Grand format

GRAND FORMAT. "Dragon Ball", "Naruto", "One Piece"... Dans les coulisses de "Weekly Shônen Jump", la bible du manga

Elodie Drouard le samedi 7 juillet 2018

Quelques-uns des héros les plus populaires ayant été publiés dans "Weekly Shônen Jump" en couverture des catalogues d'expositions consacrés au magazine japonais. (SHUEISHA INC. / FRANCEINFO)

Quel est le point commun entre Dragon Ball, Naruto et One Piece ? Oui, ce sont les mangas les plus connus en France et dans le monde. Mais ce sont avant tout des aventures destinées aux "jeunes garçons" (shônen en japonais), toutes prépubliées dans le magazine Weekly Shônen Jump. Un hebdomadaire que les éditeurs du monde entier scrutent chaque semaine afin d’y dénicher leurs futurs best-sellers. Vous ne connaissez pas ? C’est normal, mais ça ne va pas durer : franceinfo s’est rendu à Tokyo (Japon) pour comprendre comment Shônen Jump, comme on l’appelle dans l’archipel, a imposé ses mangas dans le monde entier.

"L'antre de la bande dessinée mondiale"

Le numéro 18 de "Weekly Shônen Jump" avec "One Piece" en couverture dans une librairie à Tokyo, le 4 avril 2018. Il est présenté avec d'autres hebdomadaires populaires. En haut, ses deux rivaux, "Weekly Shônen Magazine" (à gauche) et "Weekly Shônen Sunday" ( à droite). En bas, "Jump Square". (ELODIE DROUARD / FRANCEINFO)

Mais qui se cache derrière ce magazine qui fêtera son cinquantième anniversaire cet été ? Située au cœur de Jimbocho, le quartier des librairies de Tokyo, la rédaction de Shônen Jump s'active dans les étages du quartier général de Shueisha, le plus grand éditeur japonais.

La rédaction du magazine "Weekly Shônen Jump" située dans le quartier de Jimbocho, à Tokyo. (SHUEISHA INC.)

Quand on visite la rédaction de "Jump", on a l’impression d’être au cœur de la BD mondiale, dans l’antre du génie. Ça fourmille, mais en fait, c’est tout petit.

Christel Hoolans, directrice générale déléguée des éditions Kana

Derrière leurs ordinateurs ou pendus au téléphone, ils sont une vingtaine à travailler sur le prochain numéro à paraître. Mais aucun dessinateur, ou mangaka, comme ils sont appelés au Japon, à l’horizon. Pendant que ces derniers s’échinent dans leur studio, penchés sur leur table de travail, les éditeurs s’affairent en réceptionnant et en validant les planches qui arrivent au fur et à mesure et qui s’entassent sur les bureaux dans de grandes enveloppes en kraft. C’est ici, dans cet immeuble totalement impersonnel, que se construit, chaque semaine, un magazine qui s’écoulait, au milieu des années 1990, à plus de six millions d’exemplaires.

Epais comme un annuaire téléphonique et affreusement mal imprimé, Shônen Jump s’achète chaque lundi pour un prix dérisoire (270 yens en 2018, soit environ 2,10 euros). On y trouve les nouveaux chapitres d’une vingtaine de mangas en vogue. Dans les années 1970 et 1980, on y lisait les histoires de Cobra, Captain Tsubasa (Olive et Tom en VF), Cat’s Eyes ou Kimengumi (Le Collège fou, fou, fou en VF). Mais c’est en 1984 que l’histoire de Shônen Jump prend un tournant lorsque, dans son numéro 51, le magazine publie les premières pages de Dragon Ball. Pendant plus de dix ans, les aventures de Son Goku vont captiver les Japonais et propulser Shônen Jump au sommet.

