Mort d'Akira Toriyama : cinq chiffres sur l'impressionnante carrière du créateur de "Dragon Ball", disparu à l'âge de 68 ans
Même Emmanuel Macron y est allé de son message de condoléances. Le président de la République a adressé ses pensées sur le réseau social X aux "millions de passionnés qui ont grandi" avec le manga Dragon Ball dont l'auteur Akira Toriyama est mort à l'âge de 68 ans. Une disparition annoncée vendredi 8 mars par l'éditeur japonais du mangaka, une semaine après son décès. S'il n'est pas possible de chiffrer précisément le nombre de lecteurs et de téléspectateurs qui ont vibré au rythme des aventures de Son Goku, la carrière du légendaire dessinateur peut s'apprécier à travers une flopée de chiffres étonnants. En voici cinq.
Il a vendu au moins 260 millions d'exemplaires de "Dragon Ball"
Personne ne remet en cause le statut de best-seller mondial du manga Dragon Ball. Mais le nombre d'exemplaires vendus à travers le monde demeure un mystère. Rien qu'au Japon, la société Oricon, qui réalise des classements pour l'industrie culturelle, en comptabilisait 150 millions en 2008. Selon le site spécialisé Mangazenkan, Dragon Ball s'est vendu à au moins 260 millions d'exemplaires dans le monde. Un total dépassé par une poignée de titres seulement, tels Naruto, One Piece ou Detective Conan, d'après le site Comicbook.com. L'autre gros succès d'Akira Toriyama, Dr Slump, sans avoir l'impact planétaire de Dragon Ball, s'est quand même écoulé à 35 millions d'exemplaires au moins rien qu'au Japon.
En France, le premier tome de la série, importée en 1993 par l'éditeur Jacques Glénat, grand artisan de l'arrivée du manga en France, est d'abord tiré à 30 000 exemplaires. Le manga est remonté dans le sens de lecture occidental (de gauche à droite et non de droite à gauche comme au Japon), ce qui lui conférera un côté culte, jusqu'à l'arrêt de cette édition à l'européenne en 2021. Au total, 17 millions de tomes de la série seront écoulés dans l'Hexagone, au fil des multiples rééditions.
Il n'a utilisé qu'un seul porte-plume en 51 ans de carrière
Akira Toriyama n'a utilisé qu'un seul porte-plume au cours de son demi-siècle de labeur. On vous laisse mesurer la résistance de cet accessoire indispensable à tout dessinateur, rien que pour les 7 663 pages que compte son œuvre la plus connue. "J'en ai acheté d'autres, mais je suis toujours revenu à celui-ci", racontait Akira Toriyama dans le magazine Dragon Ball, El manga legendario (une série de fascicules sortis en Espagne à la fin des années 2000). "Je l'ai utilisé pour toutes les pages que j'ai dessinées. Je passe un temps fou à le chercher, car j'ai de plus en plus de mal à mettre la main dessus."
Il était capable de dessiner 14 pages par jour
On ne peut pas dire qu'Akira Toriyama avait une hygiène de vie très saine. Procrastinateur hors pair, il raconte qu'aux prémisses de la série Dragon Ball, il avait l'habitude de regarder la télé et de bricoler des maquettes pour le plaisir pendant cinq jours, pratiquement sans dormir, avant de produire les 14 pages qu'attendait son éditeur en moins de 48 heures, relève le livre The Art of Dragon Ball. "Je m'y mettais à minuit, je finissais le story-board à 6 heures du matin, et ensuite je dessinais jusqu'au lendemain soir. Au final, je bouclais tout en un jour et demi."
A l'époque, l'auteur ne disposait que d'un seul assistant, pour l'encrage et les décors. Quand la série prendra son rythme de croisière, il aura finalement trois personnes dans son atelier pour l'aider à tenir les cadences infernales exigées par la publication dans l'hebdomadaire Weekly Shonen Jump, où sont nés les mangas les plus populaires au monde. Pour sa série précédente, Dr Slump, il confiait : "J'ai déjà bossé pendant six jours avec seulement 20 minutes de sommeil. C'est mon record."
Il avait été plébiscité par 14 lecteurs seulement pour sa toute première histoire
La carrière d'Akira Toriyama commence par des années de galère et d'insuccès. Un des épisodes les plus marquants se produit lors du référendum du "Jump" en 1978, qui sonde ses millions de lecteurs en leur demandant de classer leurs séries préférées. A l'époque, Akira Toriyama s'attelle à Wonder Island, l'histoire d'un kamikaze qui s'est écrasé sur une île tropicale. Un titre qui ne recueille que... 14 voix au référendum et termine bon dernier. "A l'époque, j'ai franchement songé à arrêter", reconnaîtra l'auteur.
"C'est lamentable. (...) Je n'arrive pas à le relire", commentera encore Akira Toriyama lors d'une réédition en 2014. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment cette courte série, qui est mise en avant dans les hommages sur les réseaux sociaux à l'annonce de sa mort.
Il était le 2e mangaka le plus influent après Osamu Tezuka
Jason Thompson, auteur d'une Encyclopédie du manga, décrivait Dragon Ball comme "le manga shonen le plus influent de ces 30 dernières années" et "de loin". Aujourd'hui, presque tous les artistes du Shōnen Jump le citent comme l'un de leurs préférés et s'en inspirent de diverses manières." Divers classements ont été réalisés pour mesurer la popularité du manga. En 2008, Oricon a mené une enquête sur les mangakas préférés des Japonais, Akira Toriyama arrivait second avec Dragon Ball, seulement devancé par Nana de Ai Yazawa.
Mais Son Goku, Gohan et Goten écrasaient la concurrence chez les trentenaires qui avaient grandi avec le manga, puis l'anime, et obtenaient aussi une majorité écrasante si on ne comptabilisait que les hommes parmi les sondés. En 2010, un sondage interrogeant le public sur les artistes qui ont marqué l'histoire du manga le classait de nouveau deuxième, derrière Osamu Tezuka (légendaire créateur d'Astro Boy et d'autres personnages cultes).
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