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La justice reconnaît "l'exception de parodie" du peintre breton Xavier Marabout fusionnant l'univers de Tintin avec Hopper

La chambre civile du tribunal judiciaire de Rennes a reconnu "l'exception de parodie" et "l'intention humoristique" du peintre breton Xavier Marabout, poursuivi par la société Moulinsart pour contrefaçon et atteinte au droit moral d'Hergé 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'artiste peintre Xavier Marabout dans son atelier d'Auray, devant des oeuvres de série Hergé-Hopper, en mai 2021. (MATHIEU PELICART / MAXPPP)

Le tribunal de Rennes a débouté lundi 10 mail la société Moulinsart qui poursuivait, pour contrefaçon et atteinte au droit moral d'Hergé, Xavier Marabout, un peintre breton dont les oeuvres mêlent l'univers de Tintin et d'Edward Hopper. 

"Il n'y a aucun risque de confusion entre Marabout et Hergé"

Dans son délibéré, la chambre civile du tribunal judiciaire a reconnu "l'exception de parodie" et "l'intention humoristique" du peintre Xavier Marabout. "L'effet est constitué par l'incongruité de la situation au regard de la sobriété suivie de la tristesse habituelle des oeuvres de Hopper et de l'absence de présence féminine aux côtés de Tintin", estime le tribunal. "Cet effet invite le spectateur à imaginer une suite", souligne le tribunal qui estime en outre que "M. Marabout sort de la critique, qu'il n'y a aucun risque de confusion entre Marabout et Hergé".

La chambre civile souligne en outre que Moulinsart S.A. "a dénigré" M. Marabout en écrivant à des galeries qui présentaient les oeuvres de ce dernier et en indiquant que ses oeuvres étaient contrefaisantes. "Le tribunal a estimé que c'est un dénigrement et a ajouté 10.000 euros de dommages et intérêts pour M. Marabout et 20.000 euros de frais d'avocat", a précisé Me Bertrand Emereux, conseil de l'artiste, qui s'est félicité d'une "excellente décision".

Selon l'avocat, la société Moulinsart, qui gère les droits sur l'oeuvre d'Hergé, réclamait entre 10.000 et 15.000 euros en dommages et intérêts, les ayants droit demandant surtout "l'arrêt de parodier Tintin". Contacté par l'AFP, l'avocat de la société mandaté par la société Moulinsart n'était pas joignable dans l'immédiat.

"L'art de la parodie a été inventé par les Grecs il y a 2.000 ans"

Dans la vingtaine de toiles de sa série Tintin/Hopper qui s'est "très bien vendue" d'après l'artiste, on découvre le journaliste à la houppette représenté dans des célébrissimes toiles d'Edward Hopper, dans un univers très sexualisé.

Joint par l'AFP, Xavier Marabout, 53 ans, installé à Auray (Morbihan), s'est réjouit du jugement. "Au fond de moi-même c'est ce que j'espérais (...) Aujourd'hui le tribunal reconnaît la liberté d'expression et l'attitude de dénigrement, c'est une victoire sur toute la ligne". "L'art de la parodie a été inventé par les Grecs il y a 2.000 ans, je suis reconnu dans ce travail d'artiste", a ajouté Xavier Marabout. "Cela veut dire que je ne me suis pas trompé, j'ai juste le sentiment que justice a été rendue", a souligné le peintre.

Une autre décision de justice attendue le 17 juin 

Un autre artiste français, Christophe Tixier, alias Peppone, qui a sculpté des bustes inspirés de l'intrépide journaliste, est poursuivi pour contrefaçon par Moulinsart. La décision du tribunal civil de Marseille sera connue le 17 juin.

L'artiste Christophe Tixier, alias Peppone, pose à côté d'une de ses oeuvres à La Roque d'Antheron, le 13 avril 2021. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

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