Amitié, effort, victoire

Les premières couvertures du magazine "Weekly Shônen Jump" parues entre 1968 et 1969. (SHUEISHA INC. / FRANCEINFO)

Un succès qui ne doit rien au hasard, car depuis son lancement, en 1968 par l’éditeur Shueisha, tout est fait pour mettre Shônen Jump sur de bons rails. D’abord bimensuel, il devient hebdomadaire un an plus tard pour profiter des habitudes de lectures que ses concurrents, Weekly Shônen Magazine et Weekly Shônen Sunday ont installé depuis dix ans. Le Japon retrouvait alors son souffle après la fin de l’occupation américaine. Pour se différencier des titres déjà installés, Shueisha a l’idée de réaliser des sondages d’opinion auprès de jeunes lecteurs, et ce, afin de mieux cerner leurs intérêts.

"Shônen Jump"<em>&nbsp;</em>a très vite choisi d’avoir une ligne éditoriale claire et limitée avec des thématiques très fortes que sont l’amitié, l’effort et la victoire.

Karyn Nishimura-Poupée, journaliste, auteur de Histoire du manga (éd. Tallandier)

Ces trois mots sont les réponses les plus fréquemment apportées par les enfants aux questions : "Quel est le mot qui vous fait le plus chaud au cœur ?", "Celui qui vous paraît le plus important ?" et "Celui qui vous rend le plus heureux ?". Cinquante ans plus tard, "amitié, effort, victoire" reste la devise de Shônen Jump. Mieux, elle a donné naissance à un genre de manga qu’on appelle en Occident shônen et qui désigne ces mangas d’aventures mettant en scène de jeunes garçons qui ont soif de devenir de vrais héros. A l'instar de Naruto qui rêve de devenir hokage, le ninja le plus fort de son village, ou bien encore de Luffy, le héros de One Piece, qui aspire à devenir le roi des pirates.

Luffy, le héros de "One Piece" (très mal imprimé) dans un numéro de "Shônen Jump". (ELODIE DROUARD / FRANCEINFO)

Les histoires publiées dans "Shônen Jump<em>"</em> ont séduit le monde entier car ces trois mots-clés sont universels. Tout le monde aime l’amitié, trouve important de faire des efforts et apprécie de gagner. Ce sont des valeurs universelles, surtout auprès des enfants.

Karyn Nishimura-Poupée, journaliste,&nbsp;auteur de&nbsp;Histoire du manga&nbsp;(éd. Tallandier)

Une ligne éditoriale ultra précise qui n’est pas l’unique raison du succès mondial de ce magazine. Shônen Jump a également repris les recettes de ses concurrents. D’abord, consulter et écouter son lectorat.

"Shônen Jump" est un magazine qui lance des mangas qui plaisent aux lecteurs au Japon et dans le monde entier. Nous devons, donc, nous plier à l’avis du public.

Hiroyuki Nakano, rédacteur en chef de "Weekly Shônen Jump"

Pour y parvenir, chaque numéro de Jump contient une petite carte que le lecteur renvoie (en échange d’un goodie) après avoir noté les séries qu’il a préférées dans le numéro qu’il vient de lire. Un système sans pitié : les séries qui ne reçoivent pas suffisamment de suffrages positifs sont très rapidement supprimées du magazine.

Le carton réponse glissé dans la magazine qui permet aux lecteurs de noter leurs séries préférées. (ELODIE DROUARD / FRANCEINFO)

Au Japon, le lecteur est roi. Mais, cela ne dispense pas de lui proposer de bonnes séries. Pour y parvenir, tous les magazines de prépublication (il en existe près de 300, plus ou moins spécialisés) dénichent leurs futurs auteurs par le biais de concours. Hiroyuki Nakano, rédacteur en chef de Weekly Shônen Jump le confirme : "Environ la moitié des auteurs publiés dans Shônen Jump ont remporté nos concours. L’autre moitié y a participé car nous décelons aussi des auteurs encore trop immatures mais ayant un vrai talent, et par extension un avenir prometteur".

Mais, là où Shônen Jump se distingue de ses concurrents, c’est dans la relation qu’il instaure entre un mangaka et son éditeur (tantôsha). "Ils prennent des auteurs d’une vingtaine d’années pour les former comme ils veulent. Ce ne sont pas forcément des gens très doués, mais ils sont malléables, car leur truc, c’est vraiment de modeler les mangaka en les faisant travailler" explique Karyn Nishimura-Poupée.

