"Jacques Prévert n'est pas un poète" la BD biopic de Bourhis et Cailleaux
A l’occasion du quarantième anniversaire de la mort du célèbre poète, parolier ou encore scénariste Jacques Prévert, légion sont les ouvrages qui lui rendront hommage. Parmi eux, une bande dessinée des auteur et dessinateur Hervé Bourhis et Christian Cailleaux. Ce deuxième tome retrace la jeunesse de l’homme de lettres à travers ses rencontres avec ceux que l’on appellera les Surréalistes.
Reportage : France 3 Paris Île-de-France - J. Desjacques / P. Tribo / G. Courtois / S. Sonder
Né en 1900, c’est au retour de son service militaire en 1922 que Jacques Prévert s’installe à Paris chez son ami Marcel Duhamel, éditeur. "C’est les années 20 à Paris, l’entre-deux guerres. Il a évité les tranchées, la guerre vient de se terminer, ça va être les années folles, et lui il est dans le Paris de ces moments-là", raconte Christian Cailleaux, illustrateur de la bande dessinée "Jacques Prévert n’est pas un poète" (parue en janvier 2017 aux Editions Dupuis). A la capitale, Jacques Prévert rencontre Raymond Queneau, Louis Aragon ou encore André Breton. Le jeune poète séduit par ses traits d’esprit et s’inscrit très vite dans la mouvance du Surréalisme en proposant notamment le terme de "cadavre exquis" pour le célèbre jeu dont raffolent les Surréalistes. "C’est là que Jacques Prévert habitait avec ses amis, rue du Château, à côté de Montparnasse, à partir de 1925, avant même qu’il n’écrive, avant même qu’il soit le poète qu’on connaît. Et c’est ici qu’on eut lieu pas mal de réunions surréalistes, c’est ici que Jacques Prévert a créé les cadavres exquis", comme le rappelle Hervé Bourhis, le scénariste de la bande dessinée "Jacques Prévert n’est pas un poète".
Un homme indépendant
Cependant trop friand de liberté, Jacques Prévert se détache du mouvement en 1930 et rejoint en 1932 la troupe "Groupe Octobre" où il écrit des textes contestataires. C’est en 1946 qu’il publie son célèbre recueil "Paroles", dans lequel sont réunis la plupart de ses poèmes, d’abord publiés de manière éparse dans des revues littéraires. Il s’intéresse alors aux scenarios et signe notamment le célèbre "Quai des brumes", sorti en 1938, adapté du roman du même titre de Pierre McOrlan. L’homme de lettres décède des suites d’un cancer des poumons alors qu’il n’a que 77 ans.Christian Cailleaux, illustrateur et Hervé Bourhis, scénariste n’en sont pas à leur première collaboration. En septembre 2014 ils publient "Piscine Molitor", aux Editions Dupuis. Dans cet album ils reconstituent les derniers jours de l’inventeur-écrivain-jazzman aux mille facettes qu’était Boris Vian. La même année, ils se penchent déjà sur Jacques Prévert en proposant un album qui évoque la jeunesse du poète.
"On sait qu’il était très bavard, qu’il pratiquait l’art du jeu de mot."
Avec cette bande dessinée, on redécouvre au travers de 232 planches, le destin d’un homme qui aime jouer avec les mots. Hervé Bourhis en rit : "C’était un proto-slam en fait. Il a inventé le slam, mais il n’y a pas de trace écrite, il fallait réinventer ça pour la bande dessinée."Ils ont eu accès aux archives de la famille Prévert, et c’est grâce à un considérable travail de documentation que Christian Cailleaux et Hervé Bourhis ont pu proposer une œuvre qui soit si juste et touchante. "En même temps la bande dessinée s’y prête bien : elle est pleine de dialogues, de vie, d’ellipses, et Hervé a relevé le pari de trouver cette langue de Prévert, cette langue débridée qui le faisait animateur des soirées à Montparnasse où il fascinait André Breton et toute la bande des surréalistes, simplement en parlant, sans rien produire. A ce moment-là il n’écrit pas encore", explique Christian Cailleaux. Plus qu’une biographie, la bande dessinée offre légion de détails qui rendent hommage à ce génie des mots qu’est Prévert, de manière singulière et touchante.
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