D-Day, des plages du débarquement au grand écran
Le débarquement allié du 6 juin 1944 sur les plages de Normandie ne pouvait pas être négligé par le cinéma. L'envergure de l'évènement, ses enjeux, le drame humain, l'aspect spectaculaire des moyens engagés, la beauté des décors et la multitude d'histoires individuelles permettent en effet d'imaginer des dizaines de scénarios différents. De la reconstitution historique au scénario inventé prenant racine dans le contexte, tout a été tenté avec plus ou moins de réussite.
Le Bataillon du Ciel
Le premier film date de 1947, il est aujourd'hui très difficile de le trouver. "Le Bataillon du Ciel" est adapté du livre éponyme de Joseph Kessel. Il raconte l'histoire des parachutistes français entraînés en Grande-Bretagne en vue du jour J. Joseph Kessel en avait fait partie. Le film sorti en 1947 avait été tourné dés 1945. En fait, l'action se déroule la veille du débarquement. Ce jour-là, en effet, le bataillon en question avait été parachuté sur la Bretagne. Une opération qui faisait bien sûr partie du débarquement. 77 Sas (Special Air Service) avaient été tués et 195 blessés entre le parachutage et la libération de la Bretagne.
L'extrait que voici est tiré de la première partie "Ce ne sont pas des anges" qui raconte l'entraînement du bataillon SAS de la France Libre, le second "Terre de France" relate la lutte au coude à coude avec la résistance.
En 1958, "Le Bal des Maudits", d'Edward Dmytryk, est nommé trois fois aux Oscars. Il n'obtiendra pas de récompense mais rencontrera un énorme succès public. Il suit les destins de trois personnages, un officier allemand de la Wehrmacht (Marlon brando), Un chanteur américain (Dean Martin) qui débarquera en Normandie et un un jeune Juif déshérité (Monty Clift) déclaré apte au service en même temps que le chanteur. Bien entendu, ces destins finiront par se croiser. Le jour le plus long
"Le Bataillon du Ciel" avait connu à sa sortie un immense succès public puisqu'il battit le record du nombre d'entrées. Mais en 1962, son souvenir fut presque effacé par une superproduction américaine de Daryl F Zanuck, "Le jour le plus long". Adapté du best seller de Cornelius Ryan, il s'attache à raconter le débarquement sous l'angle d'une multitude d'anecdotes individuelles, du simple soldat au plus gradé.
Anecdotes réelles
Certaines de ces anecdotes sont réelles (le parachutiste rendu sourd après être resté plusieurs heures accroché au clocher de Sainte-Mère-Eglise), d'autres sont romancées mais tirées de faits avérés (le jeune Américain qui confond tragiquement le bruit provoqué par l'armement d'un fusil allemand avec le cliquet de reconnaissance des soldats alliés). L'ensemble produit l'impression d'une épopée très "américaine". Une distribution très étonnante
Les plus grands acteurs du moments sont présents. C'est certainement le seul film de l'histoire du cinéma à faire se côtoyer dans sa distribution John Wayne et Pauline Carton, Sean Connery et Bourvil, Paul Anka et Arletty, Henry Fonda, Richard Burton, Robert Mitchum et Jean-Louis Barrault, Fernand Ledoux ou Jean Servais !
Une anecdote encore : les scènes du débarquement proprement dit ont été tournées sur une plage de Corse, le littoral normand ayant subi d'importantes modifications depuis juin 1944.
Le Mur de l'Atlantique
En 1970, Marcel Camus confie le rôle principal de son nouveau film "Le mur de l'Atlantique" à Bourvil dont ce sera le dernier film. Espérant retrouver l'esprit de "La Grande Vadrouille", il raconte l'histoire d'un brave paysan normand (Bourvil) pris malgré lui dans la tourmente de la fin de la guerre. Après avoir dérobé sans le faire exprès un document dévoilant tout le dispositif allemand, il se retrouve en Angleterre versé dans les troupes se préparant au débarquement. Sans atteindre l'humour du film de Gérard Oury, "Le Mur de l'Atlantique" est agréable et propose une assez bonne comédie évoquant ces évènements historiques avec légèreté. Mariage
En 1975, Claude Lelouch signe "Mariage". La saga d'un couple pendant une période de trente ans qui commence le jour du débarquement, le 6 juin 1944 et se referme le 6 juin 1974. Au delà de la gloire (The big Red One)
En 1980, Samuel Fuller décide de porter à l'écran sa propre expérience vécue lors de la Seconde guerre mondiale. On y suit quelques soldats américains de la "Big Red One" à laquelle il a appartenu. Cette division d'infanterie de l'armée américaine, la première, porte un grand "1" rouge sur son insigne. D'où son surnom. Le film rapporte l'épopée de cette bande de soldats unis par le combat. Après avoir fait la campagne d'Italie, la Big Red One débarquera en Normandie lors de l'opération Overlord et traversera l'Europe en repoussant l'armée allemande. Cette unité aura le triste privilège de découvrir le camp de Falkenau. Le débarquement allié de 1945 n'est qu'un épisode dans la longue suite d'évènements vécue par les protagonistes de ce film. "Au Delà de la Gloire" (The Big Red One) est souvent considéré comme l'un des meilleurs films de guerre. Il faut sauver le soldat Ryan (Saving Private Ryan)
C'est aujourd'hui avec "Le jour le plus long" le plus célèbre film dédié au 6 juin 1944. En 1998, Steven Spielberg fait de la scène du débarquement à Omaha Beach un moment de réalisme quasiment insupportable. Le spectateur descend des barges avec les soldats. Il tombe sous le feu ininterrompu des batteries allemandes depuis les falaises, il se noie, s'empêtre dans son uniforme, coule sous le poids des armes, suffoque, panique, tente de se protéger. À la sortie du film, la découverte sur grand écran de l'horreur de ce que fut vraiment ce moment décisif de l'Histoire poussa de nombreuses personnes à quitter la projection. Comme dans "The Big Red One", le film suit ensuite la progression des soldats que l'on a vus débarquer. Le prétexte est la recherche du Soldat Ryan qui doit être démobilisé après la mort de ses trois frères sur différents fronts. Le film a valu à Steven Spielberg 5 Oscar et deux Golden Globes. Sur le tournage de "Saving Private Ryan", le réalisateur Steven Spielberg et son principal interprète,Tom Hanks, se sont dit que le sujet valait d'être approfondi. Ils ont donc produit une suite, "Band of Brothers", une série télévisée. À la fin de la première saison (la seconde évoque la guerre dans le Pacifique), les hommes qui ont débarqué en Normandie libèrent les camps de concentration. Le titre de cet épisode est "Pourquoi nous nous battons".
Voici un extrait de l'épisode qui voit la libération de la ville normande de Carentan : Bien d'autres films et téléfilms
D'autres films comme "La vie de Château" (1966) de Philippe de Broca, "Les Femmes de l'Ombre" (2008) de Jean- Paul Salomé; "Les Misérables" (1995) de Claude Lelouch, "Nom de Code : Emeraude" (1985) de Jonathan Sanger et "Wolverine" de la Série X-Men se situent aussi en partie au moment du débarquement.
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