Akira Toriyama, l’auteur de "Dragon Ball", n’était pas très inspiré à ses débuts. Même s’il avait du talent, il a vraiment été façonné avec le "Jump".

Karyn Nishimura-Poupée, journaliste,&nbsp;auteur de&nbsp;Histoire du manga&nbsp;(éd. Tallandier)

Plus qu’un magazine, Weekly Shônen Jump est une véritable école de formation pour les mangaka qui vont être modelés de manière à produire le contenu attendu par le lecteur. “Contrairement à la mode européenne, où l’on subit un peu les auteurs qui nous apportent leur projet, au Japon, c’est l’éditeur qui dit ‘tu devrais me faire une série qui se passe à telle époque et qui parle de ceci ou de cela’, etc. C’est très organisé, il y a un vrai marketing de la création qui existe au Japon que nous n’avons pas” précise, admiratif, Jacques Glénat.

L’éditeur français, fondateur des éditions qui portent son nom, connaît bien les rouages de la création de bandes dessinées. Et il est aussi le premier éditeur à avoir publié un manga en France. En 1988, de passage au Japon pour tenter de vendre les droits d’adaptation de ses grandes séries de bandes dessinées franco-belges à Kodansha, le concurrent de Shueisha, il déchante rapidement. "Ça ne les intéressait pas vraiment. Mais j’ai découvert les mangas et je suis revenu avec les droits d’Akira de Katsuhiro Otomo, un titre que je trouvais proche de mon univers de la BD européenne puisque que lui-même s’en inspirait beaucoup, de Mœbius en particulier", se remémore l’éditeur. "Et c’est lors d’un voyage suivant qu’un de mes collaborateurs est revenu de Shueisha avec les droits de Dragon Ball. Je n’en avais jamais entendu parler avant", avoue Jacques Glénat.

La couverture de" Weekly Shônen Jump" avec, pour la première fois en couverture, "Dragon Ball". (SHUEISHA INC.)

Les limites du modèle "Shônen Jump"

A Tokyo, dans une des trois expositions consacrées au "Weekly Shônen Jump" à l'occasion de son cinquantième anniversaire, une salle revient sur le record de tirage du magazine atteint en 1995 avec 6,53 millions d'exemplaires. (ELODIE DROUARD / FRANCEINFO)

Après avoir atteint des sommets à la fin de l’année 1995, les ventes de Shônen Jump s’effondrent. En 1997, l’hebdomadaire a perdu près de 3 millions de lecteurs. Depuis quelques années, les tirages sont toutefois relativement stables et tournent autour de 2,8 millions d’exemplaires chaque semaine, ce qui reste exceptionnel pour un magazine hebdomadaire.

Cette chute brutale des ventes à la fin des années 1990 est liée à l’arrêt de deux séries phares du magazine, Dragon Ball (en 1995), puis Slam Dunk (en 1996).

Notre département d’édition avait prévu cette baisse. Elle a été l’occasion pour nous de débusquer de nouveaux titres à succès, comme nous l’envisagions.

Yoshihisa Heishi, directeur du département éditorial de "Jump"

Pour enrayer la chute des ventes, le magazine débute, à l’été 1997, la parution de One Piece. La série d’Eiichirô Oda a depuis pulvérisé tous les records. Avec actuellement 89 tomes au compteur et plus de 430 millions de volumes vendus à travers le monde (dont 360 millions au Japon), les histoires de Luffy et de sa bande de pirates continuent, trente ans après ses débuts, à captiver les lecteurs. En France, la série est publiée chez Glénat depuis 2000 et caracole en tête des ventes de mangas chaque année. Etonnamment, Jacques Glénat n’a jamais rencontré son auteur.

Je n’ai jamais eu le droit de rencontrer Oda ou Toriyama. J’estimais, naïvement, avec mon orgueil de Français, que j’aurais le droit de leur serrer la pince. Mais, à chaque fois que je vais au Japon, on me dit que ce n’est pas possible.

