#MeToo dans le cinéma français : l'actrice Anouk Grinberg témoigne une fois de plus contre Gérard Depardieu

Sur le tournage des "Volets verts", "du matin au soir, on avait droit à ses salaceries", dénonce l'actrice à l'AFP, estimant que le comportement de Depardieu a empiré au fil du temps, grâce à la complaisance du milieu.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Anouk Grinberg, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 1er mars 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Anouk Grinberg, une des comédiennes qui ont décidé de dénoncer les agressions sexuelles dans le 7e art, revient sur le tournage du film de Jean Becker Les Volets verts (2022), auquel elle a participé et après lequel une membre de l'équipe a porté plainte pour agression sexuelle contre Gérard Depardieu. "Ce que les gens ont vu dans Complément d'enquête (sur Depardieu), c'est à peu près soft par rapport à ce que, moi, j'ai vu sur les Volets verts, et je ne suis pas la seule, on l'a tous vu, on l'a tous entendu (...). Du matin au soir, on avait le droit à ses salaceries", a déclaré l'actrice à l'AFP.

À la suite de ce tournage, une nouvelle femme a déposé plainte en février contre Gérard Depardieu. L'affaire a été révélée par Mediapart : après de nombreux propos graveleux de l'acteur, Amélie, 53 ans, décoratrice de cinéma, raconte au journal en ligne avoir été "attrapée avec brutalité". Il l'a "bloquée en refermant ses jambes sur moi comme un crabe" et lui a "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à ses seins", dit-elle, exprimant le traumatisme ressenti. C'est l'intervention des gardes du corps de Depardieu qui a mis fin à l'agression.

Le comportement de Depardieu "a gravement empiré"

"Quand des producteurs de film engagent Depardieu sur un film, ils savent qu'ils engagent un agresseur. Pas un agresseur potentiel : un agresseur", estime Anouk Grinberg, pour qui le comportement de l'acteur a évolué. "Je l'ai toujours entendu avoir des propos sexuels, graveleux, mais ça a très, très gravement empiré, avec la permission du métier qui le paie pour ça, et qui couvre ses délits", confie-t-elle à l'AFP. "Sur certains films avec Depardieu, on dit à l'équipe avant le tournage : s'il y a le moindre problème, vous vous taisez. Si vous parlez, vous êtes virés. C'est efficace. (...) Les gens ont peur pour leur pomme, peur de perdre leur boulot et peur de ne pas être crus".

Anouk Grinberg revient aussi sur sa "complicité" passée avec la complaisance du milieu. "J'ai changé de vie. (...) Après avoir été démolie par (le réalisateur Bertrand) Blier [son ex-mari] et son cinéma, j'ai passé dix ans loin de ça, et pendant ces dix années, je n'ai pas rien fait, j'ai réfléchi. Après, il y a des rencontres très importantes qui font qu'on est révélé à soi-même, qu'on a accès à sa vérité. (...) Il y a six ans, j'ai rencontré Charlotte Arnould, qui à ce moment-là était très, très seule, complètement démolie par ce qu'elle venait de subir."

Gérard Depardieu est visé par cinq plaintes pour viols et agressions sexuelles. La comédienne Charlotte Arnould est la première à s'être rendue à la gendarmerie pour le dénoncer, en 2018. Elle affirme avoir été violée deux fois par l'acteur au domicile parisien de ce dernier, qui nie les faits. Quinze autres femmes l'accusent de violences sexistes et sexuelles. En avril 2023, Mediapart rapportait le témoignage de treize femmes assurant "avoir subi des gestes ou propos sexuels inappropriés". Deux autres femmes ont témoigné au micro de France Inter en juillet dernier.

Anouk Grinberg s'était déjà exprimée dans Elle en octobre dernier, affirmant que "tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu savent qu'il agresse les femmes", dénonçant le "silence assourdissant" du milieu du cinéma et apportant son soutien à Charlotte Arnould.

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