Cannes 2018 : Fin de la malédiction pour "L'homme qui tua Don Quichotte", autorisé à sortir en salles samedi
Un film longtemps maudit
C'est presque un miracle que "L'homme qui tua Don Quichotte" soit projeté à Cannes tant la production de ce film a été compromise. La bataille juridique qui oppose le producteur Paulo Branco à l'ancien Monthy Python Terry Gilliam n'est pas le seul écueil auquel le réalisateur de "Brazil" a dû faire face au cours des années.La réputation de film maudit de "Don Quichotte" vient en premier lieu des difficultés liées au financement et des conditions désastreuses de tournage qui ont inlassablement forcé Terry Gilliam à recommencer de zéro.
Reportage : J. Beckrich / S. Gorny / G. Beaufils / A. Fischer / D. Da Meda / T. Montgellaz / R. Torregrossa / M. Bitton
Cinq "Don Quichotte" différents
Pendant ces 18 ans de tournages avortés et de déceptions, ce sont cinq "Don Quichotte" différents qui ont enfilé l'armure du héros de Cervantès devant la caméra de l'ancien Monty-Python. Jean Rochefort, Robert Duvall, John Hurt, Michael Palin et enfin l'acteur britannique Jonathan Pryce. Les déconvenues du premier tournage avaient d'ailleurs fait l'objet d'un saisissant documentaire intitulé "Lost in La Mancha".Le scénario a subi plusieurs altérations, notamment une réécriture du personnage aujourd'hui par Adam Driver. Il "se retrouvait au XVIe siècle et rencontrait le vrai Don Quichotte", a expliqué Gilliam dans une récente interview. La version définitive, plus baroque, propose un mise en abyme qui joue avec cette malédiction. À plusieurs reprises, le film fait allusion au tournage raté et propose des allers-retours permanents entre passé et présent.
Un acharnement du sort
"L'homme qui tua Don Quichotte" a souvent été retardé à cause de problèmes de santé des acteurs principaux qui étaient amenés à tourner dans des conditions difficiles au vu de leur grand âge.
Le tournage originel avait ainsi dû être interrompu à cause des problèmes de dos qui gênaient Jean Rochefort, premier Don Quichotte pour Gilliam. L'acteur français, décédé en 2017, souffrait en fait d'une double hernie discale qui lui empêchait totalement de monter à cheval. Ces difficultés, couplées à des retards dans la production, ont forcé Terry Gilliam à mettre fin au premier projet.
Les conditions météorologiques désastreuses ont aussi freiné la progression du tournage. En 2000, des précipitations diluviennes s'abattent sur la région de Madrid où sont réalisées les premières scènes du film. La pluie, en plus d'endommager une partie du matériel de prise d'images et de son, rend sa luxuriance à cette contrée jusque-là désertique. Ces changements dans le décor naturel obligent l'équipe du film à trouver de nouveaux espaces à mettre en scène.
"Un bien meilleur film" qu'en 2000
Je dois remercier Thierry Frémaux, Pierre Lescure et Paulo Branco pour la publicité qu'il a faite à ce projet", a-t-il déclaré avant de conclure sur une note positive. "Montrer le film à Cannes valait bien tous les emmerdements que j'ai subis." Le cinéaste n'aura pourtant pas été au bout de ses peines puisque le verdict sur l'autorisation du film à sortir dans les salles obscures n'est tombé que vendredi.
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