Rencontre avec Philippe Tarral, un illustrateur de BD "à l’ancienne"
Son dernier gros projet s’intitule "Le Courrier de Casablanca". Le premier tome, dont les textes sont écrits par Pascal Davoz, est sorti en mai 2016, et tous les deux planchent déjà sur le second.
Dessiner dans la tradition franco-belge
Philippe Tarral préfère dessiner "à l’ancienne", dans le respect de la tradition. Il utilise très peu les outils numériques, ses planches sont sur papier, et il fait sa mise au net au pinceau, à la plume et à l’encre de Chine. Un fort moment de concentration, car le dessin existe déjà au crayon, et il ne faut pas rater les contours. "On a l’impression de faire partie d’une espèce de famille du dessin réaliste, de la fameuse école franco-belge" sourit-il. "Donc j’aime bien continuer à travailler avec des outils qu’utilisaient des dessinateurs il y a trente ou quarante ans, même un peu plus, des gens comme Uderzo".Le scénario de Courrier de Casablanca se déroule au coeur de l’aéropostale au Maroc, entre les deux guerres mondiales.
Spécialiste de la BD historique
Le dessinateur n’en est pas à son coup d’essai. Les personnages qu’il illustre font toujours référence à l’histoire et à une époque déterminée, ce qui demande bien sûr des recherches. Ses premiers albums s’intéressent aussi bien à la fin du Moyen-Âge dans "Le Crépuscule des braves", qu’aux légendes celtiques arthuriennes dans la série "Les Héros Cavaliers" écrite par Patrick Cothias. Avec "Casse-Pierre", adaptation du roman du même nom de Jacques-René Martin, il traite de Paris au XIXe siècle et de la Première Guerre mondiale dans le premier tome du "Courrier de Casablanca".Un travail de longue haleine
Pour mettre en image les scènes du second opus écrites par Patrick Davoz, Philippe Tarral doit donc au préalable se documenter, mais aussi "visualiser la scène, voir ce qui s’y passe et essayer d’imaginer des plans". Mais ce n’est jamais simple : "C’est, d’une certaine manière, plus compliqué que dans un film, parce qu’au cinéma il y a de la musique, les personnages sont vivants. Là c’est du dessin, donc c’est une interprétation de la réalité".Un défi, donc, et surtout un travail de titan. Le placement de l’épaule d’un personnage peut à lui tout seul générer des dizaines de croquis. Entre la documentation et le peaufinage des moindres détails, le processus d’illustration prend des mois. Le dessinateur doit donc s’armer de patience, et redessiner, une fois, deux fois, trois fois, jusqu’à satisfaction. Les amateurs de bande-dessinée ne pourront que s’en réjouir.
Biographie
Installé à Olivet près d’Orléans, Philippe Tarral est diplômé en Arts graphiques option communication visuelle des Beaux-Arts de Grenoble. Il commence à dessiner dans le fanzine "Bulles dingues", et sort son premier album, "Le Crépuscule des Braves", en 1991 (éditions du Lombard et scénario de Frank Giroud). En 1996, il prend le relais de Michel Rouge sur la série "Les Héros Cavaliers" de Patrick Cothias. Six tomes sont déjà parus. Depuis 2005, il est également enseignant à l’Esad d’Orléans.
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