Jean-Luc Godard, Jacques Tati et Audrey Hepburn : quand la BD fait son cinéma
Les bédéistes ont choisi de s'attaquer aux monuments du cinéma par différents angles : une biographie avec Audrey Hepburn, un hommage poétique avec Tati et le film sans fin ou encore une rencontre imaginaire avec J’aurais voulu voir Godard.
"J’aurais voulu voir Godard" : il était une fois… peut-être pas
La rencontre a-t-elle eu bien lieu ? Est-ce important qu’elle soit réelle (ou pas) ? Philippe Dupuy s’est engagé avec cette bande dessinée dans une œuvre personnelle et… intellectuelle. J’aurais voulu voir Godard, éditions Futuropolis, est une aventure dans l’univers de la BD. Philippe Dupuy est parti sur une pique du réalisateur du Mépris sur les auteurs de BD, sans grand talent selon lui, et sur le dessin en général pour imaginer une longue conversation parsemée parfois de réflexions drôles sur l’art, la création… Passionnant est l’échange (fictif) entre le cinéaste et le bédéiste, notamment cet épisode sur la langue et le langage. Philippe Dupuy a su trouver un ton léger et décalé qui rend son personnage réel. On y croit, on croit même entendre la voix de Jean-Luc Godard. J’aurais voulu voir Godard n’est pas une biographie. Album inspiré.
(J’aurais voulu voir Godard, Philippe Dupuy, Futuropolis, 22 euros)
"Tati et le film sans fin " : l'émerveillement
Tout y est : le ton, le dessin, l’humour… Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot donnent envie de revoir toute l’œuvre de Jacques Tati. Ils nous plongent dans l’univers du cinéaste français le plus original du siècle dernier. Et l’on (re)découvre avec émerveillement la personnalité et le travail titanesque d’un homme surdoué aux multiples facettes. De ce roman graphique, Tati et le film sans fin, éditions Glénat, s’échappe une poésie joyeuse et mélancolique. Grâce au dessin et aux couleurs, on est happé dans cette atmosphère burlesque, signature de Tati. On suit le clown et le cinéaste, l’homme et la légende. Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot rendent hommage à un géant du septième art qui a tout donné au cinéma, jusqu’à se ruiner. Parce que le créateur de Monsieur Hulot est un artiste entier, qui a révolutionné le cinéma en seulement six films. Tati et le film sans fin, un album attachant et poétique.
(Tati et le film sans fin, Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot, Glénat, 22,5 euros)
"Audrey Hepburn" : l'élégance
Celle qui a bousculé le cinéma par sa silhouette et sa personnalité a eu une enfance terrible. Audrey Hepburn, star incontestée des années 50-60, a su forcer le destin. Abandonnée à l’âge de six ans avec sa mère par un père pro-nazi, la petite Audrey Kathleen Ruston a connu la faim pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette malnutrition la poursuivra toute sa vie. Elle voit son rêve de danseuse étoile se désagréger à cause d’une santé fragile. Elle se réfugie dans le théâtre et le cinéma. Sa carrière explose assez tôt. Elle triomphe à Broadway en 1951 grâce à Colette qui lui confie le rôle de Gigi. Trois ans plus tard, elle est oscarisée, à seulement 24 ans, pour son interprétation dans le film Vacances romaines (1953) de William Wyler. Eileen Hofer et Christopher, qui ont sobrement intitulé leur album Audrey Hepburn (Michel Lafon), nous font découvrir avec beaucoup de générosité et d’empathie l’intimité de celle qui a arrêté volontairement sa carrière au sommet de sa gloire pour se consacrer exclusivement à son rôle d’ambassadrice de l’UNICEF. Audrey Hepburn, un album élégant.
(Audrey Hepbrun, Eileen Hofer et Christopher, Michel Lafon, 25,95 euros)
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