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"La fabrique pornographique", de Lisa Mandel : une plongée dans le monde du X en bandes dessinées
Associer un sociologue et un auteur de BD, c'est l'idée de "Sociorama", une nouvelle collection des éditions Casterman. "La fabrique pornographique", album signé Lisa Mandel, est une fiction qui plonge le lecteur dans le monde du hard. Une fiction, mais où tout est vrai.

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Sociorama, la collection qui marie sociologie et BD
"J'ai rencontré des sociologues lors d'un colloque sur la sociologie et la BD", explique Lisa Mandel, qui avait déjà abordé de manière informelle la sociologie avec son album "HP" (L'association). De cette rencontre est née une association "Socio en cases", puis une collection de BD, "Sociorama", qui associe le travail de jeunes sociologues de l'ENS et de jeunes auteurs de BD.
"Tout est vrai"
Pour "La fabrique pornographique", comme pour tous les albums de la collection, il y a d'abord une étude, qui est la source unique d'inspiration de la BD. Lisa Mandel a travaillé à partir d'une étude menée par Mathieu Trachman. "On part de l'étude, de ses observations et de ses résultats, pour en faire un récit fictionnel", explique Lisa Mandel, qui dit s'être inspirée des personnes interrogées pour construire les personnages de "La fabrique pornographique", comme Howard, le personnage principal, arrivé un peu par hasard dans la pornographie et que l'on fait tourner avec les vieilles actrices pour cause de racisme du milieu, "tout ça c'est vrai", explique Lisa Mandel.

BD du réel
Cette nouvelle collection s'inscrit dans une mouvance en plein développement : la BD documentaire, journalistique ou sociologique. On le voit avec la Revue dessinée, un magazine trimestriel qui publie des reportages en bandes dessinées sur des sujets de société."C'est un média formidable pour ça", explique Lisa Mandel. "On peut tout faire. C'est beaucoup plus facile et discret d'entrer partout avec un petit carnet et un crayon qu'avec une caméra. On peut rendre compte d'une réalité sans contrainte de budget, on peut exploser un avion en plein vol, ça coûte pas un rond en effets spéciaux", explique-t-elle. "Et puis ça rend la digestion plus facile aussi", ajoute la dessinatrice. Et c'est vrai, "La fabrique pornographique", c'est trash, mais le trait à la fois drôle, tendre et direct de Lisa Mandel installe une distance qui débarrasse le lecteur de sa gêne.
Le format des albums, plus proche du roman que de la BD, impression en noir et blanc sur un papier brut, fait de cette collection une série bien typée. En même temps que "La fabrique pornographique" sort "Chantier interdit au public" de Claire Braud d'après une enquête de Nicolas Jounin, qui plonge dans la réalité du travail dans le BTP (travail au noir des sans papiers, pratiques des agences d'intérim, racisme, accidents du travail…). Quatre autres albums sortiront ensuite d'ici août, sur une compagnie aérienne, les séducteurs de rue, les médias en banlieue, ou les coulisses de la grande distribution. La collection prévoit de publier 6 albums par an.

(Sociorama/ Casterman – 165 pages – 12 euros)
Chantier interdit au public Claire Braud, d'après une enquête de Nicolas Jounin
(Sociorama/ Casterman – 165 pages – 12 euros)
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