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Cannes 2018 : Fin de la malédiction pour "L'homme qui tua Don Quichotte", autorisé à sortir en salles samedi

Après un début de tournage avorté en 2000, un casting complètement remanié et 9 tentatives de production, l'adaptation de l'oeuvre de Cervantès par Terry Gilliam semblait frappée de malédiction. C'est terminé. Le film va enfin être projeté à Cannes. Et il sortira dans les salles françaises samedi, a décidé la justice.
Article rédigé par franceinfo
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"L'Homme qui tua Don Quichotte" de Terry Gilliam (ici les acteurs Adam Driver et Jonathan Pryce).
 (Diego Lopez Calvin)
Le Trbunal de grande instance de Paris, saisi en urgence, a débouté vendredi la demande du producteur portugais Paulo Branco qui réclamait la suspension de distribution de ce long métrage et par conséquent l'interdiction de sa sortie en salles samedi, au motif qu'il estime détenir les droits sur ce long-métrage avec sa société Alfama Films.

Un film longtemps maudit

C'est presque un miracle que "L'homme qui tua Don Quichotte" soit projeté à Cannes tant la production de ce film a été compromise. La bataille juridique qui oppose le producteur Paulo Branco à l'ancien Monthy Python Terry Gilliam n'est pas le seul écueil auquel le réalisateur de "Brazil" a dû faire face au cours des années.

La réputation de film maudit de "Don Quichotte" vient en premier lieu des difficultés liées au financement et des conditions désastreuses de tournage qui ont inlassablement forcé Terry Gilliam à recommencer de zéro.

Reportage : J. Beckrich / S. Gorny / G. Beaufils / A. Fischer / D. Da Meda / T. Montgellaz / R. Torregrossa /  M. Bitton

Cinq "Don Quichotte" différents

Pendant ces 18 ans de tournages avortés et de déceptions, ce sont cinq "Don Quichotte" différents qui ont enfilé l'armure du héros de Cervantès devant la caméra de l'ancien Monty-Python. Jean Rochefort, Robert Duvall, John Hurt, Michael Palin et enfin l'acteur britannique Jonathan Pryce. Les déconvenues du premier tournage avaient d'ailleurs fait l'objet d'un saisissant documentaire intitulé "Lost in La Mancha".

Le scénario a subi plusieurs altérations, notamment une réécriture du personnage aujourd'hui par Adam Driver. Il "se retrouvait au XVIe siècle et rencontrait le vrai Don Quichotte", a expliqué Gilliam dans une récente interview. La version définitive, plus baroque, propose un mise en abyme qui joue avec cette malédiction. À plusieurs reprises, le film fait allusion au tournage raté et propose des allers-retours permanents entre passé et présent. 

Un acharnement du sort

"L'homme qui tua Don Quichotte" a souvent été retardé à cause de problèmes de santé des acteurs principaux qui étaient amenés à tourner dans des conditions difficiles au vu de leur grand âge.

Le tournage originel avait ainsi dû être interrompu à cause des problèmes de dos qui gênaient Jean Rochefort, premier Don Quichotte pour Gilliam. L'acteur français, décédé en 2017, souffrait en fait d'une double hernie discale qui lui empêchait totalement de monter à cheval. Ces difficultés, couplées à des retards dans la production, ont forcé Terry Gilliam à mettre fin au premier projet.

  (Quixote Films / Low Key Producti / Collection ChristopheL)

Les conditions météorologiques désastreuses ont aussi freiné la progression du tournage. En 2000, des précipitations diluviennes s'abattent sur la région de Madrid où sont réalisées les premières scènes du film. La pluie, en plus d'endommager une partie du matériel de prise d'images et de son, rend sa luxuriance à cette contrée jusque-là désertique. Ces changements dans le décor naturel obligent l'équipe du film à trouver de nouveaux espaces à mettre en scène.

"Un bien meilleur film" qu'en 2000

À la veille de la présentation du film en clôture du Festival de Cannes, Terry Gilliam a exprimé sa satisfaction vis-à-vis du résultat final, diffusé en clôture du Festival. "C'est un bien meilleur film que celui que je n'ai pas fini en 2000", a confié le réalisateur en référence au tournage catastrophe et inachevé de la première itération de son Don Quichotte.

Je dois remercier Thierry Frémaux, Pierre Lescure et Paulo Branco pour la publicité qu'il a faite à ce projet", a-t-il déclaré avant de conclure sur une note positive. "Montrer le film à Cannes valait bien tous les emmerdements que j'ai subis." Le cinéaste n'aura pourtant pas été au bout de ses peines puisque le verdict sur l'autorisation du film à sortir dans les salles obscures n'est tombé que vendredi.

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