"Le Patient", thriller graphique de Timothé Le Boucher
Timothé Le Boucher signe "Le Patient" (Glénat), une histoire de tuerie familiale non élucidée, mise en scène magistralement dans le nouveau roman graphique hitchcockien de ce jeune auteur. Un must.
L'histoire démarre sur une vue aérienne d'un quartier résidentiel, suivie par deux gros plans : des jambes nues, et une main portant couteau ensanglanté. Voilà pour la mise en bouche. Il fait nuit, rue des Corneilles. On découvre en tournant la page qui tient ce grand couteau à la main : une jeune fille, court vêtue, les yeux hagards, du sang partout. Elle vient manifestement de quitter la maison familiale dans laquelle les policiers découvrent une horrible scène de crime. Toute la famille Grimaud a été assassinée. Laura, la jeune fille au couteau est une des filles de la famille. Elle est arrêtée.
Des années plus tard, dans un hôpital, on retrouve Pierre Grimaud, le frère de la jeune fille. Il a survécu au massacre, et sort tout juste du coma qui a duré 6 ans. Il avait 15 ans au moment des faits. Il en a maintenant 21 et il apprend que sa sœur s'est suicidée peu de temps après le massacre. Le garçon, très beau, attire la convoitise des infirmières et fascine les jeunes patients de l'hôpital, accidentés de la vie. La nuit, Pierre est hanté par "un homme en noir". Il a avec Anna Kieffer, sa psychologue, belle et froide femme aux cheveux argentés, des rendez-vous hebdomadaires pour renouer le fil de sa vie, parler de sa famille (mère alcoolique et violente) et éventuellement se souvenir de ce qui s'est passé cette fameuse nuit…
Hitchcockien
Qui est Pierre ? Que s'est-il passé cette nuit-là ? Quel rôle joue la belle Anna Kieffer ? Qui manipule qui ? Que cache le "massacre des corneilles" ? Ce nouveau roman graphique de Timothé Le Boucher est un véritable thriller qui distille autour du personnage de Pierre Grimaud un suspense digne d'un film d'Hitchcock. Le scénario, parfaitement ficelé, ne dit pas tout, ne montre pas tout, et c'est dans les silences, dans les hors-champs que se fabrique la machine à frissons.
Lumière, découpage et cadrages hollywoodiens, ligne claire, le graphisme de Timothé Le Boucher sert parfaitement à l'ambiance glaciale de cette histoire. L'auteur de Ces jours qui disparaissent (Glénat, 2017), multi-primé, en cours d'adaptation au cinéma, démontre avec ce nouvel album sa grande maîtrise graphique et narrative, qu'il met en œuvre pour creuser les méandres complexes de la nature humaine, ici dans ce qu'elle a de plus sombre.
Le Patient, de Timothé Le Boucher (Glénat – 296 pages – 25 €)
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