Cannes 2018 : "Miraï, ma petite sœur", superbe animation japonaise sur l'enfance
Depuis quelques années, Mamoru Hosoda, 51 ans, est reconnu comme l'un des maîtres de la nouvelle génération de l'animation japonaise. Il a travaillé pour plusieurs studios réputés, mais jamais pour Ghibli malgré un projet avorté. Aujourd'hui, il propose "Miraï ma petite soeur" avec le studio Chizu. Ce qui intéresse Hosoda, c'est raconter des histoires de famille, mettre en scène l'univers des enfants. Son héros, cette fois, a quatre ans et se prénomme Kun (voix de Moka Kamishiraishi). Il est bien installé au coeur des préoccupations de son père et de sa mère quand sa soeur Miraï vient au monde. Tout le film raconte comment Kun va réussir à retrouver une place, sa place, dans cette famille dont le centre de gravité s'est déplacé sans qu'il ait vu venir le coup.
Kun balance constamment entre la réalité et la fantasmagorie, entre ce qu'il vit, ce qu'il ressent. Et personne ne pourra affirmer que cette réalité est "moins vraie" que ses voyages dans l'espace et dans le temps. Parce que Kun voyage. Il rencontre son grand-père disparu qui lui enseigne à dompter sa peur, un grand-père en pleine jeunesse qu'il reconnaîtra ensuite dans l'album de photo de famille. Mais il discute aussi avec sa petite soeur devenue grande, sa propre mère encore enfant, il emprunte un de ces trains dont il est passionné pour un voyage initiatique jusque dans une gare de Tokyo à la fois rêve et cauchemar.
Le petit garçon ne passe pas un bon moment. Il a peur, il est déstabilisé, hanté par le visage d'une sorcière, sorte d'avatar coléreux de sa mère. Mais il trouve peu à peu sa place, non seulement auprès de ses parents et de sa soeur mais également celle qui est la sienne dans toute sa généalogie. Un arbre planté au milieu du patio qui sert de jardin garde symboliquement toute l'histoire passée et à venir de la famille de Kun.
Le dessin de "MiraÏ ma petite soeur" est moins fin que celui qui nous avait émerveillé lors de la projection du dernier film d'animation japonaise proposé à la Quinzaine des Réalisateurs. C'était en 2014 "Le conte de la princesse Kaguya" d'Isao Takahata, disparu le mois dernier. Au delà de l'animation elle-même, le dessin de "Miraï" se fait prodige quand il s'attaque à l'architecture ou aux décors urbains. Un travelling sur la ville où réside Kun, partant de l'horizon, embrassant toute la cité avec ses voitures, son trafic autoroutier et ferroviaire pour aboutir en plan serré sur la rue et la maison de Kun est une prouesse admirable.
Mamoru Hosoda a été questionné par le public de la Quinzaine des Réalisateurs sur les raisons de son choix de traiter quasiment systématiquement maintenant d'histoires familiales, avec des héros enfantins. Concernant "Miraï", s'agissait il pour lui d'un récit autobiographique ? "Je suis fils unique", a répondu le réalisateur japonais, "je ne sais pas ce que c'est qu'avoir un frère ou une soeur ! Je ne sais même pas si ce que je raconte dans ce film est juste". Une véritable oeuvre de fiction, en quelque sorte qui rappelera pourtant peut-être des souvenirs à bien des spectateurs, enfants ou parents !
La fiche
Genre : animation
Réalisateur : Mamoru Hosada
Pays : Japon
Acteurs : Moka Kamishiraishi, Haru Kuroki
Durée : 1h40
Sortie : courant 2018
Synopsis : Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-ma-gique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire.
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