Jacques Glénat, fondateur des éditions Glénat

Pas si étonnant lorsque l’on connaît le rythme de vie de ces auteurs, contraints, chaque semaine, de livrer un nouveau chapitre de leur série pour qu’il figure dans le magazine. "Si nos auteurs traînent, c’est parce qu’il n’y a plus ce rendez-vous hebdomadaire dans Spirou et donc ils se laissent un peu aller en se disant que s’ils ont un peu de retard, c’est pas grave. Au Japon, on en est au stade où l’éditeur envoie des coursiers toute la journée chercher des pages chez les auteurs pour être sûr de boucler le magazine. Il y a vraiment une organisation industrielle. Les auteurs ont tous des assistants pour les décors, le lettrage, les onomatopées, etc. C’est extraordinaire", constate l’éditeur, un peu admiratif.

L'atelier du mangaka Yûki Tabata, auteur de "Black Clover", situé au rez-de-chaussée de son domicile à Tokyo, le 6 avril 2018. Au premier plan, l'endroit où travaillent habituellement ses assistants. (ELODIE DROUARD / FRANCEINFO)

Soumis à un rythme effréné, il arrive parfois que des mangaka tombent malades, comme c’est arrivé à l’auteur de My Hero Academia, Kohei Horikoshi, au printemps 2017. Incapable de produire la vingtaine de pages attendues (à titre de comparaison, c’est ce que doivent dessiner les auteurs de comics américains par mois), il a contraint Shônen Jump à paraître une semaine sans sa série; Une absence qui est toujours synonyme de ventes moindres lorsqu’il s’agit d’une série aussi populaire que la sienne.

Outre des répercussions sur leur santé, ce rythme, imposé par une publication hebdomadaire, transforme souvent l’auteur en ermite reclus dans son atelier.

Les "mangaka" ont tellement la tête dans le guidon qu’ils n’ont aucune vue sur le monde, aucun recul sur leur travail. Ils n’ont pas le temps de lire, de sortir, d’aller voir des expos, etc. [...] C’est leur "tantô" qui est leur ouverture sur le monde, mais c’est un peu restreint.

Christel Hoolans, directrice générale déléguée des éditions Kana

Et ça ne fait plus forcément rêver les apprentis dessinateurs. "Avec les applications pour smartphone et le contenu vidéo, pour être honnête, je pense que de moins en moins de jeunes gens veulent devenir mangaka", se désole Yoshihisa Heishi, le directeur de la rédaction de Jump.

“Shônen Jump" est pour moi un enfer heureux. C’est un rêve d’enfant qui s’est réalisé, mais maintenant, même si je n’ai que 33 ans, j’aimerais partir à la retraite [...] Je n’ai pas pris de vacances depuis trois ans, c’est un métier dur.

Yûki Tabata, auteur de "Black Clover"

Quant au lien si particulier entre l’auteur et son tantô qui a toujours fait la force de Shônen Jump, il est peut-être en train de devenir son talon d'Achille. Car, désormais, certains jeunes auteurs, même s’ils désirent plus que tout être publiés dans Shônen Jump, souhaitent également affirmer leur personnalité. "Ils ont envie de changer, de s’essayer à d’autres graphismes, d’essayer d’autres histoires et se rebellent par rapport à leur tantô. Ce n’est pas encore la norme, mais leur état d’esprit bouge quand même un peu", analyse Christel Hoolans.

Le smartphone est aussi pointé du doigt. En 2018, dans les rames du métro de Tokyo, personne ne lit plus de magazine papier. Un constat que confirme l’éditrice française de Naruto, une autre série emblématique de Jump, publiée chez nous entre 2002 et 2016. "Il y a 20 ans, tout le monde lisait Jump dans les transports. Aujourd’hui, ils sont tous sur leur téléphone, certains pour lire, mais surtout pour regarder la télé, jouer ou être sur les réseaux sociaux car il y a de la 4G partout." "La chute des ventes de Jump coïncide d’ailleurs avec le lancement en 1999 d’internet sur les mobiles, appelé i-mode au Japon", souligne d'ailleurs Karyn Nishimura-Poupée. 

