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Des dessins de jeunesse inédits d’Yves Saint Laurent rejoignent le musée parisien

Pour commémorer les dix ans du décès du couturier, survenu à Paris le 1er juin 2008, le Musée Yves Saint Laurent Paris lui rend hommage avec une présentation d’une soixantaine de dessins de jeunesse. Réalisées durant son adolescence à Oran jusqu’à son arrivée à Paris en 1954, ces oeuvres sont pour la plupart présentées pour la première fois au public. Découverte.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Détail d'un croquis de décor (non réalisé) pour le ballet Les Forains d’Henri Sauguet, 1951
 (Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent)

Ces dessins, présentés dans les salons de haute couture du musée, offrent un regard inédit sur les débuts du couturier et permettent d’aborder ses passions pour la littérature, le théâtre, le ballet et la mode et ainsi comprendre les sources d’inspiration de ses créations futures. L’accès à cette présentation de dessins est inclus dans le billet d’entrée, une belle occasion de découvrir ou de revoir en même temps le Musée parisien.

Croquis de décor (non réalisé) pour la pièce La Reine Margot, 1953 
 (Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, Paris)

Ses talents de dessinateur se manifestent très tôt

Yves Mathieu-Saint-Laurent naît le 1er août 1936 à Oran, en Algérie. Aux côtés de ses parents, Lucienne et Charles, et ses deux soeurs, Michèle et Brigitte, ce jeune garçon timide grandit au coeur de la société oranaise.

Yves Saint Laurent (années 40) + avec ses parents Lucienne et Charles (1938)
 (DR)

Ses talents de dessinateur se manifestent très tôt, alors qu’il est encore adolescent. Sa créativité s’exprime d’abord à travers le théâtre qu’il découvre lors d’une représentation de "L’École des femmes", mise en scène par Louis Jouvet, à Oran, en 1950. Les costumes de Christian Bérard sont aussi une révélation pour le jeune homme qui commence à concevoir des décors et costumes pour son "Illustre Petit Théâtre", une scène miniature sur laquelle évoluent des personnages en carton. Il dessine des costumes pour des pièces telles que "Sodome et Gomorrhe" de Jean Giraudoux ou "L’Aigle à deux têtes" de Jean Cocteau.
 

Cette passion pour le théâtre rejoint son goût pour la littérature, lui qui s’applique aussi à retranscrire et illustrer ses romans et poèmes préférés comme "Madame Bovary" de Gustave Flaubert.
Livre d’enfance, Madame Bovary, d’après le roman éponyme de Gustave Flaubert
 (Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent)

Le futur couturier habille des poupées de papier

Dès 1953, Yves Saint Laurent s’intéresse aussi à la mode et imagine la maison de couture de ses rêves en découpant les silhouettes de ses mannequins préférés dans les magazines de mode (Vogue, Jardin des Modes ou Paris Match) de sa mère. Pour ces poupées de papier (Paper Dolls), il crée des garde-robes entières en papier réalisées à l'aide de gouache, d'encre ou d'aquarelle. 50 pièces sont présentées dans cette exposition pour la première fois en France.

"C’était des mannequins que je découpais dans les journaux et que j’habillais ensuite. J’avais 14 ans, 15 ans… Je jouais au grand couturier" expliquait Yves Saint Laurent.
Paper doll Bettina et trois vêtements de sa garde-robe, 1953 
 (Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent)
En 1954, il décide d’orienter sa carrière vers la mode sur les conseils de Michel de Brunhoff, le rédacteur en chef du magazine Vogue Paris qu’il rencontre grâce aux relations de son père.
Programme de collection de paper doll entre 1953 et 1955
 (Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent)
Dans une série de lettres, dont certaines sont exposées, Yves Saint Laurent fait part à Michel de Brunhoff de ses hésitations entre se consacrer à la mode ou à la conception de costumes et décors de théâtre. Finalement, il choisit de s’inscrire à l’École de la Chambre syndicale de la couture à Paris, avant d’entrer chez Christian Dior à l’été 1955.
Croquis de costume (non réalisé) pour la pièce La Reine Margot, 1953
 (Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent)
Découvrez aussi sur le site du musée une chronique dédiée à la jeunesse du couturier.

Le musée a renouvelé son parcours rétrospectif en mars 2018

Présentés dans le lieu historique de l’ancienne maison de couture, 40 nouveaux modèles haute couture ont intégré en mars le parcours inaugural du musée tandis que d'autres modèles sont retournés dans les réserves pour raisons de conservation. Parmi ces créations emblématiques, on note une robe de taffetas chiné de la collection printemps-été 1986, la veste dite "Miroir brisé" ou encore une cape brodée en hommage au peintre Georges Braque. De l’opulence des broderies aux étoffes nerveuses de gazar de soie, des lignes épurées aux robes de soir patchwork, le parcours compile les multiples facettes esthétiques et techniques des créations de la maison Yves Saint Laurent.
Robe de soirée courte signée Yves Saint Laurent Paris
 (Musée Yves Saint Laurent Paris. Alexandre Guirkinger)
Ce parcours inaugural - qui se tient jusqu’au 9 septembre 2018 - rend compte du génie créatif du couturier via une cinquantaine de pièces haute couture accompagnés d’accessoires, de croquis, de photographies ou de films. Les modèles les plus emblématiques - smoking, saharienne, jumpsuit, trench-coat - qui sont la quintessence de son style, côtoient ses hommages à l’art, en passant par ses collections inspirées de la Chine, du Maroc, de l’Espagne et de la Russie.

Un musée témoin de l’Histoire du XXe siècle 

Chaque année, la programmation du Musée, ouvert fin 2017, est rythmée par une exposition temporaire thématique (octobre à janvier), puis par un retour à un parcours rétrospectif (février à septembre).
Installé dans l’hôtel particulier historique du 5 avenue Marceau où naquirent, de 1974 à 2002, les créations du couturier, le parcours explore aussi la vie de la maison de couture et le processus de création d’une collection. Il se veut le témoin de l’Histoire du XXe siècle et d’une haute couture qui accompagnait un certain art de vivre aujourd’hui disparu.

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