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Cannes 2014 : "Mange tes morts" un western chez les gens du voyage

"Mange tes morts" du Français Jean-Charles Hue concourt à la Quinzaine des Réalisateurs. Le cinéaste a reconstitué un épisode violent vécu il y a quelques années avec le clan de Yéniches du nord de la France qui l'a adopté. Les acteurs jouent leur propres rôles.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vue partielle de l'affiche de "Mange tes morts"
 (DR)
La note Culturebox
3 / 5                  ★★★☆☆

"Mange tes morts" film français de Jean-Charles Hue, avec Frédéric Dorkel, Jason François, Mickaël Dauber, Moïse Dorkel, Philippe Martin. 1h34

Décidément, les comédiens professionnels ont du souci à se faire. Voici encore un film dont tous les interprètes sont amateurs. Et une fois encore, sans que l'oeuvre soit un documentaire, ils interprètent leur propre personnage.
Jean-Charles Hue, le réalisateur a de lointaines origines yéniches. Désireux de renouer avec ce passé et de mieux connaître ses racines, il a rencontré le clan des Dorkel, une famille de Gitans de Picardie. Il y a quelques années, il les a accompagnés sur un vol de camion qui a mal tourné. C'est à partir ce récit qu'il a bâti son scénario. "Mange tes morts" c'est l'insulte suprême des Gitans, elle signifie que la personne insultée n'est plus digne de ses racines.

Les comédiens sont parfaits. parce qu'ils sont eux-mêmes. Ils ne jouent pas, ils vivent les situations, d'instinct. Et il faut dire que le "gadjo" (non gitan) qui regarde le film reconnaitra dans Fred, l'un des principaux personnages, l'incarnation de tous les fantasmes qui entourent les gens du voyage. Il sort de prison après avoir été condamné pour le meurtre d'un policier. Sitôt revenu parmi les siens il embrigade petit frère et cousins. Il les emmène dans une voiture volée dérober un camion de cuivre. Improvisé, le casse ne se passera pas du tout comme prévu.

Mais Jean Charles Hue n'a pas fait ce film pour encourager à l'ostracisme anti-gitan. Bien au contraire. A un homme violent, aux réactions primaires et à la rage toute prête à exploser, il oppose une communauté devenue très religieuse et attentive à la loi. A l'issue d'une nuit qui sera pour le petit frère une espèce de rite de passage, le jeune choisira le baptème alors que l'aîné partira tout seul vers son destin. Il y a du John Ford dans ce dernier plan qui évoque le cowboy solitaire s'effaçant doucement au loin dans le soleil couchant.

La sincérité du propos et de l'interprétation reste le principal atout de ce film. Mais c'est aussi un de ses défauts, car à force de ne pas vouloir adapter la réalité aux exigences du cinéma, certains dialogues sont complètement incompréhensibles. Le vocabulaire des Yéniches ainsi que leur manière très particulière de parler échappe au spectateur moyen. Certains passages au moins gagneraient à être sous titrés comme il arrive que soient sous titrés des films dialogués en français du Québec ou d'Afrique.
 

Jean-Charles Hue et ses comédiens venus présenter "Mange tes morts" à la Quinzaine des Réalisateurs
 (Jean-François Lixon - Culturebox)

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