Milady de Winter dépoussière les "Trois mousquetaires"
Milady de Winter est telle que l'avait imaginé Alexandre Dumas : belle, vénéneuse, dans l'ombre d'un passé tumultueux. Elle a souffert à cause des hommes, et a décidé de ne pas leur faire de cadeaux. Elle ne veut plus montrer sa marque d'infamie inscrite au fer rouge, depuis qu'elle s'est un jour éprise d'un prêtre. Elle ne veut plus souffrir, depuis qu'un époux tenta de l'étrangler.
Dans les deux tomes, on suit de célèbres aventures narrées auparavant par Dumas, comme l'affaire des ferrets de la reine, mais sous un autre jour. Le plaisir est renouvelé, sans que soit trahi l'auteur. La touche d'Agnès Maupré se trouve autant dans le récit que dans le dessin : le mouvement est rapide et le style anguleux, sans qu'en soient durcies les silhouettes. Le style est moderne, la nudité n'est pas crainte.
Dans ce récit, les portraits sont livrés crus, sans concession, et la mise en images du roman de Dumas donne une autre tournure, moins chevaleresque. D'Artagnan est inconstant, pas toujours courageux, il peine en amour. Athos est le fameux mari qui a tenté un jour de pendre Milady. Cette dernière est en colère, et sa rage n'est pas toujours justifiée. Elle est tantôt cruelle, tantôt attendrissante, comme lorsqu'elle abandonne puis reprend son enfant.
Comme Manu Larcenet et bien d'autres auteurs de BD, Agnès Maupré situe son art dans le partage. Elle tient un blog qui permet de mieux explorer les coulisses de son travail, et l'amplitude de son art. Une petite visite est recommandée !
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