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"Mode et bande dessinée" : une exposition à Angoulême célèbre un mariage très créatif

En 200 pièces - planches et dessins originaux, vêtements et accessoires de mode réalisés par des couturiers célèbres -, on découvre ces dessinateurs qui ont collaboré à des magazines de mode, inspiré ou caricaturé depuis plus d'un siècle ce monde de crinolines et de corsets.

 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
Jeunes filles en Dior d'Annie Goetzinger dans l'exposition "Mode et bande dessinée" à Angoulême du 26 juin au 5 janvier 2020. (CITE INTERNATIONALE DE LA BD ET DE L'IMAGE)

La combinaison noire moulante de Catwoman par Thierry Mugler, un album de BD signé par un tout jeune Yves Saint Laurent, un pull Mickey de Castelbajac... Bande dessinée et mode se regardent et se copient dans cette exposition qui se tient à Angoulême.

Mode et BD à Angoulême
Mode et BD à Angoulême Mode et BD à Angoulême

"C'est un thème qu'on n'a jamais traité. Il y a bien eu une exposition au MoMa à New York mais uniquement sur les super héros et la mode. Nous, on a élargi à l'ensemble de la BD, de Bécassine à nos jours", explique Pierre Lungheretti, directeur général de la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image, où a lieu l'exposition "Mode et bande dessinée" du 26 juin au 5 janvier 2020.

Extrait d'une BD dans l'exposition "Mode et bande dessinée" qui se tient à Angoulème jusqu'au 5 janvier 2020 (CITE INTERNATIONALE DE LA BD ET DE L'IMAGE)

"La vilaine Lulu", la seule BD d'Yves Saint Laurent 

Avant de croquer son personnage de BD "La vilaine Lulu", où il met en scène une petite fille assez diabolique, "une vraie satire des années 60", le couturier Saint Laurent affectionne les poupées de papier avec les vêtements à découper, munis d'onglets rabattables pour les habiller, qui inspireront les premières collections de l'adolescent. Le jeune Yves trouve dans ces poupées ses premiers mannequins et "l'origine de sa vocation", estime le commissaire de l'exposition. "Il découpe une paperdoll dans les journaux de sa mère et compose une garde robe complète", détaille Thierry Groensteen, avant de montrer d'autres pépites.

Si, comme couturier, Yves Saint Laurent ne semble jamais avoir puisé son inspiration dans la BD, il est cependant l’unique couturier à avoir fait une incursion dans le genre, en imaginant et en dessinant les aventures de La Vilaine Lulu. Il s’agit d’un récit facétieux et politiquement incorrect réservé aux "enfants sadiques ou avancés", comme le souligne l’auteur en sous-titre d’une des planches.

Publié chez Tchou en 1967 (son créateur est alors âgé de trente et un ans), l’album compte vingt-quatre histoires, telles que Lulu à l’école ou L’année Lulu. La fillette – que l’on retrouve à Deauville, en boîte de nuit, masseuse, ou distribuant des oeufs pourris à des enfants – est accompagnée de son animal de compagnie, un rat blanc. Connu pour sa timidité, Yves Saint Laurent dévoile ici son humour et son esprit en parodiant des scènes de la vie quotidienne des milieux aisés. 

La mode prise pour cible

"On a une page originale, très rare, considérée comme la Joconde de la BD", dit-il, en montrant une planche Little Nemo de Winsor McCay quand le petit garçon est présenté pour la première fois à la reine de Slumberland.

Certains illustrateurs ont élargi leur coup de crayon aux magazines de mode comme Lorenzo Mattotti (Docteur Jeckyll et Mister Hyde, Stigmata...), dont neuf pastels très colorés pour l'édition italienne de Vanity Fair sont exposés. D'autres se sont emparés d'accessoires des couturiers comme le chapeau noir et blanc de Chanel par Lagerfeld, croqué par Nicole Lambert dans Les triplés.

La BD "Les Triplés" de Nicole Lambert croque la mode dans l'exposition "Mode et bande dessinée" qui se tient à Angoulême jusqu'au 5 janvier 2020 (CITE INTERNATIONALE DE LA BD ET DE L'IMAGE)

Cette fascination pour la mode se retrouve jusque dans la création de bijoux. Le Belge Claude Renard (Métamorphoses) a fait réaliser pendentif et broches en os d'après ses dessins de costumes pour le spectacle Le rêve créé en 2005.

La Bande Dessinée inspire les créateurs, comme Castelbajac qui s'en donne à coeur joie dans l'exposition "Mode et bande dessinée", qui se tient à Angoulème, jusqu'au 5 janvier 2020 (CITE INTERNATIONALE DE LA BD ET DE L'IMAGE)

De l'élégance à l'érotisme

L'exposition joue aussi sur les extrêmes : de l'élégance - une robe de soirée Dior avec en arrière fond un grand dessin d'Annie Goetzinger sur la maison de couture - à la caricature de La famille Illico de George McManus. Cabu s'amuse aussi dès 1967 à se moquer des styles vestimentaires du chanteur Johnny Hallyday.

Cette plongée dans les influences mode et BD permet de découvrir de nouvelles histoires, notamment d'avant guerre. Flapper Fanny puis Mopsy connaissent un tel succès auprès des lectrices américaines que la dessinatrice de comics, Gladys Parker, en vient à créer sa propre marque de vêtements. Un film montre son premier défilé en 1935 "comme si les personnages de BD avaient pris vie et sortaient du papier", précise Thierry Groensteen.

Cette exposition se termine Plus près du corps, en explorant la BD érotique des maîtres italiens en la matière, Nick Guerra, Roberto Baldazzini et Guido Grepax dans une "grande cabine" d'essayage aux murs rouges. Un festival de soie, dentelle, cuir et talons aiguilles de la super héroïne oublié, Miss Fury, au bondage des Aventures de Gwendoline.

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