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Siné, l'insoumis !

Le dessinateur Siné est mort ce jeudi à Paris à l'âge de 87 ans. Figure historique de Charlie Hebdo dont il a été écarté en 2008, il restera ce caricaturiste irrévérencieux et provocateur.
Article rédigé par franceinfo
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  (PHOTOPQR/VOIX DU NORD)

Nous sommes en 2008. Siné publie dans Charlie Hebdo une chronique sur Jean Sarkozy qui va ouvrir une violente querelle-politico-médiatique sur fond d'antisémitisme. Le dessinateur ironisait sur une éventuelle conversion au judaïsme du fils du président d'alors : "Il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit". Et réitérera quelques temps après. 

 

Des propos teintés d'antisémitisme selon le directeur de l'époque, Philippe Val déjà en conflit avec le dessinateur, qui avait décidé de le licencier. Deux semaines après, Philippe Val justifiait sa décision en expliquant que "les propos de Siné pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale, et ce n'était ni acceptable, ni défendable devant un tribunal".

  (Julien Pitinome / NurPhoto)

Pourtant, en décembre 2010, la société éditrice de Charlie Hebdo est condamnée par le tribunal de grande instance de Paris pour rupture abusive du contrat de collaboration qui la liait depuis seize ans avec le dessinateur à 40.000 euros de dommages et intérêts.

"Un canard qui chiera tranquillement dans la colle"

Entre temps, il avait annoncé, en septembre 2008, la sortie de son propre hebdomadaire satirique, intitulé Siné Hebdo, auquel vont collaborer entre autres Guy Bedos, Philippe Geluk, Christophe Alévêque ou Michel Onfray. "Un journal d'humour, libertaire. Ce qu'aurait dû être Charlie s'il était resté dans la tradition initiale. Un canard qui ne respectera rien et qui chiera tranquillement dans la colle et les bégonias sans se soucier des foudres et des inimités de tous les emmerdeurs", déclarait-il lors du lancement.

 

 
Un journal qui va toutefois, faute de rendement suffisant, disparaître deux ans plus tard. Mais l'année suivante, à 83 ans, il créé Siné Mensuel, "le journal qui fait mal et ça fait du bien", comme l'énonce sa devise et qui se révélera être un vif succès.
L'occasion de quelques dessins au vitriol où il tapait comme à ses débuts tour à tour sur les religions, les capitalistes, les flics, les colonialistes ou les militaires. "Un anarchiste", ce Siné, comme il se définissait lui-même en 1992 chez Ardisson.

Des convictions, des provocations et une irrévérence qu'il aura gardé jusqu'au bout. Dans son ultime billet, paru mardi, il disait "sentir la mort qui rôde" et "penser aussi à tous les enculés qui vont se frotter les mains. Ça m'énerve grave de crever avant eux".

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