"Considérer l'IA comme un outil" : les cinéastes Christopher Nolan, Steven Sonderbergh et l'acteur Arnold Schwarzenegger ont leurs avis sur cette révolution technologique
Les évolutions technologiques, notamment le développement de l'intelligence artificielle (IA), sont l'une des causes du conflit social qui secoue actuellement Hollywood. Ces dernières semaines, des stars américaines se sont exprimées sur le sujet.
L'intelligence artificielle ne relève plus de l'imagination
L'une des dernières sorties en date est celle de l'acteur américain Arnold Schwarzenegger, le héros de la saga Terminator, qui estime que son réalisateur James Cameron était un visionnaire quant à l'évolution de l'intelligence artificielle. "Aujourd'hui, tout le monde est effrayé par l'IA, par ce qu'elle va devenir", a déclaré le comédien en évoquant les craintes inspirées par cette technologie, lors d'une soirée qui lui était dédiée (An Evening with Arnold Schwarzenegger") à l'occasion de la sortie d'un ouvrage sur lui. "Dans Terminator, nous parlons des machines qui deviennent conscientes d'elles-mêmes et qui prennent le contrôle", rapporte le magazine américain People (lien en anglais). Dans cette œuvre de science-fiction, dont le premier opus est sorti en 1984, Arnold Schwarzenegger note qu'"à l'époque, nous (avions) effleuré la surface de l'IA". "Aujourd'hui, a-t-il ajouté, au fil des décennies, c'est devenu une réalité. Il ne s'agit donc plus d'un fantasme ou d'une sorte de futurisme (...) C'est cela l'écriture extraordinaire de Jim Cameron".
La presse serait moins douée que le cinéaste, à en croire Christopher Nolan, le réalisateur du film Oppenheimer – l'une des grosses sorties de l'été qui revient sur le parcours de l'inventeur de la bombe atomique –, car elle ne semble pas avoir vu arriver cette évolution et ses conséquences. "La croissance de l'IA en termes de systèmes d'armes et les problèmes qu'elle va créer sont très évidents depuis de nombreuses années. Peu de journalistes ont pris la peine d'en parler. Maintenant qu'un chatbot peut écrire un article pour un journal local, c'est soudain une crise", a-t-il répondu, interrogé sur la menace que l'IA pouvait représenter dans un récent entretien accordé au magazine américain Wired (lien en anglais).
Ni dieu ni être humain
"Si nous soutenons l'idée que l'IA est toute-puissante, nous admettons qu'elle peut décharger les gens de la responsabilité de leurs actes sur le plan militaire, socio-économique, etc. Le plus grand danger de l'IA est que nous lui attribuions des caractéristiques dignes d'un dieu et que nous nous exonérions ainsi de toute responsabilité". De même, analyse Christopher Nolan, "si nous accordons à l'IA le statut d'être humain, comme nous l'avons fait à un moment donné sur le plan juridique avec les entreprises, alors oui, nous aurons d'énormes problèmes". Pour le cinéaste, la question de la responsabilité est le principal défi à relever en matière d'intelligence artificielle.
"Je pense, précisait-il auparavant, que l'IA peut être quand même un outil très puissant pour nous. Je suis optimiste à ce sujet. Je le suis vraiment. Mais nous devons la considérer comme un outil. La personne qui le manie doit encore assumer la responsabilité de cet outil". Christopher Nolan, qui compte bien tirer profit de cette technologie dans l'exercice de son art, a ainsi sa recette pour l'aborder. "Ma position sur la technologie, en ce qui concerne mon travail, est que je veux [l]'utiliser pour ce qu'elle a de mieux à offrir", résume-t-il.
"Aucune expérience de vie"
Steven Sonderbergh est sur la même longueur d'onde. La possibilité que l'intelligence artificielle puisse remplacer les scénaristes et les acteurs n'est pas un sujet qui hante ses nuits, a-t-il indiqué à Variety (lien en anglais) qui l'interrogeait à ce propos à l'occasion de la sortie prochaine de sa mini-série Full Circle" Je suis peut-être le Neville Chamberlain [ancien Premier ministre britannique, cosignataire des accords de Munich en 1938 qui n'ont pas empêché le chancelier allemand Adolf Hitler de déclarer la guerre un an plus tard] de ce sujet, mais je n'ai pas peur de l'IA dans ce contexte spécifique. Elle n'a aucune expérience de la vie", constate le réalisateur américain.
"(L'intelligence artificielle) n'a jamais eu la gueule de bois. Elle n'a jamais préparé un repas pour quelqu'un qu'elle aimait. Elle n'a jamais eu peur en rentrant chez elle tard le soir. Elle ne s'est jamais sentie fragile parce que quelqu'un avec qui elle était au lycée, il y a 20 ans, a connu une réussite incroyable. Je n'en ai pas peur. C'est juste un autre outil". Et Steven Sonderbergh de conclure : "Si (cet outil) vous aide à terminer la première version d'un scénario, tant mieux. Mais est-ce qu''il peut le finir et le rendre génial en soi ? Absolument pas. À ce jour, (tout cela) ne m'empêche pas de dormir la nuit".
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