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Tintin : un sculpteur poursuivi par les héritiers d'Hergé, condamné pour "contrefaçon"

Le tribunal de Marseille a déterminé jeudi 17 juin que les bustes de Tintin réalisés par le plasticien Christophe Tixier, alias Peppone, relevaient de la "contrefaçon". 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le plasticien Christophe Tixier, alias "Peppone", pose avec une sculpture de Tintin, le 13 avril 2021 (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Et si Hergé n'était pas le créateur de Tintin ? L'argument était osé mais n'a pas suffi à convaincre le tribunal de Marseille, qui a condamné le 17 juin un sculpteur à verser plus de 100.000 euros de dommages et intérêts à la SA Moulinsart pour "contrefaçon". "Le personnage de Tintin, créé par Hergé (...) est une oeuvre originale au sens du code de la propriété intellectuelle", écrit le tribunal dans sa décision consultée par l'AFP.

Instiller le doute sur la paternité de Tintin

Le plasticien Christophe Tixier, alias Peppone, a été condamné, avec la galerie qui exposait ses bustes représentant Tintin, à payer entre autres à la société Moulinsart la somme de 114.157 euros de dommages et intérêts. Il a indiqué par la voix de son avocate Me Delphine Cô qu'il ferait appel de ce jugement. La décision leur interdit également de commercialiser les oeuvres.

M. Tixier était poursuivi au civil par la société Moulinsart, gérante de l'oeuvre d'Hergé, pour avoir réalisé et vendu des bustes en résine de l'intrépide journaliste à la houppette blonde, recouverts de planches des bandes dessinées. La société lui réclamait 200.000 euros de dommages et intérêts et la restitution des sculptures.

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A l'audience le 15 avril, les avocates de l'artiste, installé à Aix-en-Provence, avaient tenté d'instiller le doute sur la paternité de Tintin. Delphine Cô et Kamila Crisan avaient produit des dessins de l'illustrateur Benjamin Rabier qui, dans un album de 1898, racontait les histoires de "Tintin-Lutin", un personnage vêtu d'un pantalon de golf et d'une houppette.

"Le personnage de Benjamin Rabier montre que le personnage de Tintin, créé par Hergé, ne s'en inspire en aucune façon (...) Aucune indication n'est donnée sur le caractère, le comportement et le contexte dans lequel Benjamin Rabier a fait évoluer son personnage, de sorte que la comparaison avec le personnage de Tintin créé par Hergé est totalement dénuée de pertinence", a tranché le tribunal.

Outre la réalisation de ces quelque 90 bustes, la société reprochait également à Peppone une sculpture de la fusée rouge et blanche de l'album "Objectif Lune". 

Des droits jalousement protégés 

"Quand on est artiste, on passe son temps à s'inspirer des uns des autres", s'était défendu Christophe Tixier, en déplorant auprès de l'AFP "l'acharnement" de la société Moulinsart, qui avait été déboutée d'une précédente action devant le tribunal correctionnel en mai 2018. L'avocat de la SA Moulinsart, Antoine Jacquemart, avait de son côté accusé la partie adverse de confondre "originalité et nouveauté".

La veuve du dessinateur belge Fanny Vlamynck, légataire universelle d'Hergé depuis sa mort en 1983, et la SA Moulinsart, dirigée par son second époux Nick Rodwell, sont connus pour protéger jalousement ses droits d'auteur. Le 10 mai, le tribunal de Rennes avait pourtant débouté la société Moulinsart, qui poursuivait le peintre Xavier Marabout, dont les oeuvres mêlent les univers de Tintin et d'Edward Hopper. Il avait reconnu dans son délibéré "l'exception de parodie" et "l'intention humoristique".

En revanche, en mai 2019, le dessinateur Pascal Somon avait été condamné à 10 mois d'emprisonnement avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve, pour avoir contrefait des oeuvres d'Hergé. Il avait aussi été contraint de verser 32.000 euros de dommages et intérêts à la société belge et à Fanny Vlamynck.

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