Cannes 2015 : "Le lendemain" poursuite impitoyable à la suédoise
4 / 5 ★★★★☆
Le thème a été maintes fois traité au cinéma, c'est même un poncif du western. Un meurtrier retourne dans son village après avoir purgé sa peine de prison. Arrivé au sein de sa communauté, il est rejeté par tous ceux qui lui refusent le pardon et il doit se battre pour recouvrer sa place et sa dignité. La différence est que dans "Le Lendemain", l'ancien prisonnier n'est pas un criminel endurci, c'est un simple adolescent (Ulrik Munther). Le village, pour lui c'est le lycée où il entend bien continuer ses études. Mais c'est compter sans la peur qu'il inspire désormais à ses anciens condisciples et amis. Le rejet est quasi total et tourne à la chasse à l'homme.
Pastel
Le cinéaste a choisi de situer l'action de son film dans un village propret de la campagne suédoise. Les couleurs sont un pastel gris bleu, tout paraît calme et pacifique. Il faut un moment pour comprendre ce qui se joue autour du retour de John dans la maison familiale. Là, son père et son petit frère l'accueillent comme au retour d'un long voyage. Mais peu à peu la tension s'installe et lorsque John retrouve sa chaise et sa table au lycée, parmi ses anciens amis, il devient évident qu'un acte odieux a été commis et pour lequel il a payé. Non, John ne revenait pas de voyage, John sortait de prison.
Regard clinique
Il y a John, et il y a les méchants, comme dans les westerns. Mais sont-ils méchants? le cinéaste nous donne a comprendre qu'ils ont surtout peur et jouent spontanément les anticorps face à cet "ennemi" qui a déjà fait des ravages parmi eux. Ulrik Munther, qui a l'âge du rôle, laisse son personnage se remplir de colère et de souffrance. Le spectateur l'accompagne, à distance, car il est difficile de s'identifier complètement à un meurtrier, même adolescent. Magnus von Horn ne prend pas parti, il montre, presque cliniquement ce qui se passe autour de John. Cela suffit amplement à faire de "Le lendemain" un premier film très prometteur. A noter qu'il est le seul à avoir été projeté en 35 mm argentique à la Quinzaine des Réalisateurs.
Le Lendemain (Efterskalv)
Du réalisateur suédois Magnus von Horn
1h42
Avec Ulrik Munther, Mats Blomgren, Loa Ek, Wieslaw Komasa, Alexander Nordgren
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