Plantu en justice pour avoir dessiné un pape pédophile
Le 8 février dernier, le parquet de Paris a requis le renvoi en correctionnelle du dessinateur, ainsi que celui d'Eric Fottorino, l'ancien directeur de la publication du "Monde Magazine" qui avait publié ce dessin controversé en avril 2010, selon le réquisitoire, a indiqué l'AFP vendredi. Il appartient maintenant à la juge instruisant l'affaire de rendre son ordonnance de renvoi, ce qui est une formalité dans le cas de délits de presse.
Intitulé "Pédophilie: le pape prend position", le dessin, publié initialement le 22 mars 2010 sur le site du dessinateur et repris le 3 avril suivant par Le Monde Magazine, mettait en scène le pape sodomisant un enfant qui déclarait : "Quitte à se faire enculer, autant aller voter dimanche!". La petite phrase faisait référence aux élections régionales.
La plainte de l'association Agrif
Scandalisée par le dessin, l'Alliance générale contre le racisme et le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif) a porté plainte le 11 mars 2011 pour "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée". Plantu a été mis en examen le 22 novembre 2011. Eric Fottorino l'a été le 6 février 2012.
"Les catholiques obéissent au pape et à la hiérarchie de l'Eglise", écrit l'Agrif dans cette plainte, que l'AFP a pu consulter. "Ils sont en communion avec un Pape dessiné sous les traits d'un violeur d'enfant pratiquant et approuvant officiellement la pédophilie." Le texte de la plainte ajoute : "Ce dessin a pour objet et pour effet d'inciter au rejet et à l'hostilité envers les catholiques, qui se soumettent à des clercs dont certains, indignes mais minoritaires, ont commis ces crimes." Pour l'Agrif, le dessin "dépasse les limites admissibles de la liberté d'expression".
L'avocate d'Eric Fottorino, Me Catherine Cohen-Richelet, a relativisé auprès de l'AFP l'importance de ces mises en examen : "Dès qu'il y a une plainte avec constitution de partie civile, à partir du moment où le directeur de la publication reconnaît qu'il était bien directeur de la publication, la mise en examen était automatique et le débat aura lieu devant le tribunal."
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