Festival de Cannes 2023 : "Si seulement je pouvais hiberner", le film mongol qui a ému la Croisette
A la fin de la projection, la réalisatrice et ses trois jeunes acteurs ont eu droit à une standing ovation de plusieurs minutes, jusqu’à ce que le public soit invité à quitter la salle. Il y a eu des applaudissements nourris mais aussi des… yeux humides. La réalisatrice Zoljargal Purevdash, sélectionnée à Un certain regard, ne s’attendait pas à un tel accueil. Son film, Si seulement je pouvais hiberner, ne cherche pas à activer les glandes lacrymales, ni à appuyer sur les boutons du sentimentalisme et de la sensiblerie. C’est un grand film, de la veine du Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica. C’est un film social, politique excellemment servi par une esthétique raffinée.
Comment survivre et s’extraire de sa condition sociale
Si seulement c’était possible, Ulzii n’aurait pas, tel Sisyphe, à porter le monde sur ses épaules. Ulzii, lycéen très doué en sciences physiques, doit subvenir aux besoins de sa famille, remplacer son père décédé et sa mère noyée dans l’alcoolisme. Sa jeune sœur et son frère cadet dépendent entièrement de lui. Alors Ulzii rivalise d’ingéniosité et de débrouillardise pour nourrir sa famille et chauffer la yourte. Dehors, il fait -35 degrés. Quand le charbon vient à manquer, toute la fratrie se retrouve en danger. Pourtant, Ulzii rêve. Il rêve de participer à au concours national de sciences physiques. Son objectif : décrocher une bourse et avoir un salaire plus tard pour sortir sa famille de la misère. "Si je pleure, j’aurais l’impression d’être vaincu ", avoue-t-il. Alors, Ulzii ne doute pas, il se bat, tombe, se relève…puis tombe, puis se relève…
Les gens des yourtes
La cinéaste mongole Zoljargal Purevdash raconte une histoire universelle, un combat, une révolte contre un ordre injuste. A la périphérie d’Oulan-Bator, un quartier de yourtes où sont installés des réfugiés économiques, contraints et forcés de quitter leurs terres pour la capitale, à la recherche d’un emploi, fait l’objet de toutes les exclusions. La distance entre l’Oulan-Bator des immeubles et celui des yourtes se mesure en années-lumière. Les habitants des yourtes sont accusés de polluer l’atmosphère. «J’ai grandi dans ce district et j’y vis toujours. Je sais que personne ne brûle du charbon pour empoisonner l’autre côté de la ville. Ce que nous respirons n’est pas de la fumée, c’est de la pauvreté », s’insurge Zoljargal Purevdash.
Si seulement si je pouvais hiberner, un grand film universel, sensible et intelligent.
Fiche
Titre : Si seulement je pouvais hiberner
Réalisation : Zoljargal Purevdash
Durée : 1h38
Genre : Drame
Distribution : Battsoog Uurtsaikh. Tuguldur Batsaikhan et Nominjiguur Tsend
Pays d'origine : Mongolie
Synopsis : Ulzii, un adolescent d’un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, est déterminé à gagner un concours de sciences pour obtenir une bourse d’étude. Sa mère, illettrée, trouve un emploi à la campane les abandonnant lui, son frère et sa sœur, en dépit de la dureté de l’hiver. Déchiré entre la nécessité de s’occuper de sa fratrie et sa volonté d’étudier pour le concours, Ulzii n’a pas le choix : il doit accepter de se mettre en danger pour subvenir aux besoins de sa famille...
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