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Contrairement aux Oscars, les César reflet de la "diversité"

En pleine polémique sur les Oscars accusés d'être "trop blancs", les nominations aux César français, dévoilées mardi, donnent une large place à la "diversité", reflétant la part grandissante des minorités dans le cinéma français.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Soria Zeroual et Zita Hanrot dans "Fatima", de Philippe Faucon
 (DR)

 "Un certain décalage qui existait autrefois et perdure encore en partie entre la réalité de la société française et sa représentation à l'écran se rattrape peu à peu", s'est réjoui Philippe Faucon, réalisateur de "Fatima", émouvant portrait d'une femme de ménage immigrée en lice pour quatre récompenses, dont celle du meilleur film. "Ces nominations sont audacieuses et bienvenues", a ajouté le cinéaste né au Maroc, interrogé par l'AFP.
              
Parmi les oeuvres nommées dans la catégorie meilleur film, outre "Fatima", figurent notamment "Mustang" de la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven, récit de l'émancipation de cinq soeurs adolescentes en Turquie, ou "Dheepan" de Jacques Audiard, sur le parcours en France de réfugiés  sri-lankais.
              
"La sélection couvre un beau panel de ce qu'est la France aujourd'hui", s'est félicitée mercredi la maîtresse de cérémonie des César, l'humoriste Florence Foresti, se disant "fière d'être Française".
Reportage J. Sauvadon / J. Adde / F. Gramond


Trois femmes nommées pour la meilleure réalisation           

"La sélection est très riche, très diverse", a déclaré de son côté le président de l'Académie des César Alain Terzian.
              
Reflétant aussi une certaine parité -avec trois femmes (Deniz Gamze Ergüven, Maïwenn et Emmanuelle Bercot) sur sept nommés pour la meilleure  réalisation-, les César mettent l'accent sur la diversité également chez les comédiens sélectionnés.
              
Le tamoul Antonythasan Jesuthasan, acteur dans "Dheepan", côtoie Gérard Depardieu ("Valley of Love") ou Vincent Lindon ("La Loi du marché") dans la catégorie meilleur acteur.
              
Chez les femmes, l'actrice principale de "Fatima" Soria Zeroual, née en 1970 en Algérie et femme de ménage dans la vie, figure parmi les nommées, tout comme l'actrice marocaine Loubna Abidar pour "Much Loved", film sur la prostitution interdit au Maroc. Elles affronteront Catherine Frot  ("Marguerite") ou Catherine Deneuve ("La Tête haute").
              
Pour les espoirs féminins, Zita Hanrot dans "Fatima" disputera le prix à Camille Cottin ou Lou Roy-Lecollinet.


Une tendance qui s'accentue

La représentation de la diversité aux César n'est pas nouvelle, mais semble s'accentuer. Le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche avait notamment été multi-récompensé en 2005 pour "L'Esquive" et en 2008 pour "La Graine et le mulet".
              
L'an dernier, c'est le film franco-mauritanien "Timbuktu" qui avait triomphé avec sept prix, dont celui du meilleur réalisateur pour Abderrahmane  Sissako, devenu le premier cinéaste africain à recevoir cette récompense.
              
Du côté des acteurs, Omar Sy avait reçu le César du meilleur acteur en 2012  pour "Intouchables" et Reda Kateb celui du meilleur second rôle masculin pour  "Hippocrate" l'an dernier.
              
Tahar Rahim avait été sacré meilleur espoir masculin en 2010 pour "Un  Prophète", ou Leïla Bekhti meilleur espoir féminin en 2011 pour "Tout ce qui brille".



Un tournant avec "Indigènes"             

"Il y a une montée lente mais réelle de la présence de ce qu'on appelle les minorités visibles ou les gens issus de l'immigration, essentiellement arabe et noire, dans le cinéma français. Assez mécaniquement, cela se répercute dans les sélections aux César ", a déclaré à l'AFP le critique et historien du cinéma Jean-Michel Frodon.
              
Pour lui, "il a eu un tournant avec 'Indigènes'" de Rachid Bouchareb, qui avait reçu le César  du meilleur scénario en 2007 et le prix d'interprétation masculine à Cannes en 2006 pour ses acteurs, donnant "le signal d'une reconnaissance".
              
Cependant, cette présence d'artistes issus de l'immigration dans le cinéma français est "toujours insuffisante en terme de représentativité numérique",  juge-t-il. "On peut dire que ça va mieux qu'ailleurs, ou que ça ne va pas encore comme ça devrait. Les deux sont vrais".
              
Aux États-Unis, l'Académie des Oscars s'est trouvée au coeur d'une ardente controverse ces dernières semaines, après dévoilé pour la deuxième année de suite une sélection de 20 acteurs exclusivement blancs comme finalistes.
              
Plusieurs personnalités du cinéma ont décidé de bouder la cérémonie, dont le réalisateur Spike Lee.

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