"Supplément d'âme" : Hommage à Ray Bradbury
Mais je suis censée écrire sur la bande-dessinée et j'ai cherché un titre adéquat pour honorer Mr Bradbury. Je n'ai pas eu à chercher bien longtemps. Je vous apporte ce que peut-être vous attendez : « Supplément d'âme » de Kokor, récemment paru chez Futuropolis.
Il y a un peu plus d'une semaine quelqu'un a sauvé le monde. Les conflits se sont arrêtés, une harmonie absolument impensable s'est répandue partout. Mais qui est à l'origine de cet événement ? Qui a pu retourner l'ordre établi d'un clin d'oeil, du jour au lendemain ? Les médias ont beau répéter la question « WHO ? », personne ne revendique le miracle. Quelque chose d'étrange suit également son cours à Dublin depuis un certain temps. Des sculptures représentant de drôles d'oiseaux fleurissent de nuit en centre ville. Les autorités tentent d'attraper le ou les auteurs de ces oeuvres énigmatiques. En vain.
Au même moment, un homme s'applique à devenir invisible aux yeux de tous en se camouflant dans son quotidien, rejouant chaque jour ses habitudes, son rituel de la pause du midi où il va s'asseoir loin du tumulte de cette ville irlandaise, face à la mer. De son côté, un jeune Frenchie vient d'intégrer une entreprise dublinoise, à la direction du service après-vente. En signant, il savait que ce que produit cette compagnie depuis cinquante ans n'a jamais engendré aucune réclamation de client mécontent. L'objet en question fait partie de nos vies, de notre inconscient collectif, de nos souvenirs. Tout le monde le connait. Quelque chose flotte dans l'air, donnant à la vie un sentiment de douceur. Comme un rêve hors du temps et pourtant bien réel.
« Supplément d'âme » porte divinement son nom. Avec une grâce infinie, Kokor dessine une histoire ou plutôt des histoires qui n'en font qu'une. Ce puzzle s'assemblant tranquillement nous offre une grande bouffée d'air. Cet album est une poésie en prose dessinée, qui réchauffe et rassérène le lecteur. Une bande-dessinée à part, probablement une des plus belles choses que l'auteur ait écrite.
C'est aux sentiments que l'on éprouve en refermant un livre qu'on connait la valeur et la force d'un auteur et de ses histoires. Un grand merci à Alain Kokor, donc. Et un "Farewell" à Ray Bradbury, qu'il faut continuer à lire, encore, toujours. Que son supplément d'âme à lui ne tombe jamais dans l'oubli.
« Supplément d'âme » de Kokor, Ed. Futuropolis, 19€.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.