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Festival de Cannes 2023 : "Banel et Adama", Roméo et Juliette pendant la saison sèche ou le combat pour la liberté

Ramata-Toulaye Sy, plus jeune réalisatrice en compétition, signe un film puissant sur une femme en quête de liberté. "Banel et Adama" est un conte moderne sur l’émancipation. Lumineux.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Scène du film "Banel et Adama", 2023 (Best Friend Forever)

Il est des montées de marches plus émouvantes que d’autres, voire plus sincères. Ramata-Toulaye Sy, la plus jeune réalisatrice en compétition, n’a pas caché ses larmes de joie. Entourée de son équipe tout aussi émue, la jeune cinéaste a été longuement ovationnée par le public. Son premier long métrage, Banel et Adama, est entièrement en peul.

Dans un village au nord du Sénégal, Banel vit une histoire d’amour puissante avec son mari Adama. Elle aime comme "seule une femme sait aimer" : inconditionnellement, pleinement. Aucune place pour le doute, le compromis. L’amour de Banel est une forteresse dans un village coupé de l’extérieur. Très vite, un tel amour est vécu comme une agression. "Le destin d'une jeune femme est de donner une descendance mâle à son mari", lui rappelle sa belle-mère. Pas pour Banel, à qui Adama suffit amplement.

L’amour au temps de la disette

Au village, le temps est à la disette. La sécheresse remplit le cimetière. Les vaches meurent de soif. Humains et animaux scrutent un ciel impitoyable, désespérément sourd aux lamentations et supplications. Un coupable, il faut nécessairement un coupable pour expliquer cette absence de pluie. Parce que si le village se vide de ses habitants valides, si la mort emporte les plus fragiles, ce n’est pas sans raison. "Tout est lié, la sécheresse, ton amour pour Adama, ton envie de vivre dans une maison avec lui, seuls ", croit savoir son frère jumeau Racine, qui l’enjoint de changer et de se ranger. Mais Banel refuse de rentrer dans le rang, elle écarte l’idée de diluer son individualité dans le groupe.

Ramata-Toulaye Sy, une des sept cinéastes femmes en compétition, questionne le patriarcat et la place de l’individu dans une société qui se vit comme un corps uni qui réagit aux éléments extérieurs en se serrant les coudes. Banel, magnifiquement interpétée par Khady Mane, ne doute pas de son amour. Banel a peur qu’Adama vacille sur ses certitudes. Banel a peur de la lâcheté des hommes. Banel ne craint pas le chaos, elle le sait fécond. 

La jeune cinéaste a un sens aigu de l’esthétisme, l’image est très soignée. Banel et Adama, un film lumineux.

Affiche du film "Banel et Adama". (Best Friend Forever)

La fiche

Réalisation : Ramata-Toulaye Sy
Année de production : 2023
Pays : France, Sénégal, Mali
Durée : 87 minutes
Distribution : Khady Mane, Mamadou Diallo et Binta Racine Sy

Synopsis : Banel et Adama s’aiment. Ils vivent dans un village éloigné au Nord du Sénégal. Du monde, ils ne connaissent que ça, en dehors, rien n’existe. Mais l’amour absolu qui les unit va se heurter aux conventions de la communauté. Car là où ils vivent, il n’y a pas de place pour les passions, et encore moins pour le chaos.

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