DVD : trois films gothiques spaghettis al dente
Des années 60 aux années 80, le cinéma italien a pratiqué une politique de récupération des succès anglo-saxons, apportant une contribution essentielle au cinéma de genre, notamment au péplum, au western et au fantastique. La tradition gothique italienne est particulièrement représentée par Mario Bava ("Le Masque du démon") qui a révélé l’icône de l’épouvante Barbara Steele que l’on retrouve dans "L’Effroyable secret du docteur Hichcock".
"L’Effroyable secret du docteur Hichcock"
"L’Effroyable secret" est signé Robert Hampton, pseudonyme du maître Riccardo Freda, car, expliquait ce génie du cinéma populaire, si le spectateur transalpin voyait un nom italien à la tête d’un film, il le boycottait. Beaucoup d’autres (comme en Espagne) suivront son exemple. Au-delà du procédé, "L’Effroyable secret" relève d’une forme tout en référence aux productions britanniques de la Hammer, dans le soin artistique apporté à l’image et à l’interprétation. C’est sur le plan scénaristique qu’il prend la tangente, mettant au premier plan les fantasmes nécrophiles du fameux docteur – sujet rare au cinéma -, dans le prolongement d’un Edgar Allan Poe, mais plus latin. Un classique.
"L’Orgie des vampires"
Avec "L’Orgie des vampires", on passe directement dans la cour du Bis le plus obscur (à la limite du "Z"), signé du trublion Renato Polselli. Pseudo-suite de "La danseuse et le vampire", "L’Orgie" se situe dans le cadre d’un théâtre désafecté construit sur les ruines d’un château maudit que hante un grand nocturne, habillé en frac, à la Bela Lugosi, aux grimaces outrancières. Le film vaut le détour pour sa folie hystérique, représentative de la visualisation du sexe à l’époque, avec son bataillon de "baby dolls" en brassières, pimenté de scènes saphiques plus que suggestives, très osées en 1964. La photo en noir et blanc n’en est pas moins soignée et les décors cheap évoquent "Le cabinet du docteur Caligari" ou "Vampyr" de Dreyer (si, si).
"Vierges pour le bourreau"
"Vierges pour le bourreau" passe un cap, à la fois dans la représentation du sadisme et du sexe à l’écran. Le cadre de l’histoire se réfère au tournage d’un roman-photo qui renvoie au célèbre titre du genre à l’époque, "Satanik". Château hanté, figuration sexy, scènes de torture pratiquées par un bourreau surgi du passé, apparaissent aujourd’hui comme annonciateur de la série "Saw" ou "Hostel", ces "torture movies" qui font un tabac chez les adolescents. "Vierges pour le bourreau" demeure un cas, par moment risible et fascinant, non dénué parfois de poésie, en continuité avec la tradition gothique et novateur dans l’extrémisme de la représentation.
Bonus : Chaque film est suivi d’un riche commentaire de critiques spécialistes du cinéma de l’étrange et du Bis. En l’occurrence, Gérard Lenne et Alain Petit qui nous éclairent sur l’époque où virent jour ces films, leurs réalisateurs et acteurs. Leurs éclairages érudits et plein d’anecdotes savoureuses les resituent dans le temps. Le tout est complété de rares documents photographiques.
"L’Effroyable secret du docteur Hichcock"
De Robert Hampton (Riccardo Freda), avec : Barbara Steele, Robert Flemyng, Silvano tranquilli, Harriet Medin
Artus Films
12,90 euros
"L’Orgie des vampires"
De Renato Polselli , avec : Marco Mariani, Giuseppe Addobbati, Barbara Howard, Carla Cavalli
Artus Films
12,90 euros
"Vierges pour le bourreau"
De Massimo Pupillo, avec : Walter Brandi, Mickey Hargitay, Femi Benussi, Luisa Baratto, Rita Klein.
Artus Films
12,90 euros
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