Coffret DVD : "Voyages vers la Lune"
Dernier opus de sa collection prestige, Artus Films aligne "De la Terre à la Lune" (1959, Byron Askin), et trois inédits en France : "Project Moonbase" (1953, Richard Talmadge), "Mutiny in Outer Space" (1965, Hugo Grimaldi) et "Missile to the Moon" (1958, Edward E. Cunha). Toujours dans un superbe coffret agrémenté de quatre cartes postales reproduisant les affiches d'époque, un livret ressitue les films dans leur contexte : une invitation au voyage spatiale... et au comique involontaire.
De la Terre à la Lune adapte le roman éponyme de Jules Verne, ainsi que sa suite "Autour de la Lune". Vieux routier de la science-fiction au cinéma ("la Guerre des mondes", "La Conquête de l'espace", « Robinson Crusoe sur Mars), Byron Haskin en réalise une honnête (et seule) version, s'octroyant surtout un beau casting avec en tête George Sanders, Joseph Cotten et Debra Paget. Son superbe technicolor très chromo transcrit un univers chamarré situé dans l'immédiat après guerre de Sécession aux Etats-Unis, et visualise de nombreux effets spéciaux spectaculaires et colorés. Le conflit sécessionniste constitue toute la toile de fond du film, puisqu'il se poursuit dans cette course à la Lune où s'affrontent deux savants, l'un nordiste (Cotten), l'autre sudiste (Sanders). Un peu bavard dans sa première partie, l’action prend le dessus par la suite avec entrain
Avec Project Moonbase, la barre est nettement placée plus bas. En noir et blanc, interprété par des acteurs lambda, le pitch recoupe l’exacte préoccupation majeure du moment (1953). Une mission spatiale américaine, envoyée autour de la Lune pour repérer les sites appropriés à une base américaine, est sabotée par un espion russe. Symptomatique du maccarthysme ambiant issu de la guerre froide, "Project Moonbase" vaut comme reflet de cette propagande dont la science-fiction américaine s’est faite largement l’écho, mais aussi pour l’humour involontaire de ses costumes, où les astronautes bagnaudent en short et coiffés de bonnets de bain dans des décors high-tech en contreplaqué.
Dans Mutiny in Outer Space, du même acabit, une mission lunaire de retour à sa station orbitale, se trouve infectée par un virus extraterrestre qui contamine petit à petit ses membres, puis tout l’habitacle dans le but de conquérir la Terre. Le thème du « fungus » extraterrestre est un classique ("Le Monstre" (1955), "Les Envahisseurs de l’espace" (1970)…) Datant de 1965 (3 ans avant la sortie de "2001, l’Odyssée de l’espace", film ultime sur le voyage lunaire), "Mutiny in Outer Space" ne bénéficie pas pour autant d’effets spéciaux plus convaincants que ses prédécesseurs, mais d’un look est un peu plus sexy.
Le pompon revient à Missile to the Moon, pur produit destiné aux Drive-in et aux ados des années 50. Un savant outrepasse l’ordre du gouvernement américain et s’envole vers la Lune avec deux savants et deux voyous infiltrés à bord. Arrivés à destination, ils vont être confrontés à des monstres de pierre, de charmantes sélénites et une araignée géante. Le bis comme on l’aime : un scénario sans queue ni tête, des décors et des costumes à se rouler par terre, des monstres à gogo (l’araignée géante est sortie des magasins de l’Universal après avoir servi pour les photos publicitaires de "Tarantula") et une figuration féminine issue de tous les concours de beauté du monde. Waow ! Un des deux voyous est un clone de James Dean, le film datant de 1958, alors qu’il est au faîte de sa gloire. What else ?
Quatre films, dont trois inédits, reflets d’une époque révolue du cinéma, pas toujours en très bon état, mais très visibles, qui réjouiront les amateurs du genre, en quête de curiosités épicées et rigolardes.
Voyages vers la lune
Coffret de deux DVD et quatre fiilms
Ed. Artus Films
22,99 euros
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