà obtenu le Grand Prix, l'ancêtre de la Palme d'or, en 1974 pour Conversation Secrète. 

Le réalisateur américain Francis Ford Coppola, à droite, reçoit le Grand prix (prédécesseur de la Palme d'or) pour son film "La Conversation secrète" des mains de l'acteur américain Tony Curtis le 25 mai 1974 au Festival de Cannes. (AFP)

Emir Kusturica

Le réalisateur franco-serbe Emir Kusturica a juste un an de plus que Coppola quand il décroche sa deuxième Palme d'or pour Underground en 1995 (une copie restaurée du film est à découvrir au Cinéma de la plage pendant le festival). L'instant est mémorable : le prix est annoncé par la comédienne française Jeanne Moreau, présidente du jury de cette 48e édition, et Emir Kusturica reçoit sa récompense des mains de l'actrice américaine Sharon Stone, en présence de la comédienne française Carole Bouquet. Les dieux du cinéma ont offert à Emir Kusturica la joie de savourer le moment. Dix ans plus tôt, il n'avait pas pu recevoir lui-même la distinction décrochée pour  Papa est en voyage d’affaires . "Jamais il n'a cru pouvoir remporter cette Palme d'or, raconte Thierry Frémaux à Franceinfo en 2017, et surtout on l'avait prévenu trop tard, il n'avait pas pu et n'avait pas les moyens de revenir". Pour le délégué général du festival, Kusturica a été le porte-voix d'un pays, la Yougoslavie, qui n'existe plus, une thématique au cœur "du cinéma (de ses) premières années".

Le réalisateur Emir Kusturica salue le public après avoir reçu la Palme d'or pour son film "Underground", le 28 mai 1995, lors du 48e Festival de Cannes. (PATRICK HERTZOG / AFP)

Bille August

"C'est trop. Je ne comprends pas parce que j'en ai déjà un à la maison", lance le cinéaste danois Bille August quand il reçoit sa deuxième Palme d'or, en 1992, pour Les Meilleures Intentions. Un film dont le scénario est signé par le réalisateur suédois Ingmar Bergman que le Danois considère comme "le plus grand cinéaste du monde" et qu'il remercie pour le sublime scénario qu'il lui a écrit et confié. L'autre Palme d'or de Bille August est celle remportée en 1988 pour Pelle le conquérant, Oscar du meilleur film étranger l'année suivante. 

Le réalisateur danois Bille August pose avec la Palme d'Or qu'il a reçue pour son film "Les meilleures intentions" entouré de sa femme, l'actrice suédoise Pernilla August, et de l'acteur américain Tom Cruise lors de la cérémonie de clôture de la 45e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 18 mai 1992. (AFP)

Jean-Pierre et Luc Dardenne 

C'est un incontournable duo artistique qui fait l'unanimité sur la Croisette pour le réalisme qui caractérise ses films. Les cinéastes belges Jean-Pierre et Luc Dardenne ont obtenu en 2022 le Prix du 75e Festival de Cannes pour Tori et Lokita, un autre drame social construit autour du thème de l'immigration clandestine, présenté en compétition lors de cette édition anniversaire. Une récompense supplémentaire pour saluer le travail d'une fratrie de cinéastes qui détient à son palmarès deux Palmes d'or, pour Rosetta en 1999, et L'Enfant en 2005

Les réalisateurs belges Jean-Pierre (à gauche) et Luc Dardenne posent le 22 mai 2005 avec leur Palme d'Or pour leur film "L'Enfant", décroché la veille, lors de la 58e édition du Festival international du film de Cannes, sur la Côte d'Azur. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Shohei Imamura

La Palme d'or de l'édition 1983 du Festival de Cannes revient au Japonais Shohei Imamura pour  La Ballade de Narayama, film qui critique les rites traditionnels entourant la mort au Japon. C'est "la consécration" pour "l'ancien poil à gratter des studios (qui) devient désormais le digne représentant du cinéma japonais aux yeux du public international", écrit Clément Rauger, chargé de cinéma pour la Maison de la culture du Japon à Paris sur le site de la Cinémathèque française. Son regard sur la société japonaise est "anthropologique", souligne encore Clément Rauger. En 1997, cette figure majeure de la nouvelle vague japonaise décroche sa seconde Palme d’or pour L’Anguille, une récompense qu'il partage avec l’Iranien Abbas Kiarostami pour Le Goût de la cerise. Aucune des Palmes gagnées n'a jamais eté remise en mains propres à Shohei Imamura. 

Le réalisateur japonais Shohei Imamura, au centre, pose pour les photographes avec l'acteur Koji Yakusho, à gauche, et un producteur non identifié le 12 mai 1997 lors de la présentation de leur film "L'Anguille" au Festival de Cannes. (PATRICK HERTZOG / AFP)

En remontant aux premières éditions du Festival de Cannes, le "Club des 9" se transforme en un "Club des 10" avec les deux Grand prix (ancienne version de la Palme d'or) obtenus par le cinéaste suédois Alf Sjöberg pour Hets, en 1946, et Mademoiselle Julie en 1951. 

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