La libraire prend "20 ans ferme" avec Sylvain Ricard et Nicoby
Milan vient d'en prendre pour 20 ans, tombé pour braquage. Sauvage, révolté, il met un point d'honneur à bousculer les institutions. Il a beau être un repris de justice, il n'en est pas moins un homme, une entité pensante. Ce n'est pas parce qu'on fait une connerie, si grosse soit-elle, qu'on devient une chose purement mauvaise. Il faut payer sa dette à la société, ok. La Justice a fait son travail, très bien. Celui de la prison ne devrait pas être de briser ses détenus et de tuer tout espoir de réinsertion. Voilà ce que Milan revendique.
L'administration et les matons lui feront payer au prix fort. Le mitard, l'interdiction de parloir sexuel, l'éloignement géographique des proches, tout est bon pour faire taire une voix qui n'a de cesse de réclamer ce qu'on ne devrait refuser à personne.
Parce qu'il faut garder en tête que ce qui se passe sur le sol de la République, même derrière les barreaux, cet album est indispensable. En supprimant toute dignité à quelqu'un, on perd soi-même toute intégrité, toute humanité et toute respectabilité. Nos geôles sont certainement notre propre reflet. Mais on ne peut pas se revendiquer des Lumières, des droits de l'Homme et s'asseoir sur leurs principes élémentaires. « 20 ans ferme » dénonce l'hypocrisie de notre société et une de ses plus scandaleuses contradictions.
« 20 ans ferme », de Sylvain Ricard et Nicoby, Ed. Futuropolis, 17€.
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