Cannes 2018 : "Cómprame un revólver", une enfance chez les narcotrafiquants mexicains
Même dans la pire des situations, l'enfance trouve des réponses dans l'innocence et l'imagination. "Cómprame un revólver" est l'histoire de Huck (Matilde Hernandez Guinea). Elle a une dizaine d'années et vit avec son père, drogué mais aimant, dans un camping-car. La région a perdu presque toute sa population féminine à cause de la violence, les narcotrafiquants enlèvant toutes les femmes, jeune filles et fillettes. Huck se fait passer pour un garçon.
Faîcheur et innocence de l'enfance
La vie de Huck est partagée entre ce père avec qui elle vit seule et qui se défonce devant elle, et sa bande de copains, des gamins organisés en bande et passés maîtres dans l'art de se camoufler. La petite troupe complote pour parvenir à tuer le chef des narcotrafiquants qui terrorisent la région : il a mutilé Angel, l'un des gosses, lui coupant le bras gauche pour le punir d'avoir volé. Juan Hernandez Cordon parvient à préserver la fraîcheur de l'enfance chez ces gamins qui n'ont jamais connu que la violence, la mort et le cynisme. On est certes loin des kid movies du cinéma américain et pourtant ces gamins sont les lointains cousins de la petite bande de E.T.Munis d'armes dérisoires ou à l'aide d'une catapulte de fortune, ils s'entraînent dans le désert, certains de parvenir à leurs fins. "Cómprame un revólver" (Achète moi un revolver) est un film sur l'enfance, l'innocence, la solidarité et l'espoir dans un monde quasiment privé de toutes ces notions. Le défi est réussi. Et il doit beaucoup à l'interprétation des enfants, notamment la petite Matilde Hernandez Guinea. Malgré son très jeune âge, elle ne paraît jamais singer des gestes qu'on lui aurait demandé de répéter. Elle interprète absolument son personnage, crédible et profonde, légère aussi de son enfance, dans chacune des scènes.
L'optimisme du scénario ne doit pas faire oublier que si ses personnages s'en sortent au mieux, au moins en ce qui concerne les plus jeunes, le Mexique, la Colombie et une grande partie de l'Amérique latine doivent faire face au défi démocratique que représentent les narcotrafiquants mais aussi les milices paramilitaires. Plusieurs films sélectionnés au cours de cette Quinzaine des Réalisateurs abordent sous des angles différents ces enjeux qui prennent presque la taille d'un continent ("Les oiseaux de passage" ou encore "Los Silencios"). Une image composite souvent bien différente que celle colportée par les séries et les films américains.
La fiche
Genre : Drame
Pays : Mexique
Réalisateur : Julio Hernández Cordón
Acteurs : Matilde Hernandez Guinea, Rogelio Sosa, Sostenes Rojas...
Sortie : date inconnue
Synopsis : Dans un proche avenir et un Mexique submergé par la violence, où les femmes se prostituent et sont tuées, une fille porte un masque de Hulk et une chaîne autour de sa cheville pour cacher son genre, et aide son père, un addict tourmenté, à prendre soin d’un terrain de baseball abandonné où jouent des dealers. Il a réussi à la garder en sécurité avec succès jusqu’au jour où, lui qui est un joueur de trompette accro au crack, est appelé pour jouer dans une fête organisée par un baron de la drogue dans le désert. Le père n’a pas d’autres choix que d’emmener sa fille avec lui. La fête est immense, il y a même une scène de concert. Hulk explore les alentours jusqu’à ce que l’artiste principal monte sur scène et félicite le baron de la drogue. En quelques secondes, le lieu se remplit de lumières de laser rouge et des cris se font entendre. Le père de Hulk la cache. Le jour suivant, Hulk se réveille entourée par le chaos et la mort. À ce moment-là, la fille se bat pour sa liberté et tente désespérément de s’enfuir.
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