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Cannes 2015 : Pierre Lescure a "un peu le trac" pour sa première présidence

"J'ai envie que la fête soit belle !", lance Pierre Lescure, à quelques jours du coup d'envoi du 68e Festival de Cannes, que le journaliste, cinéphile et ex-PDG du groupe Canal+ va présider. Un événement qu'il aborde avec "humilité et ambition", et un peu de trac, confie-t-il à l'AFP.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Temps de lecture : 4 min
Pierre Lescure, nouveau président du Festival de Cannes
 (Martin Bureau / AFP)

"Humilité, parce que je ne suis pas Gilles Jacob (son prédécesseur à la tête du festival), je n'ai pas fait de ce festival le plus grand du monde. Et puis avec ambition, parce que je pense avoir une relative légitimité pour bien connaître  le festival, le cinéma, son économie, les paramètres qui font sa création, l'extraordinaire révolution technologique qui fait que des économies fragiles peuvent présenter leurs premiers films", dit Pierre Lescure.
 
"Mon ambition suprême ce serait vraiment que, comme chaque année, à la fin du festival, l'écho de Cannes fasse qu'il y ait encore des millions de gens en plus à travers le monde qui aient envie d'aller au cinéma. J'ai envie que la fête soit belle, j'ai envie qu'elle soit  accueillante et donc bien organisée pour les 40.000 personnes qui vont venir à Cannes et être accréditées pendant la quinzaine, que ce soit au marché du film, au festival, ou aux deux. Donc forcément j'ai un peu le trac, je suis un peu transporté, je suis excité. Je trouve que c'est une chance inouïe. Je ne pense pas l'avoir volée." 

A Canal+, une alliance d'efficacité et de festivité 

Fils de militants communistes (son père était journaliste à L'Humanité), Pierre Lescure, né en 1945 dans une famille qui l'initie à la littérature et au cinéma américain, est un insatiable curieux qui est arrivé tout naturellement au journalisme au milieu des années 1960. Il travaille à RTL, RMC et Europe 1 avant de passer à la télévision où il présente le 20 heures d'Antenne 2  en 1973 et 1974, puis lance l'émission culte "Les Enfants du rock" et prend la direction de l'information en 1982.
 
Il n'a que 39 ans en 1984 lorsqu'il se lance, aux côtés d'André Rousselet,  dans l'aventure de Canal+. En 1994, il franchit une nouvelle étape en devenant président de Canal+. Il incarne alors le fameux "esprit canal" via un management atypique qu'il décrit  comme une "alliance d'efficacité et de festivité".
              
"Je sais que j'ai cette réputation mi-flatteuse, mi-moqueuse, qui sous-tend  à la fois une certaine originalité et de l'immaturité", admet-il. "C'est un laser, et ses reproches peuvent vous bouleverser tellement ils sont à la fois justes et l'expression de son affection", dit de lui le  journaliste Laurent Chalumeau, qui fut l'auteur des textes d'Antoine de Caunes dans "Nulle Part Ailleurs". Plus sévères, certains le disent sans pitié avec ceux qui l'ont trahi.              

Cannes, un nouveau défi 

Au tournant de l'an 2000, le groupe Canal+ se transforme en géant international, présent des deux côtés de l'Atlantique. Amoureux d'Hollywood, collectionneur de posters de pin-up et autres objets du Nouveau Monde, Pierre Lescure touche du doigt son rêve américain en prenant  la direction des studios Universal.
              
Mais l'épisode tourne court. Il est débarqué en 2002 par Jean-Marie  Messier, le président de Vivendi-Universal, qui le soupçonne de manoeuvrer contre lui alors que le groupe est en grande difficulté.
              
Il met deux ans à refaire surface, anime plusieurs émissions de télévision  avant d'être nommé, en 2008, directeur du Théâtre Marigny.
 
L'an passé, un nouveau défi s'ouvre à lui avec son élection à la présidence du Festival de Cannes, où il succède à Gilles Jacob, en poste depuis 2001. Un festival avec lequel il entretient une longue histoire. 

Une relation intime 

"Ma première visite à Cannes, c'est 1977, raconte-t-il. Je suis à Europe 1, et à l'époque la radio est plus importante que la télé. Europe 1 nous envoie à trois, Jean-Claude Brialy pour le cinéma français et européen, Eddy Mitchell pour le cinéma américain, et moi comme présentateur. Et on faisait deux heures  d'émission, de 22h à minuit tous les soirs. J'ai fait ça trois ans. C'est des  souvenirs merveilleux, parce qu'on savait qu'on allait faire l'émission le soir, à la nuit tombée, alors que les fêtes bruissent encore sur la Croisette  (...) Après il y a eu Canal+ qui a commencé en 1984, et la relation intime, imbriquée, presque en coït permanent, entre Canal+ et le cinéma (...) C'est  tout ça que j'ai vécu à Cannes, et puis les ouvertures, les clôtures." 

La touche Lescure : "La curiosité et le désir" 

Et un festival auquel il va tenter d'imprimer sa patte : "Je vais essayer d'être à la fois celui qui préside et celui qui accueille tous ceux qui vont monter les marches, qu'ils soient vedettes,  producteurs, scénaristes ou simplement cinéphiles. (...) Mon rôle, c'est aussi d'être responsable de la bonne santé économique du festival. Gilles Jacob a très bien géré cette entreprise, à travers les partenariats, à travers le sain équilibre entre partenariats privés et contributions publiques, et il faut préserver ce bel équilibre."
 
"Ce serait prétentieux de définir avant même d'avoir commencé vraiment la patte qui serait la mienne. Mon chemin est différent de  celui de Gilles Jacob, qui, très jeune, était l'un des meilleurs critiques de cinéma. Moi j'ai été journaliste, donc je m'intéresse plus peut-être à  l'histoire des choses, à raconter comment les rencontres, les associations de talents, se sont faites. Et puis j'aime la littérature, j'aime aussi beaucoup la musique, j'ai fait du théâtre. J'espère que la touche Lescure s'exprimera à travers cette curiosité universelle sur la création. La touche Lescure, je  pense que c'est la curiosité et le désir que je porte en sautoir depuis 69  ans."

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