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La BD reportage a son magazine : "La Revue Dessinée"
Le gaz de schiste, les marins des terres australes et les coulisses du zoo du Jardin des plantes sont au menu jeudi de la première "Revue Dessinée", magazine trimestriel et nouvelle étape dans l'essor du reportage en BD.
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"Les auteurs se réjouissaient d'utiliser autrement le langage de la BD. Les journalistes aussi, d'autant qu'il n'est pas évident pour eux de diffuser certaines enquêtes", explique le scénariste Olivier Jouvray, cofondateur de cette revue basée à Lyon.
L'idée a germé à l'automne 2011 lorsque Franck Bourgeron, venu de l'animation et de la bande dessinée, a imaginé un magazine de BD "du réel", poursuivant à grande échelle le travail de la revue XXI, qui diffuse chaque trimestre un reportage graphique.
L'idée a germé à l'automne 2011 lorsque Franck Bourgeron, venu de l'animation et de la bande dessinée, a imaginé un magazine de BD "du réel", poursuivant à grande échelle le travail de la revue XXI, qui diffuse chaque trimestre un reportage graphique.
Quelques mois plus tard, en janvier 2012, le Festival d'Angoulême sacrait meilleur album les "Chroniques de Jérusalem" de Guy Delisle, nouvelle oeuvre de BD reportage, renforçant la curiosité autour de ce projet sans équivalent.
Les six fondateurs - Franck Bourgeron, Olivier Jouvray, le journaliste David Servenay, et les scénaristes Sylvain Ricard, Virginie Ollagnier et Kris - obtiennent assez vite le soutien de cinq investisseurs et des éditions Futuropolis (Gallimard). Une version numérique sur tablettes de la revue est également à disposition.
Rien n'est interdit
Reste à mener une aventure rédactionnelle inédite, sur 230 pages, en associant des journalistes et auteurs qui, souvent, n'ont jamais travaillé ensemble. "L'équipe de la Revue Dessinée est une bande de marieurs", résume le site du projet.
Rien n'est interdit
Reste à mener une aventure rédactionnelle inédite, sur 230 pages, en associant des journalistes et auteurs qui, souvent, n'ont jamais travaillé ensemble. "L'équipe de la Revue Dessinée est une bande de marieurs", résume le site du projet.
Dans ce premier numéro, tiré à 15.500 exemplaires et vendu 15 euros, une enquête sur les dessous de table versés pour la vente des terres agricoles associe ainsi deux jeunes diplômés de l'Ecole de journalisme de Lille au dessinateur Sébastien Vassant.
Autre union réussie, entre le journaliste d'investigation Sylvain Lapoix et le dessinateur Daniel Blancou: une enquête en trois volets sur les pionniers du gaz de schiste, qui emmène le lecteur dans les Etats-Unis des années Carter.
"Chaque sujet doit être fluide et facile d'accès. Mais on pousse aussi les auteurs à explorer des choses nouvelles, à recourir aux schémas ou à bousculer la narration. Rien n'est interdit", insiste Olivier Jouvray.
D'une planche à l'autre, on bascule ainsi d'un ton sobre à la fantaisie la plus débridée, du carnet de voyages de Christian Caillaux, à bord d'une frégate de la Marine nationale, à la plongée hilarante de Marion Montaigne au Jardin des Plantes.
La revue, qui a déjà programmé un reportage à Fukushima et une vaste enquête sur la violence politique des années 1970 pour ses prochains numéros, offre un nouveau support aux adeptes de la BD reportage, en plein essor depuis une dizaine d'années.
Le genre a explosé avec l'énorme succès du "Persépolis" de Marjane Satrapi (2000-2003), et compte Joe Sacco, Etienne Davodeau, Philippe Squarzoni ou Jean-Philippe Stassen parmi ses figures emblématiques. La BD reportage s'est également vue transposée en films d'animation, comme le roman graphique précité de Satrapi, ou le magnifique "Valse avec Bachir" de l'Israélien Ari Folman, en compétition à Cannes en 2008, et César du meilleur film étranger en 2009 Le genre a fidélisé un nouveau public "plus international et féminisé que celui de la BD classique", souligne Olivier Jouvray.
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