Cannes 2016 : "Voyage dans le cinéma français", l'autobiographie cinéphile de Bertrand Tavernier
C'est presque à se demander si, à 75 ans, Bertrand Tavernier a fait autre chose dans sa vie que voir des films, en réaliser, rencontrer des réalisateurs, des acteurs, des scénaristes, des compositeurs de bande originale et s'il a un jour parlé d'autre chose que de cinéma. Cette fois, il se raconte. Mais bien entendu, c'est à travers des extraits de fims qui ont compté pour lui, d'interviews retrouvées de personnalités du 7e art à qui il entend ainsi dire "merci". Et, pour reprendre un mot qui lui vient souvent à propos d'une scène ou d'une interprétation, le résultat en est "épatant".
Si Bertrand Tavernier a limité ce voyage au cinéma français, c'est parce que c'est le premier qu'il a découvert, enfant et adolescent, dans les petites salles lyonnaises ou lors de projections au sanatorium. Aussi sans doute parce que Martin Scorsese avait déjà proposé sur un mode voisin "Voyage dans le cinéma américain" et "Voyage dans le cinéma italien". "Mais", tient à préciser le Lyonnais "Mon amour du cinéma français, c'est mon amour du cinéma tout court".
Tavernier n'aime pas les chapelles, les écoles, il ne réunit pas les films en sous groupes nationaux ou en rassemblement stylistiques. Pour lui, il y a le cinéma, les réalisateurs, les acteurs... Ceux qu'il aime, ceux qui l'ont formé, et les autres. Parmi les premiers, il y a les noms qui brillent au firmament de l'histoire du cinéma et certains, plus discrets, voire oubliés, ou déconsidérés. Il ne les aiment pas moins.
Depuis de nombreuses années, Tavernier portait en lui ce projet, un film qui lui permettrait de manifester sa reconnaissance envers ceux qui l'ont rendu heureux. Jacques Becker, Jean Renoir, Henri Decoin, Jean Vigo et Henri Duvivier, Jean Gabin et Eddie constantine, Jean-Pierre Melville et Claude Sautet, Henri Jeanson et Jean Aurenche, Charles Spaak... S'il fait la part de l'homme et du cinéaste (comme pour Jean Renoir, chez qui il aime le réalisateur mais récuse l'homme), s'il ne se voile pas les yeux devant le paradoxe de certains autres, comme Marcel Carné ou Jean-Pierre Melville, Tavernier sait toujours ce qu'il doit à chacun.
Au terme de la projection, après 3h10 de délices et d'enthousiasmes cinéphiles, le spectateur n'est pourtant pas rassasié. Et tant mieux car il pourra se délecter ultérieurement lors de la diffusion télévisée de ce "Voyage dans le cinéma français", redécoupé et enrichi.
Synopsis : " Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de L'Atalante, à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy. A Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver. "
La fiche
"Voyage dans le cinéma français" Film français de Bertrand Tavernier 3h10 Diffusion télévisée et en DVD
Sortie en salles le 12 octobre 2016
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