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Festival de Cannes 2023 : Wim Wenders filme un éloge de la beauté en passant par les toilettes de Tokyo dans "Perfect Days" en compétition

Plusieurs fois primé à Cannes, et Palme d'or pour "Paris, Texas" en 1984, Wim Wenders, absent de la Croisette depuis 2014, était de retour avec "Perfect Days" qui renoue avec son attrait pour le Japon.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Koji Yakusho et Arisa Nakano dans "Perfect Days" de Wim Wenders (2023). (HAUT ET COURT)

On sait Win Wenders passionné par le Japon depuis son documentaire de 1983 Tokyo-Ga sur le réalisateur Yasujiro Ozu. Il y filmait les rues de Tokyo pour percer l’esprit du cinéaste, urbanité avec laquelle il renoue dans Perfect Days, où il suit un employé de nettoyage des toilettes publiques, esthète dans l’âme.

Empathie spontanée


Employé au nettoyage quotidien des toilettes publiques de Tokyo, Hirayama (Koji Yakusho) est un esthète qui se nourrit de musique, de livres et des arbres. Fidèle à une vie très régulière, immuable, voire ritualisée, le passé ressurgit quand sa jeune nièce, presque inconnue, lui demande de l’héberger.

Wim Wenders joue de la répétition pour mieux cerner son personnage à la vie réglée comme du papier à musique. Chaque jour les mêmes gestes, les mêmes parcours, des lieux et des tâches semblables… Le choix de Wim Wenders des toilettes de Tokyo comme lieu clé de son film n'est pas anodin. Elles font l'objet d'une attention toute particulière de la municipalité qui fait appel aux plus grands architectes et innovateurs pour leur conception. Il est vrai que l’on peut décrocher sur les deux heures du film, mais cela fait partie du projet. Tout le mérite revient à l’acteur Koji Yakusho (The Third Murder) pour que l'on y adhère, tant il inspire une empathie spontanée.

Éloge de la beauté

À travers lui, c’est un éloge de la beauté et des plaisirs simples que filme Wenders, dans l’attachement d'Hirayama à écouter Lou Reed, Patti Smith et Van Morrisson sur des cassettes vintage, dans son rituel consistant à prendre une photo argentique par jour, où à lire sur du papier et non un écran. Quand il entend le nom de Spotify pour la première fois, il croit que c’est un magasin. Hirayama n’est pas à la page, mais sait ce qui est beau. Son rapport avec le support physique, de l'immatériel participe de son plaisir, de sa vie. Wenders ne prétend pas que c’était mieux avant, mais que le lien à la beauté n'émane pas de l'abondance disponible sur les plateformes, car elle ne peut être qu’exceptionnelle. 

La poésie d'Hirayama n’est pas éloignée de celle de Peterson, titre et patronyme du chauffeur de bus qui porte le nom de la ville des poètes où a vécu Allen Ginsberg, dans le film de Jim Jarmusch également en compétition à Cannes en 2016. L’arrivée de la nièce d’Hirayama semble un peu artificielle dans le film, comme pour le relancer, alors qu'il se suffit à lui-même, dans ce portrait touchant et zen. Dans sa valorisation émouvante des "petites gens", Perfect Days pourrait bien voir récompenser Koji Yakusho, du Prix d'interprétation masculine.

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Wim Wenders
Acteurs :  Koji Yakusho, Min Tanaka, Arisa Nakano
Pays : Allemagne / Japon
Durée : 2h03
Sortie : 20 novembre 2023
Distributeur : Haut et Court

Synopsis : Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

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