Campagne haineuse contre "Un Français", film sur la rédemption d'un skinhead
"Depuis plusieurs semaines, le film (...) fait l'objet sur les réseaux sociaux d'une spectaculaire campagne de haine attisée par des commentaires violents, agressifs, menaçants autour de sa bande-annonce", a déploré mardi le distributeur Mars Films dans un communiqué.
La sortie initiale envisagée dans une centaine de salles a finalement été ramenée à 60. Le nombre d'avant-premières envisagées a également été revu à la baisse."Sur les 50 avant-premières proposées (...) huit villes ont décidé d'en faire une, ce qui est déjà une vraie victoire", a écrit mercredi sur son blog le réalisateur, qui reconnaît aussi avoir des soutiens.
"C'est un film de paix", se défend le réalisateur
"Je me doutais évidemment que cela n'allait pas être simple, mais pas une seule seconde je n'aurais imaginé que des exploitants qui aiment le film ne le prennent pas parce qu'ils ont +peur+", lâchait mardi le réalisateur sur son blog, se disant "un peu abattu"."J'ai raconté l'histoire d'un homme qui se débarrasse de la violence et de la haine en lui. C'est un film de paix. Un film de cinéma", se défend-il. "Et ce que je reçois, depuis quelques semaines, n'est que violence et haine (...) et ce n'est pas du cinéma..." déplore-t-il, craignant que le film soit "quasiment mort-né".
L'histoire d'une rédemption
Inspiré de faits réels, "Un Français" raconte l'itinéraire sur une trentaine d'années d'un skinhead, Marc Lopez (interprété par Alban Lenoir) qui colle des affiches de l'extrême droite avec ses amis et s'amuse à frapper des Arabes et des Noirs.Peu à peu, il abandonne la haine qui l'habite, sous le regard ahuri de ses amis. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu'on a en soi ? "C'est le parcours d'un salaud qui va tenter de devenir quelqu'un de bien", résume la production.
"N'ayez pas peur", lance le coproducteur aux exploitants
Contacté par l'AFP, le coproducteur du film, Philippe Lioret (réalisateur de "Welcome" sur les migrants de Calais), se dit de son côté "atterré de voir que le film risque de sortir en catimini car les gens ont peur", ajoutant, ne pas comprendre pourquoi "l'exploitation est frileuse". Aux exploitants qui craignent des "échauffourées dans les salles", "je leur dis: n'ayez pas peur", lance-t-il.Le distributeur a confirmé la sortie du film mercredi 10 juin ainsi que sa diffusion en avant-première "dans certaines salles", "malgré toutes les tentatives d'intimidation qui, finalement, en justifient la portée". Le réalisateur, lui, n'a qu'un souhait : "que les gens voient mon film, simplement, et après on en reparle."
Le film a aussi des soutiens
Cyril Jacquens, directeur du cinéma Devosge à Dijon, a lui décidé de diffuser "Un Français" en avant-première ainsi que le jour de sa sortie nationale."C'est un film engagé mais c'est un film d'auteur avant tout, c'est pour ça que dès le départ nous avons souhaité le sortir", explique M. Jacquens qui salue "un très bon film".Selon lui, le film n'est pas "plus dangereux ou plus polémique que n'avaient pu l'être 'La Haine' à son époque ou 'Ma cité va craquer', qui étaient quand même des films très compliqués à sortir", ajoute-t-il, jugeant que "chacun agit selon sa conscience". "Je pense que c'est surtout un film qui fait peur par son propos ou par l'image qu'il peut dégager", estime-t-il.
Une page Facebook de soutien, intitulée "Soutien pour la sortie du film Un Français dans les salles" rassemblait plus de 700 membres mercredi après-midi.
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