Mais depuis la fin de Naruto et de Bleach, Shônen Jump prépare la relève. Même si, sauf coup dur, One Piece ne devrait pas s’arrêter de sitôt (Eiichirô Oda n’a que 43 ans), le magazine cherche désespérément sa prochaine série à succès. Food Wars !, Black Clover, My Hero Academia ou plus récemment, The Promised Neverland, marchent très bien, mais il est peu probable que ces séries durent une dizaine d’années. Et pour tenter d’enrayer l’érosion des ventes, ce sont vraisemblement les usages qu’il faut repenser.

Un salut numérique ?

Le magazine "Weekly Shônen Jump" en&nbsp;papier, un format dépassé ? (ELODIE DROUARD / FRANCEINFO)

L’année dernière, au Japon, les ventes de manga en numérique ont dépassé pour la première fois celles des mangas imprimés, selon une enquête réalisée pour le compte de l’association des éditeurs japonais de magazines et de livres et relayée par le site Actualitté. Depuis la crise de la fin des années 1990, les éditeurs de mangas japonais entrevoient enfin une lueur au bout du tunnel.

Ils n’ont pas vu la vague numérique arriver. Et, au Japon, on ne bouscule pas les habitudes aussi simplement que ça, surtout dans un magazine qui sort toutes les semaines depuis 30 ans.

Karyn Nishimura-Poupée, journaliste,&nbsp;auteur de&nbsp;Histoire du manga&nbsp;(éd. Tallandier)

Il a fallu attendre 2014 pour que Shueisha se dote d’une rédaction numérique. Aujourd’hui, en plus de la vingtaine de personnes qui travaillent à la rédaction de Shônen Jump, neuf sont en charge de Shônen Jump +, la version online du magazine disponible grâce à une application pour smartphone et une liseuse pour ordinateur. Des supports qui permettent de lire, chaque semaine, Shônen Jump, mais également toutes les séries publiées dans l’hebdomadaire. Une petite révolution qui a trouvé ses adeptes. "Ils sont hyper équipés, que ce soit en tablettes ou en téléphones, donc je pense qu'énormément de gens ont basculé sur le numérique en complet. D’autant que le manga qui est en noir et blanc se prête parfaitement aux tablettes, ce qui n’est pas le cas de la bande dessinée", constate Christel Hoolans.

"The Promised Neverland", la dernière série à succès de "Shônen Jump" en couverture du magazine. (SHUEISHA INC.)

Mais cette bascule vers le numérique ne pourra avoir lieu qu’avec la complicité des mangaka qui, pour la plupart, dessinent encore sur du papier, pour du papier. Comme le note Karyn Nishimura-Poupée : "De plus en plus de mangaka travaillent sur une palette graphique et être sur un écran offre un autre regard sur son travail. Par exemple, on a pas la notion de la double page, et pour certains, c’est extrêmement gênant". Chez Shueisha, on continue d’expérimenter sans relâche pour anticiper les futurs usages de lecture.

C'est difficile de savoir à quoi ressemblera le marché du manga dans dix ou quinze ans. Ce qui est sûr, c'est qu'il va falloir s'adapter à un monde numérique et sans frontières. Et il faudra, plus qu'aujourd'hui, donner aux lecteurs des personnages dont ils auront envie de suivre les aventures.

Yoshihisa Heishi, directeur de la rédaction de "Weekly Shônen Jump"

Et c’est certainement le prochain défi qui les attend. Car, comme le fait remarquer Karyn Nishimura-Poupée, "au Japon, la pyramide des âges est à l’envers et dans quinze ans, les plus de 65 ans représenteront un tiers de la population [...] Or, les Japonais arrêtent de lire des mangas vers 60 ans, car on n’a pas réussi à trouver des thématiques qui les intéressent ensuite". Il est peut-être temps de donner à ces seniors, qui ont un jour été des lecteurs de Shônen Jump, des mangas qui leur parlent. Bientôt, le vrai problème du magazine ne sera peut-être plus d’être en papier, mais qu’il s’adresse à des shônen. Il sera alors possiblement temps de s'appeler tout simplement Jump, comme on le nomme en Occident.

                                      Reportage : Elodie Drouard

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